La lectrice en mouvement
Qui la regarde a l’impression que la lectrice d’Yves Blin est assise sur quelque chose de tout à fait instable. Qui la regarde ne voit que ça, cette boule prête à rouler et à l’emporter dans sa course. Qui la regarde ne voit pas que la lectrice est depuis si longtemps assise sur sa boule qu’elle peut bouger avec elle sans atteindre le précipice. Que le sentiment de mouvement sous elle a quelque chose de sécurisant.
Qui la regarde tremble un peu pour elle. Qui la regarde et qui ne sait pas ce que c’est que d’être en perpétuelle mutation ne sent pas à quel point la boule et lectrice vivent une symbiose si grande que l’une ne roule pas sans l’autre. Qui la regarde ne peut imaginer une destinée autre que catastrophique. Et pourtant. La lectrice sur sa boule sait où elle va. La lectrice sur sa boule va où son cœur va. Nulle part ailleurs. Et c’est la seule chose qui lui importe.
La lectrice en mouvement sur sa boule n’a pas peur. Elle seule connaît le chemin qu’elle doit prendre. Elle ne tombera jamais dans le précipice puisque ses amis sont là, ses livres aussi. Son coeur lui indique la bonne route à prendre et elle peut donc rester des heures assise sur sa boule, devenue amie, à lire et à rêver.
Comment by Denise Rossetti — 14 novembre 2007 @ 14:42