Lali

6 avril 2008

En vos mots 52

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

curanaj

La lectrice de Tony Curanaj semble bien rêveuse. Qu’a-t-on pu lui écrire qui la laisse aussi songeuse? Une déclaration d’amour? À vous de décider, puisque la toile est à vous pour une semaine, comme chaque dimanche. Pour que vous nous la racontiez en vos mots.

Mais peut-être qu’au lieu de décrire la scène aurez-vous la tentation de vous glisser dans la peau du correspondant ou de la correspondante de notre lectrice en écrivant pour nous la lettre qu’elle tient à la main? Pourquoi pas?

Nous aurons la surpise dimanche prochain à l’heure où seront validés les commentaires. Comme le veut ce rituel dominical auquel certains ont pris goût tandis que d’autres s’y plient de temps en temps. Pour que l’art ne soit pas figé, mais vivant. Et source d’inspiration.

4 commentaires »

  1. LE DIVAN

    Qui aurait dit qu’un jour on draperait de rubis
    Mon corps tout en soie d’un jacquard vert et or?
    Mais qui aurait pensé qu’elle s’étendrait ainsi
    Rêvasseuse et transie semblant perdre le nord!

    Il fallait bien qu’un peintre contrastant les couleurs
    La baigne toute blanche empourprée par l’amour
    Déclaré noir sur blanc sur un billet trompeur,
    Car faut-il préciser que c’est une fausse cour!

    Une mise en scène fortuite juste pour la beauté;
    Mais qui me donne à vivre un bien joli moment.
    La sentant alanguie sur mon bras rembourré
    J’accepte avec plaisir ma fonction de divan.

    Flairjoy

    Comment by Flairjoy — 6 avril 2008 @ 15:19

  2. Il y aurait donc ainsi un lourd secret de famille. Un secret de famille tellement inavouable qu’on oserait à peine l’effleurer du bout du silence de peur qu’il
    eréveille une souffrance aussi pesante que toutes ces années d’absence, dont personne ne prenait le temps de parler.

    Elle venait enfin de lire la lettre qui était là, devant ses yeux, depuis un mois, et qu’elle regardait tous les jours avec fascination et méfiance, et qu’elle redoutait tant. Elle s’était aperçue que la lecture de cette venait confirmer ses craintes. Pas comme elle les avait pensées, mais de nouvelles craintes. Non seulement il n’y avait aucune réponse à toutes ces années de silence, mais la lettre l’éveillait à se poser davantage de questions insoupçonnées jusqu’à alors.

    D’ailleurs attendait-elle des réponses? Ne voulait-elle pas simplement casser le fil invisible qui semblait les séparer chaque jours davantage ?

    Ne voulait-elle pas simplement qu’une raison pour vivre apaisée?… Rien que cela. Sans se poser toujours les mêmes questions, pour arriver toujours aux mêmes larmes.

    Aucune vie n’est à refaire. Ni la sienne et encore moins celle des autres.

    Les choses s’étaient écrites à l’encre indélébile, de la souffrance des autres, il y a longtemps. Il fallait maintenant leur donner un nouveau sens. Quitte à se raconter de nouveaux mensonges, pour réapprendre l’envie d’esquisser des sourires, pour adoucir les traits de son visage.

    L’indice concernant ce lourd secret était aussi inespéré qu’inattendu, voire invraisemblable.

    Elle laissait ses pensées se perdre et fixait ses yeux dans le vide de la pièce pour mieux réfléchir. Elle vacillait entre l’envie profonde de tout savoir, de connaître ce qui avait créé tant de dommages pour le reste de sa vie. Elle voulait tout connaître, comme pour écrire définitivement les pages vides de son histoire.

    Comment by Armando — 11 avril 2008 @ 10:05

  3. Ma chère Carine,

    Cela fait des jours et des jours que je veux t’écrire mais je n’avais pas ton adresse.
    Tu es partie précipitamment, sans un mot, fâchée. Deux ans ont passé. Des jours interminables.

    Il y a quelques temps, j’ai rencontré, par hasard, ton neveu et lui connaissait ton adresse. Il me l’a donnée et je suis bien contente.

    Carine, pendant tous ces mois, j’étais très triste et encore maintenant. J’ai vraiment hâte que tu me répondes. Tu vas le faire, n’est-ce pas ?
    Je sais, nous avons eu une dispute mais après tout ce temps, je ne sais même plus de quoi il s’agissait. Sûrement pour une peccadille. C’est vraiment trop stupide. La vie est trop courte. Il faut absolument que l’on se retrouve. Nous avons tant de choses à nous dire.

    Te rappelles-tu ? Nous partagions tout, ton rire était contagieux. Quelle belle complicité entre nous. Nous pouvions même nous comprendre sans parler.

    De tout mon cœur, j’aimerais retrouver ces jours heureux.

    Qu’as-tu fait pendant tout ces mois ? Es-tu au moins en bonne santé ? Travailles-tu ?

    Oh ! Je t’en prie, réponds-moi. Que de temps perdu…

    J’attends ta réponse avec impatience et sache que tu es toujours dans mon cœur.

    Je t’aime très fort,

    Ta petite sœur chérie, comme tu aimais à le dire.

    Florence

    Carine allongée sur le sofa venait de lire cette lettre. Les mots de sa sœur son arrivés au bon moment. A plusieurs reprises, Carine avait songé à lui écrire mais n’osa pas.
    Florence a raison, en effet. C’est trop stupide. Toutes les deux avons souffert de cette séparation.

    Je vais lui répondre, cela est sûr !

    Comment by Denise — 11 avril 2008 @ 10:45

  4. Elle n’y avait jamais pensé ! Et elle s’en étonnait, tout en se disant intérieurement que… peut-être un jour… quand elle était enfant elle avait imaginé… A moins qu’elle ne se mette à fabuler maintenant qu’elle savait enfin.
    C’était incontestablement pour cette raison qu’elle avait une passion pour le rouge. Non ! pas sur elle. Uniquement dans l’ameublement : des tapis rouges, des murs tendus d’un tissu rouge, des abat-jour rouges parce qu’elle aimait leur lumière chaude. Même la vaisselle était sertie d’un filet carmin. Et chacun savait que le plus beau cadeau qu’on pouvait lui faire au mois de juin était un bouquet de rose rouges du jardin, ou de coquelicots des champs. Elle drapait de plaids écarlates, de châles cramoisis, de jetés de lit rubis ou rouge italien tous les endroits où elle venait s’asseoir. Elle exultait dans cette couleur de feu. Elle avait appelé sa fille Garance. Elle prenait plaisir à faire des natures mortes rouges. Elle ne les peignait pas mais elle les déposait ça et là dans la cuisine ou la salle à manger qui prenaient aussitôt des airs de fête. Elle savait aussi pourquoi elle éprouvait cette joie intense quand elle entrait dans une salle de théâtre et pourquoi les applaudissements la ravissaient au point de l’entraîner dans un autre monde.
    Elle était heureuse et se demandait si cela allait changer sa vie.
    Changer sa vie… peut-être pas, mais lui donner un sens, certainement.
    Elle allait enfin jouer le plus grand rôle de sa carrière ! Celui dont toute actrice rêvait !
    Et déjà, elle entrait en scène.

    Comment by Reine — 12 avril 2008 @ 16:43

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