Un luxe
Un quart de siècle de vie de libraire ne m’a pas habituée à ce luxe de me soigner quand je suis malade, parce que je n’en avais pas les moyens. Quand seules les heures travaillées sont payées et que les congés de maladie n’existent pas, on ne se demande pas si on a trop de fièvre pour aller travailler. On ne se demande pas si ça va aggraver la situation. On y va et c’est tout, quitte à tousser toute la journée. Parce qu’on n’a pas le choix.
Or, il y a quatre ans, quand je cherchais du travail après qu’on ait coupé mon poste à la librairie parce qu’elle allait fermer et que j’avais pu prendre le temps de soigner le rhume du moment comme il se doit, en restant au lit, notamment, je me suis dit que peu importe ce que me réserverait l’avenir, je n’irais plus dans l’avenir travailler « malade comme un chien ».
Or, la vie m’a choyée. Je peux, et c’est ce que je fais depuis mercredi après-midi, éliminer mes microbes au chaud et même lire ou écouter de la musique quand je ne dors pas… ou que je ne tousse pas! En moi tout de même l’idée que c’est là un luxe, alors que la plupart des gens vous diront que c’est normal de prendre le temps de se remettre sur pied.
*toile de Josep de Togores i Llach