Blueberry Hill
*pour la pianiste de Daniel Plante
C’est le 16 décembre 1944 que disparaissait le tromboniste et chef d’orchestre Glenn MIller, ce qui a donné l’idée aux personnages de Willem Haenraets de réunir quelques musiciens (avec partition, bien entendu, pour que la lecture, le thème de prédilection du pays de Lali, soit présente) afin de nous faire entendre quelques-uns des titres de ce musicien qui était et demeure une inspiration.
Et pour bien commencer cette journée, l’incontournable Chattanooga Choo Choo.
ce n’est ni le jour ni la nuit
quand la lumière de midi fabrique des ombres
que l’heure de rentrer n’étire pas
quand le désir s’accommode de remises
à plus tard
quand le sommeil n’endort que le regret
de ne pas faire autrement
ce n’est que la cadence de l’ennui
la revanche qui prend le temps d’après
sur le temps d’aimer
Luc LaRochelle, Ni le jour ni la nuit
*choix de la lectrice de Christoffel Bisschop
Dès les premiers chapitres, voire même les premiers paragraphes, je me suis demandée sur quel bateau je m’étais embarquée en choisissant de lire Un coin de paradis. Pourtant, le titre gnangnan aurait dû m’éclairer et me pousser à prendre le large. Mais il faut croire que ma curiosité a été plus grande que tous les a priori puisque j’ai, grâce à de nombreuses tasses de café, tenu le coup jusqu’à la dernière ligne du premier et insipide roman de Caroline Héroux.
Un coin de paradis, c’est plutôt une incursion en enfer, même si une grande partie du livre se passe à Eden, au Québec, dans une ville de 80 000 âmes, où il y a même des gratte-ciel de plus de 30 étages. Il faut dire que l’auteure a longtemps vécu à Los Angeles, ce qui explique peut-être pourquoi les hauteurs ne lui font pas peur, pas plus que les invraisemblances, les anglicismes, les problèmes de dates, les erreurs de calcul et autres maladresses.
Le fait que Caroline Héroux ait vécu en Californie nombre d’années et qu’elle maîtrise plus l’anglais que le français — elle a d’ailleurs écrit le roman en anglais avant de l’écrire à nouveau en français en conservant les noms anglais des personnages— n’excuse pas le résultat. « Amoureuse avec » ne se dit pas en français. Pas plus que « la grosseur des sundaes y plut énormément » ou « remettre un clin d’œil ». De plus, comment un enfant qui avait six ou sept ans il y a une quarantaine d’années peut en avoir 32 ou 33 aujourd’hui? Il est vrai que dans le même livre on apprendra que 17=6=22.
Pourtant, je suis certaine que l’auteure voulait écrire une jolie histoire. Elle avait même mis le paquet : deux petites filles, une mère battue à mort par le père, lesquelles réussissent à s’en sortir. Vivianne, la benjamine fait même des études de premier cycle en droit à Harvard, chose plutôt rare. Mais c’était trop beau. La mort va encore frapper, emportant cette fois-ci l’aînée des deux sœurs et le mari de cette dernière, laissant derrière eux un petit garçon dont Vivianne, la marraine, va choisir de s’occuper au détriment de sa propre vie. Mais n’ayez crainte, même si elle abandonne ses brillantes études et si elle travaille au salaire minimum dans une pâtisserie, elle vaincra tous les obstacles. Elle rencontrera même l’homme parfait à « l’haleine parfaite », détail mentionné deux fois plutôt qu’une.
Un coin de paradis a tout des téléséries présentées aux États-Unis l’après-midi, ce qui ne constitue pas un critère de qualité, loin de là, mais aide à déterminer à qui s’adresse ce roman. Or, le fait de le savoir n’excuse pas le travail d’édition bâclé, le peu de substance du roman et l’absence de style.
Titre pour le Défi Premier Roman
Qui a concocté la vitrine de cette boutique de chaussures de la rue Sainte-Catherine a eu une idée en or. Une couronne dorée composée de chaussures attire bien évidemment le regard de tous et suscite admiration et enthousiasme!
Vous aimez le fudge? Les macarons? Le chocolat? Précipitez-vous chez Briimstone Chocolates & Fudge. Patricia vous attend avec le sourire et les yeux pétillants dans cette caverne d’Ali Baba dont chaque recoin révèle un nouveau trésor, comme le prouvent ces quelques photos. Fudge praliné ou à la menthe, pour n’en nommer que deux, chocolat à la lavande, macarons au caramel à la fleur de sel, guimauves enrobées de chocolat en bouchées et en sucettes, tartes, chocolat chaud, meringues miniatures. Plaisir des yeux sur place. Plaisir des papilles quand vous rentrerez à la maison.
Dilemme maintenant: par quoi commencer?
Voyelle
nom composé
de deux syllabes accoudées à ta nuit
Consonne
adjectif qualificatif
du printemps
en marge de tes mains
Voyelle
verbe sensitif s’entrelaçant
dans les onomatopées de ton cou
Consonne
mot mis en apposition sur mon être
exposé à la brûlure de tes lèvres
Symphonies
le blues de tes yeux fredonne
la seule ballade
adossée au temps
que tant est ta musique
Que de délices ont poussé
au jardin de l’enfant
à l’aurore d’un baiser
Franz Benjamin, Dits d’errance
*choix de la lectrice de John Singer Sargent
Si vous n’avez rien inscrit à votre agenda demain après-midi et si vous êtes à Montréal, ou à proximité, ne ratez pas le dernier des cinq concerts de l’Orchestre de chambre I Musici à la Salle Tudor. Le chef en résidence Jean-Michel Malouf dirige en cette saison froide des pièces empreintes de chaleur et de sensualité qui vous donneront envie de danser et qui révèlent la grande énergie de ce jeune chef, visiblement séduit par le programme et par l’orchestre qui l’a suivi avec enthousiasme pour ce Cocktail latino des plus enlevants.
Le compositeur et bandonéoniste Denis Plante et le guitariste David Jacques, deux des trois comparses de Tango Boréal, mêlaient leurs instruments aux cordes d’I Musici pour la première fois, pour le plus grand plaisir des mélomanes réunis ce matin autour d’un programme bien loin de ce à quoi on les a habitués, pour la deuxième fois en quelques semaines. L’orchestre avait en effet proposé, avec La harpe française, en octobre dernier, une conversation poétique entre les musiciens et le comédien Pierre Lebeau, qui se démarquait de son répertoire.
Cocktail latino vous emballera. J’en suis certaine. Peut-être même que, tout comme moi, vous ne repartirez pas les mains vides. Voici, donc, deux pièces tirées de l’album éponyme de Tango Boréal, Pampa Blues et Jardin d’hiver.