Les vers de Nikolai 2
Nous ne sommes même pas au monde mais
Quelque part dans la sordide arrière-cour du monde,
Lourd d’indolence, l’été feuillette
Les pages bleues des jours de clarté.
Consciencieusement et fruste, la pendule,
Fiancée secrète mais invincible du temps,
Saisit les secondes qui conspirent
Et leur tranche joliment la tête.
Ici, chaque route est si poussiéreuse,
Chaque buisson si obstiné contre la sécheresse
Qu’aucun blanc séraphin ne viendra à nous,
Menant par la bride une licorne.
Et seul ton chagrin caché, mon aimée,
M’est un opium de feu qui peut enrayer
La malédiction de cet endroit perdu
Comme la brise d’un lointain pays.
Là où tout est lumière et mouvement,
Où tout est chant, c’est là qu’est notre vie.
Il n’y a ici, dans cette citerne d’eau croupie,
Que notre reflet emprisonné.
Nikolai Goumelev, Poèmes
*choix de la lectrice signée Herbert Muckenschnabl