Les vers de Louise Labé 8
La lectrice du peintre danois Michael Peter Ancher s’est assise en compagnie des vers de Louise Labé et seul le bruit des pages qu’on tourne est venu troubler le silence pendant les longues heures où elle est allée de poème en poème avant de s’arrêter sur celui-ci :
Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté,
Petits jardins pleins de fleurs amoureuses
Où sont d’Amour les flèches dangereuses,
Tant à vous voir mon œil s’est arrêté!
Ô cœur félon, ô rude cruauté,
Tant tu me tiens de façons rigoureuses,
Tant j’ai coulé de larmes langoureuses,
Sentant l’ardeur de mon cœur tourmenté!
Doncques, mes yeux, tant de plaisir avez,
Tant de bons tours par ces yeux recevez;
Mais toi, mon cœur, plus les vois s’y complaire.
Plus tu languis, plus en as de souci,
Or devinez si je suis aise aussi,
Sentant mon œil être à mon cœur contraire.