Ce que mots vous inspirent 831
Le plus difficile au monde est de dire en y pensant ce que tout le monde dit sans y penser. (Alain)
*illustration d’Inslee Haynes
Le plus difficile au monde est de dire en y pensant ce que tout le monde dit sans y penser. (Alain)
*illustration d’Inslee Haynes
Mon pays est une musique
Mon pays est une musique que j’entends quand je n’entends plus rien.
Mon pays est une couleur où plonger est mon bonheur.
Mon pays est une musique qu’un enfant a jadis cachée dans une conque.
Mon pays est une conque. Y habite une huître dont le destin est un métier.
Mon pays est une musique. Tu l’écoutes quand je l’entends la mer vient.
Mon pays est un nombre. Dix couteaux impitoyables dans mon cœur consentant.
Mon pays est une musique. Dieu lui-même n’empêchera mon cadavre de l’écouter.
Mon pays est un nom. Le seul lieu que j’aime parce que je t’adore.
Mon pays est une musique. Ce son à nul autre pareil je le veux perpétuer.
Mon pays est un prénom qui m’empêche de mourir. Le tien, ô rose de mon sang!
Mario Fonseca (né en 1939, Cap-Vert)
(Poésie d’Afrique au sud du Sahara)
*choix de la lectrice d’Allan Ramsay
Certains livres sont si beaux tant par l’histoire qu’ils racontent que par la qualité de leurs illustrations qu’on pourrait rester des heures à admirer chacune des images, à lire et relire chacune des phrases. Tel est le cas du très bel album signé Benjamin Lacombe, Les amants papillons.
Le personnage de Naoko, jeune Japonaise de 14 ans qu’on envoie apprendre les bonnes manières loin de chez elle afin de faire d’elle une bonne épouse plus tard et qui choisit de vivre en garçon pour étudier des choses qui l’intéressent bien davantage, comme la littérature et les mathématiques, n’est pas sans rappeler Yentl d’Isaac Bashevis Singer. Tout comme la suite de l’histoire, sa rencontre avec Kamo et la mort de celui-ci, n’est pas très éloignée du classique shakespearien Roméo et Juliette.
Or, même si Benjamin Lacombe connaît ses classiques, il n’est pas tout de les connaître. Benjamin Lacombe sait les utiliser, les entremêler, leur proposer un nouveau visage tant par les mots que par les illustrations. Et pour ces raisons, il nous livre avec Les amants papillons un conte magique. Rien de moins.
Petites et grandes mains ne se lasseront pas de cet album.
Ce n’est pas le changement d’année qui va me transformer en une autre Lali. Nenni. 2013 sera donc une année où je continuerai à partager avec vous mes trouvailles. Et pour commencer cette année, je vous présente quelques scènes livresques signées Harry Boudchicha. La suite est ici.
Les souvenirs ne se déroulent pas en fonction du temps, ils s’en détachent. (E. L. Doctorow)
*toile de Gregg Chadwick
Parfois, et particulièrement ce matin, puisque les vacances sont finies, j’aimerais bien être un ours polaire. Mais pas n’importe lequel. Je serais Plume, l’ours imaginé par le Néerlandais Hans de Beer, dont les aventures ont fait le tour du monde. Je me cacherais dans mon igloo pour l’hiver. Et je ne dirais à personne que les murs ne sont pas faits de morceaux de glace mais de livres. Ni que je ne compte pas dormir tout le temps.
Oui, parfois, je voudrais être un ours polaire.
La source tarie
Je n’ai plus rien à chanter
Il ne me reste rien à danser
Mes émois mes sarcasmes d’enfant
Mes peines mes larmes refoulées
Mes lumières mes orages fulgurants
Ma hargne mes faiblesses bâillonnées
Mes angoisses mes temps forts
Le temps de mes refus d’homme
La densité de mes retours pantelants
Vous avez tout dit poètes inspirés
Je n’ai plus rien à chanter moi
Vous avez dit tout tout dit tout
Il ne me reste rien à danser
Mes contes mes légendes
Les mystères de Casamance
Les fauves de ma savane
Mes fleuves les brumes mes soleils
Les feux de brousse nos antres tutélaires
Tout tout dit
Je n’ai plus rien à chanter
Il ne me reste rien à danser
je vous tends les bras le cœur
Et ma muse fervente
Confondus dans vos chants
D’avant l’aurore.
Malick Fall (Sénégal, 1920-1978)
(Poésie d’Afrique au sud du Sahara)
*choix de la lectrice d’Andrea Appiani
Fleurs et fruits, bouches et baisers.
Solitaire, à la recherche de la liberté et de la folie.
Sarcophages et asiles sont des murs
où l’âme se surprend
et surprend objets et animaux.
En chacun de nous, l’art est feu.
Des fantaisies, des alchimies, des géométries
renaissent par milliers
dans la solitude.
La lumière explose dans l’exactitude du mot
qui se libère, qui fuit. Voluptueux, il se replie,
fasciné par l’avidité de celui qui lit.
Virgilio de Lemos (né en 1929, Mozambique)
(Poésie d’Afrique au sud du Sahara)
*choix de la lectrice de Maurice Millière
Tout doucement, 2012 s’éteint ici alors qu’ailleurs la nouvelle année est déjà entamée.
Puisse 2013 vous laisser le temps de regarder, de goûter, d’écouter, de sentir et de toucher.