Les vacances de l’éditeur
Il n’avait apporté qu’un seul livre. Pas deux, pas trois, même si son séjour là-bas allait s’étendre sur trois semaines. Un livre, un seul. Un livre qu’il n’était pas obligé de lire. Un livre qu’il lirait par curiosité, dans sa facture définitive.
Un livre qu’il n’aurait pas à commenter, dont il n’annoterait pas les passages trop flous, ni les phrases à la stylistique défaillante. Un livre qui aurait une reliure et un quatrième de couverture qu’il n’aurait pas eu à écrire pour appâter le lecteur.
Un livre qui n’était plus en construction et dont le sort ne dépendait pas du travail qu’il aurait fait ou pas dessus. Un livre édité ailleurs que chez lui. Un livre qu’il avait refusé de publier et que la critique avait considéré comme un des plus mauvais de la saison.
Un livre qu’il lirait en souriant. Parce qu’il avait vu juste.
*sur une toile de Trish Nickell