Lali

17 décembre 2012

Sauver Mozart

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:27

Avec Sauver Mozart, Raphaël Jérusalmy, libraire à Tel-Aviv, revisite avec brio l’Histoire en mettant en scène des personnages réels et fictifs.

C’est entre juillet 1939 et août 1940 que l’Autrichien Otto Steiner, le héros de Sauver Mozart, consigne tout ce qui lui passe par la tête — alors que ses moyens sont réduits au minimum puisqu’il se trouve dans un sanatorium — dans un journal qu’il tient de façon assez régulière. Lui qui a été un célèbre critique musical ne peut que constater, devant la montée grandissante du nazisme, l’effondrement du monde en général et de son propre univers.

L’homme, tuberculeux, a presque tout laissé derrière lui, sauf quelques disques auxquels il s’accroche, bien conscient que ses jours sont comptés. Mais il tient bon. La musique a besoin de lui. Une dernière fois. Il s’appliquera donc à aider de son mieux son ami Hans dans la préparation d’un concert au sein duquel les nazis s’immiscent un peu trop à son goût, ce qui lui donne l’idée d’assassiner Hitler. Une tentative qui échouera, mais qui se révèle un joli clin d’œil.

Sauver Mozart n’est pas à proprement parler un roman sur le nazisme, pas plus qu’il n’est un roman sur la musique, même si ces deux thèmes y sont abordés. Ce n’est pas plus un roman sur la mort bien que celle-ci soit présente en continu au fil des pages alors qu’elle fauche ceux que le vieil homme côtoie, ni sur la déchéance et la dépendance physiques.

Sauver Mozart se situe en marge des genres, aux confins des normes préétablies auxquelles on fait référence pour assurer les démarcations. Sauver Mozart est un roman sur l’être humain, sur ce qui le tient en vie autant que sur ce qui l’écrase.

En adoptant le journal intime pour illustrer les propos de celui qui ne peut que constater, alors qu’il a la plupart du temps pieds et poings liés, Raphaël Jérusalmy a choisi la forme qui lui donnait le plus de liberté pour construire, déconstruire et reconstruire l’Histoire. Sont mis en lumière quelques travers bien humains propres à toutes les époques, notamment l’appât du gain, ainsi que des gestes de générosité et de grandeur, à un moment où ces derniers étaient loin de faire légion.

Le premier roman de Raphael Jérusalmy est une belle réussite tant au plan de sa construction que de son écriture limpide et sobre. Un auteur à suivre.

Texte publié dans

Titre pour le Défi Premier Roman

et pour le Challenge Des mots et des notes challenge-des-notes-et-des-mots-4.jpg

Un commentaire »

  1. Je n’en entends dire que du bien ! J’espère ne pas le laisser trop longtemps dans ma PAL !

    Comment by Anne — 18 décembre 2012 @ 11:43

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