à la dérive des continents
comme à ces îles flottantes
j’oppose le fixe de mon regard
de l’amont je ne sais rien
sauf ce qu’en disent les courants
circulant le long des pentes
car seul l’état de chute
suscite des raisons de résister
mais à quoi donc
l’immobilité me protège pour un temps
qui indûment se prolonge
Marcel Bélanger, L’espace de la disparition
*choix de la lectrice de Laurie Adams
En général, je n’aime pas beaucoup les albums enregistrés devant public. Mais l’album du guitariste portugais Custódio Castelo et de la fadiste Margarida Guerreiro, Encores Fado, est si agréable, si bien enregistré, si intime qu’on a l’impression, si on ferme les yeux, de se trouver dans un des nombreux lieux de Lisbonne où le fado est à l’affiche.
Puisse la chanson Fado Chora-Se Bem vous plaire autant qu’elle m’a plu.
Je sais que parfois il n’y a pas d’autre solution. Qu’il faut les abattre parce que leurs racines détruisent les fondations ou les égouts. Que les dégâts qu’ils provoquent ne se réparent pas en claquant des doigts.
Mais il y a toujours beaucoup de tristesse en moi à les voir ainsi en morceaux dans une allée voisine alors qu’il y a quelques jours on profitait encore de leur ombre.
Il faut croire que les écrivains fascinent. Même ceux qu’on n’a pas lus. C’est la littérature qui séduit, la rumeur, le soufre, la figure dans sa légende. (Jacques Chessex)
*toile de Richard Munsell
