Lali

5 avril 2011

Le bureau vide

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:02

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L’univers digne de Kafka dans lequel nous plonge l’écrivain belge Frank De Bondt avec Le bureau vide n’est pas sans rappeler les livres de deux auteurs belges, L’employé de Jacques Sternberg et La question humaine de François Emmanuel par cette espèce de surréalisme dans lequel les narrateurs se voient plongés dans leur milieu de travail.

Le bureau vide raconte l’histoire de Marc Deleuze, directeur des ressources humaines, qu’on ne met pas à la porte mais qu’on compte avoir à l’usure en lui retirant tout ce qui peut le motiver à se rendre au travail : son téléphone, sa chaise, sa secrétaire, etc. Mais c’est sans compter sur l’acharnement et la ténacité du héros qui en a vu d’autres et qui compte bien résister coûte que coûte.

Un roman à la fois grave et léger. À la fois philosophique et humoristique. Un roman cinglant sur le monde des multinationales et les jeux qui se trament en coulisse ou pas. Un roman qui fait grincer des dents et que j’ai tout simplement dévoré.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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2 avril 2011

La scène du baiser

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:02

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J’ai tellement aimé Le lieutenant souriant de Bernard Gheur que je n’ai pas tardé à me plonger dans un autre de ses romans. Et dès les premières pages, j’ai été conquise. De la même manière que je l’ai été autrefois par les films de Truffaut. Pas étonnant donc que lorsque le jeune Liégeois épris d’écriture lui a envoyé quelques pages à lire, le cinéaste l’ait encouragé à continuer, ce qui a donné Le testament d’un cancre, que je compte lire d’ici quelques jours.

C’est donc dans un univers à la Truffaut que nous plonge Bernard Gheur avec La scène de cinéma où trois jeunes qui bricolent des films vont passer de l’adolescence à l’âge adulte le temps de quelques mois, le temps d’un dernier film, le temps des premières amours. Un roman qui a la fraîcheur et la gravité des années 60 alors que Cocteau vient de mourir, que les Beatles prennent leur envol et qu’est l’heure pour l’un du service militaire, pour l’autre de se marier pour réparer les choses et pour le dernier d’entamer des études universitaires. Un univers où chacun des personnages a un peu d’Antoine Doinel en lui et dans lequel l’auteur arrive même à glisser une disquaire, comme dans le dernier épisode du cycle de Truffaut, L’amour en fuite.

Un roman qui se déguste comme un esquimau pendant une séance. Lentement. Avec gourmandise. Ou comme un baiser.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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1 avril 2011

Julie

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:58

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Julie reçoit un jour une lettre anonyme dont elle ne se préoccupe d’abord pas, jusqu’à ce qu’elle se mettre à en recevoir d’autres, lesquelles louent sa beauté et la font rougir. Piquée par la curiosité, elle entame ainsi une correspondance avec Lucas, qu’elle cache bien évidemment à son entourage, laquelle mènera éventuellement à une rencontre fortuite, les deux rendez-vous n’ayant pu avoir lieu.

C’est après cette rencontre alors que sa vie vient de basculer sous les lèvres de Lucas que la chute sera plus grande encore. Au détour de la route, Julie a rendez-vous avez son destin : un camion qui va heurter de plein sa petite 2 CV et du coup plonger Julie dans le coma. C’est parce qu’elle n’est plus en mesure de lire son courrier que son mari découvre l’existence de Lucas… Et parce qu’ils l’aiment tous les deux, ils feront en sorte de lui redonner vie, ensemble…

Une bien belle histoire que Julie de l’auteur bruxellois Benoît Coppée. Une histoire qui attendrira même les cœurs les plus secs. Une histoire d’autant plus belle et poétique que l’auteur a le sens des mots et qu’il maîtrise l’écriture de belle façon. Un auteur à découvrir.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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30 mars 2011

L’ange qui a vendu ses ailes

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C’est un album plein de poésie que propose Carl Norac avec Dolcetti un ange à Paris (illustré par Neil Desmet), qui raconte l’histoire d’un ange pauvre qui vend ses ailes, sa seule richesse, en échange d’un sac de pièces. Mais qu’est un ange ainsi démuni? À quoi lui sert l’existence s’il ne peut voler, s’il n’a plus ses ailes pour le réchauffer, si les draps ne sont pas aussi douillets que celles-ci?

Le hasard lui fera rencontrer au hasard de ses errances le nouveau propriétaire de ses ailes et c’est à ce moment qu’il comprend enfin que c’est ce qui nous est propre qui constitue notre différence et contribue à notre bonheur. Un message à retenir.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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28 mars 2011

Les joies de la prononciation

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:18

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Julos Beaucarne fait partie de ma vie depuis plus de trente ans. Je l’écoute chanter comme on écoute un ami. Je lis ses mots comme je lis ceux écrits par un ami. C’est donc par un titre d’un des porte-parole les plus connus de la Wallonie que j’ai commencé mon voyage dans la collection Le goût des mots que dirige Philippe Delerm au Seuil, dont le titre dit presque tout de son contenu : Les chaussettes de l’archiduchesse. Et autres défis de la prononciation.

Écrivain, conteur, dramaturge, poète, chanteur et comédien, Julos Beaucarne s’adonne depuis toujours aux différents plaisirs de la langue. Il nous avait d’ailleurs offert en 1992 Le Virelangue (chez Actes Sud) qui est de la même trempe puisque ce nouveau titre met en scène des virelangues. Mais justement, qu’est-ce qu’un virelangue? Selon Roger Pinon, « le virelangue est un mot, un bout de phrase, une rimaille, voire un long texte, que l’on doit répéter, éventuellement un nombre fixé de fois, sans s’empêtrer dans la prononciation. »

Et c’est tout ça que nous offre Julos Beaucarne avec ce petit livre qui se glisse dans une poche. Des rimailles qui sont les siennes ou qu’il a empruntées à d’autres (Alphonse Allais, Raymond Devos, Jacques Prévert notamment), pas juste en français mais aussi, entre autres, en allemand, en espagnol et en wallon, des virelangues très courts ou très longs, humoristiques, philosophiques, tous savoureux. Un livre pour les amoureux de la langue qui le savoureront avec gourmandise. Surtout quand ils auront appris à dire à toute vitesse Je sais ce que je suis et si je suis ce que je suis qui est-ce que je suis? Si jamais tu le sais, je te suis.

Pour vous amuser, quelques virelangues proposés par TV5 ici.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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23 mars 2011

Le lieutenant souriant

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Avec Le lieutenant souriant, le Liégeois Bernard Gheur (dont le père, armateur fluvial est né au Canada, pour l’anecdote) nous livre un beau roman destiné aux adolescents dans lequel certains adultes qui ont eu la chance de vivre une amitié à l’épreuve de tout se reconnaîtront. Parce que s’il raconte une enquête qui dure nombre d’années afin que soit révélé ce qui a bien pu arriver au père de l’un d’eux, celui que le narrateur a appelé « le lieutenant souriant » à cause de la seule et unique photo sur laquelle il apparaît, ce roman porte aussi et probablement davantage sur l’amitié, la complicité, le respect du secret, la solidarité.

À partir d’un enfant qui vit dans le souvenir d’un père résistant fusillé aux alentours de Spa et à qui il est interdit de poser la moindre question, Bernard Gheur a écrit une très belle histoire sur l’enfance avec ses rires et son insouciance. Parce qu’on ne peut pas vivre que de tristesse.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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18 mars 2011

Un album pour grandir

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Salam est petit, tellement petit que les uns et autres croient qu’il ne deviendra jamais grand et que le vent finira par l’emporter. Un jour qu’il est fatigué d’être la risée de tous, il décide de partir en emportant avec lui un sac dans lequel il compte bien mettre tout ce qu’il ramassera lui permettant de grandir.

Ce sont donc plume, pierre, neige et autres petites choses qui finiront par remplir son sac de plus en plus gros, de plus en plus lourd. Objets qui lui permettront de grandir. Car le secret pour grandir existe bel et bien. Et Salam a su le trouver. À chacun des enfants qui liront cet album signé Carl Norac et offrant page après page des illustrations qui font rêver qu’on doit à Carll Cneut de trouver son propre secret pour grandir à son tour.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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7 mars 2011

Le secret de l’éléphanteau

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C’est un joli album plein de fantaisie que propose Carl Norac avec Ne dites pas à maman que je suis dans les nuages, lequel raconte l’histoire d’un éléphanteau qui a inventé une bicyclette volante (qui n’est pas sans rappeler celle du film E.T. ou des dessins de Léonard de Vinci). Mais comme sa mère n’est pas au courant que cet engin existe et encore moins qu’il est fonctionnel, mieux vaut que ça ne se sache pas, d’où le titre du livre qui est la phrase qu’il dit à ceux qu’il croise.

Oui, un bien joli album vous dis-je, avec un sympathique clin d’œil à la fin et des illustrations très colorées et empreintes de douceurs signées Mireille Levert, une auteure jeunesse et illustratrice de talent de chez nous.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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5 mars 2011

Les vers de Luuk 3

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Sourdine

Et s’il n’y a plus de tendresse,
feignons la tendresse,
les mains bandées et les yeux clos,
couchés l’un contre l’autre telle une frontière.

Un mot alors ne peut plus s’appeler un mot,
mais une bouchée de consolation muette;
et le désir perd sa petitesse, plus profond,
plus vaste qu’un panorama

plein d’oiseaux d’été, accords de Mendelssohn, sfumato
emprunté à Vinci. Ta plus belle pitié, tu l’échangeras
contre mon plus cher chagrin; je temporiserai
avant de sonder plus avant le déclin de ton corps.

Oh, s’il reste alors de la tendresse,
craignons la tendresse comme
un mal très ancien. Tant de tendresse,
jamais homme ne le supporta.

Luuk Gruwez, Poèmes dissolus

*choix de la lectrice de Margaret Dyer

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