À quoi rêverons-nous aux premiers sursauts de l’aube?
C’est ce que à quoi tente (peut-être) de répondre l’artiste multidisciplinaire Rosalie Trudel avec L’ondée, un recueil où récit et poèmes se répondent dans un long regard sur le temps qui passe et les petits détails qui lui donnent tout son poids.
goutte à goutte
je compte en mots mes pensées
écrit Rosalie Trudel, alors qu’autour d’elle se déploient les couleurs et les odeurs de la nature, autant de présences pour affirmer que
ce n’est rien
presque rien
le musc peut-être
ou l’air trop froid
une erreur dans la chanson
mon âme dévêtue
qui roule
en
bas
L’ondée, où
entre tes jointures
s’efface le bruit
de nos élans
tes paysages
me raccompagnent,
révèle une poète talentueuse sachant utiliser le pouvoir évocateur des mots et les images qu’ils suscitent afin de créer un lieu, une espèce de chambre à soi au cœur du paysage où pluie, cours d’eau et larmes forment un tout, une ondée qui purifie tout sur son passage, malgré la tristesse avec laquelle il faut composer pour atteindre la paix.
Celle qui a connu une carrière de danseuse avant de se consacrer à la littérature et dont on peut découvrir la grâce dans plusieurs toiles de l’artiste Danielle Richard, dont l’une est devenue la couverture d’un livre, a reçu en 2012 le prix de poésie Rolande-Gauvin pour L’ondée.
Nul doute qu’elle n’en restera pas là. Du moins, souhaitons-le. Rosalie Trudel porte déjà en elle ce souffle qui « fait » les poètes, une façon de s’approprier les mots bien à elle, comme elle l’a déjà fait d’une scène, sans peur, avec le cœur qui bat très vite et les yeux brillants.
Et si derrière tout cela, une étoile s’allumait dans chaque paume?
Elle s’appellerait Rosalie.
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