En vos mots 173
Elle s’est endormie. Tout simplement. Comme ça arrive à nombre d’entre nous quand nous voulons lire une dernière page, puis encore une dernière et une autre dernière…
C’est tout ce qui est « visible » : une lectrice plongée dans le sommeil. L’avant, l’après, la raison, nous ne savons rien de tout cela, nous ne pouvons que les imaginer. C’est donc ce que je vous invite à faire alors que la toile demeurera à votre disposition sept jours. Le temps pour vous d’écrire un texte inspiré par celle-ci puisque ce n’est que dimanche prochain que tous les commentaires seront validés.
À vous donc de nous raconter en vos mots ce que vous inspire la toile du peintre polonais Marek Langowski.
Il y a des gens dont les mots manquent de couleur. De soleil. D’éclat. Même quand ils sont bien, il y a quelque chose dans le timbre de leur voix, comme si une chaîne accrochée à un boulet alourdissait chacun de leurs sourires.
Elle faisait partie de ces gens-là. Ces gens qui ont de la difficulté à trouver ce coin de vie où ils peuvent mener une existence heureuse et paisible en tricotant au fond de leur cœur tous ces souvenirs qui nous chaufferont un jour, quand le grand bateau de la solitude se lancera dans un long voyage.
Est-ce le souvenir de l’enfance?… Cette douleur profonde de se savoir différente ou moins aimée les nuits où la vie titube, en équilibre, sur le fil des nos larmes et où on craint de tomber, tellement on a peur de ne pouvoir plus se relever. Sont-ce les hommes de passage, qui se sont perdus dans des je t’aime inutiles, dont elle n’a que faire et qui n’ont jamais su lui embrasser la peau et lui mettre le corps en feu, jusqu’à qu’elle s’éteigne dans leurs bras.
À vrai dire je n’en sais rien. Je l’écoute. Je la regarde, je lui souris et je me tais.
Et pourtant j’aimerais tant pouvoir lui dire qu’un jour… le grand amour.
J’aimerais tant pouvoir lui dessiner des soleils dans le cœur et lui raconter qu’un jour une princesse a connu le goût sucré de toute chose et qu’elle s’est envolée dans un royaume fait de jardins de roses et de mille tendresses… lui dire qu’un jour le monde ressemblera enfin à ses rêves.
Comment by Armando — 3 août 2010 @ 10:45
AUDACIEUSE LUEUR
Pendant qu’elle dort la flamme veille;
Elle danse sur son socle de cire d’abeille.
Pendant qu’elle rêve, le temps s’écoule;
Il roule le long du cierge qui coule.
Pendant qu’elle sommeille, une lueur glisse
Sur son épaule ambrée jusqu’aux seins qui rougissent.
Flairjoy
Comment by Flairjoy — 3 août 2010 @ 18:33
Je suis là depuis deux semaines maintenant, déjà ou seulement ? Je ne sais plus, j’ai l’impression d’être arrivée en France depuis tellement de temps. J’ai quitté ma famille, do widzenia mes parents. Ils étaient trop âgés pour faire le voyage de la Pologne jusqu’ici. En France, je suis mon rêve, le rêve de mes parents, bonjour la France dzien dobry la France ! Je suis très fatiguée ce soir, j’ai commencé un travail à la blanchisserie Tisserand, je fais du mieux que je peux, je crois que ma patronne est contente de moi. Mais, dès que je parle couramment le français, j’ouvre ma propre boutique. Je sais coudre aussi, je sais faire toutes les retouches, j’ai vu que les parisiennes étaient bien élégantes, j’aimerais faire des robes et des manteaux. Mais en attendant, je lis et relis ce dictionnaire et les mots dansent devant mes yeux. Je ne sais plus rien, tout se mélange dans ma tête. Les mots dansent au rythme de la bougie. Ah la musique me manque ici, le soir maman mettait son disque préféré de polska tout en préparant le repas, moi je préfère les mazurkas. Le dimanche, on dansait en famille et on mangeait les délicieux paczki à se faire éclater l’estomac. Ah, comme vous êtes loin de moi déjà, deux semaines… une éternité !
Comment by Lautreje — 6 août 2010 @ 14:10
La journée a été très rude pour Lisa comme toutes ses journées à travailler dans la ferme de son oncle dans les Pyrénées du sud.
Dès quatre heures du matin, Lisa est debout et prépare le petit-déjeuner pour son oncle et pour elle. Depuis le décès de sa tante, il y a deux ans, Lisa ne pouvait pas abandonner son oncle. Son chagrin était trop grand. Elle a donc décidé d’aller vivre avec José, la seule personne de sa famille qui lui restait.
Lisa a tout laissé derrière elle. Son appartement à Paris, son métier d’infirmière, ses amis. Vous comprenez disait-elle à ses amis, depuis mon enfance, mon oncle a toujours été d’un grand soutien pour moi. C’est tout à fait normal que je m’occupe de lui et que je l’aide dans ses travaux. La vigne n’est pas une simple affaire bien qu’il ait quelques vendangeurs pour la récolte. Et puis, qui sait! Par la suite, je reprendrai mon métier d’infirmière dans cette région.
Lisa s’occupe des courses, des repas, de l’entretien de la maison. Son oncle José part de la ferme à cinq heures du matin et n’est pas de retour avant 19 heures. Il prend sa vieille camionnette. La vigne se trouve à une vingtaine de kilomètres et il passe la journée à nettoyer chaque cep, à couper le superflu, à enlever les mauvaises herbes. De plus, la vigne est en pente et les jambes de José sont vite fatiguées.
Son vin est sa fierté car il est naturel. José est connu à des kilomètres à la ronde et il s’est fait une jolie clientèle.
De retour le soir, il se met à table avec sa nièce qui lui prépare de bons mets. Il ne parle pas ou très peu. Il ne sourit plus non plus. Lisa comprend qu’il est encore dans sa peine. Alors, pour remplir le silence de la pièce, c’est elle qui discute. Elle lui raconte les paroles échangées avec les quelques personnes rencontrées à la boulangerie et lui parle aussi de ses lectures du soir.
Il lui arrive de lui dire… oui c’est bien ma petite… continue de lire le soir. J’aime t’entendre me raconter.
Lisa lui sert son café comme touts les soirs. Ensuite, il l’embrasse sur le front et monte au premier étage se coucher . Et c’est ainsi tous les jours de la semaine sauf le dimanche. Moment heureux pour Lisa qui peut partager quelques heures avec son oncle.
Le soir venu, Lisa, prend un livre, allume une bougie qu’elle pose sur la table et, malgré la fatigue, lit de longues heures. Ce soir là, elle découvre une citation de Christian Bobin :
« … une seule chose compte… c’est la gaieté, ne laisse jamais personne te l’enlever ».
Dans un geste de tendresse, Lisa écrit cette citation sur une jolie feuille de papier pour la déposer vers le bol de café de son oncle qu’elle prépare toujours le soir.
Morte de fatigue, Lisa laisse tomber sa tête sur son livre. Au petit matin, son oncle la trouve toujours endormie sur son livre, il la réveille doucement en l’embrassant sur le front et part au travail.
Lisa vaque à ses occupations toute la journée et lorsque son oncle rentre le soir, quelle ne fut pas sa surprise! Un grand sourire illumine le visage de son oncle. José prend sa nièce dans ses bras et lui dit simplement
– merci ma petite, j’ai lu et j’ai compris…
Comment by Denise — 6 août 2010 @ 16:11