
Il y a parfois des livres qu’on a le regret d’abandonner tant l’histoire autant que l’univers dans lequel celle-ci baigne nous séduit. Tel est le cas de Baisers de cinéma d’Éric Fottorino, que j’ai tantôt dévoré tantôt savouré, tant pour la quête du narrateur à la recherche de sa mère dont son père lui a peu dit — sinon qu’il devait sa naissance à un baiser de cinéma — que pour l’histoire d’amour qui tisse le roman.
Qui aime le cinéma, et particulièrement celui de la nouvelle vague, ne pourra qu’être envoûté par l’univers dans lequel baigne le narrateur. Un univers de lumière, le père étant éclairagiste de cinéma. Un univers de couleurs aussi, comme le prouve cet extrait :
« Elle n’appela pas de toute la semaine. Son parfum persistait à la surface de mon lit, et il y avait cette épingle à cheveux, ma pièce à conviction. Mayliss m’avait prévenu en partant : je marcherai dans tes rêves et ils seront très bleus. Elle m’avait récité la liste des bleus qu’elle connaissait, le bleu alcyon, le bleu de toluidine, le bleu azur, le bleu de coloriage, le bleu nuit. Il aurait fallu inventer le bleu Mayliss, un bleu tendre et douloureux à la fois. Mais je ne rêvais pas. Du moins mes rêves ne laissaient-ils aucune trace au réveil. »
Baisers de cinéma, pour les amoureux de Truffaut et de Rohmer, et de toutes ces actrices qui ont fait la nouvelle vague et dont les seuls prénoms suffisent à nous faire rêver. Encore et toujours. Pour ceux qui aiment les vrais livres, ceux écrits avec la plume de la passion.