Lali

8 novembre 2012

Que fait la Lune la nuit?

C’est la question que pose Anne Herbauts dans ce très bel album pour lequel j’ai eu un véritable coup de foudre. Car, si la Lune dort le jour (c’est bien connu), elle est drôlement occupée la nuit! Même qu’elle n’arrête pas une minute tant elle doit veiller à tout. Il faut bien que quelqu’un se charge de faire le silence si les gens veulent dormir. Il faut aussi quelqu’un pour dessiner des étoiles dans le ciel et déposer la rosée. Et même pour chasser les cauchemars.

Mais la Lune est là. Inépuisable. Fidèle. Plus longtemps les saisons où elle a plus de boulot. Infatigable.

Mais la Lune est là. Qui veille sur nous.

Et Anne Herbauts à qui on doit texte et illustrations sait nous parler d’elle avec tant de poésie que je vous suggère sans hésitation ce livre si vous avez un rêveur ou un futur astronaute dans votre entourage. Ni l’un ni l’autre ne regardera plus la Lune de la même façon.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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5 novembre 2012

Le journal de Wieke Van Os

Je me suis laissée avoir par le quatrième de couverture. Je l’avoue. Mais comment aurait-il pu en être autrement alors que Wieke, l’héroïne du roman de Claude Raucy, est en train de visiter la maison d’Anne Frank à Amsterdam quand s’ouvre le roman? Surtout qu’elle y trouve un mystérieux message qui la pousse à porter secours à un garçon qui se dit prisonnier d’une maison de la Prinsengracht…

Oui, c’était assez pour que je me laisse tenter. Mais le livre est loin d’être à la hauteur de mes attentes. Bien loin. J’ai même l’impression d’avoir été flouée tant j’ai été déçue par cette histoire qui nous révèle qu’il s’agit d’une supercherie. Beaucoup de bruit pour rien, aurait dit Shakespeare avec raison.

Le journal de Wieke Van Os est un livre de très peu d’intérêt, malgré un volet informatif signé Manon Douesnard très bien fait à la toute fin du livre. Vraiment peu. Et pourtant, il aurait pu en être autrement…

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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25 octobre 2012

Exquise Louise

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Une petite fille grandit sous le regard de ceux qui l’aiment. Elle s’appelle Louise et elle est un poème à elle seule avec ses questions, son amour pour la nature, sa passion pour la vie, ses rires et se grands yeux qui ne cessent de s’étonner. Une petite fille bouge avec ses grands pieds et nous surprend au détour de chaque geste. Une petite fille nous redonne le goût de l’essentiel que les grandes personnes ont enfermé dans une armoire parce qu’il faut bien un jour laisser l’enfance derrière soi. Et pourquoi donc?

Une petite fille nous pose la question sans la poser. Et nous ne pouvons qu’y répondre en contemplant les étoiles, en comptant les taches des coccinelles et en se dessinant une moustache en buvant un verre de lait.

Une petite fille nous apprend à vivre à nouveau. Le temps d’un livre. D’un très beau livre signé Eugène Savitzkaya.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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18 octobre 2012

Soupiraux de Bruxelles

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Je me faisais une joie de découvrir les Soupiraux de Bruxelles en compagnie des photographies de Didier Serplet et des textes de Maurice Culot. Une véritable joie. Mais ce que j’ai eu entre les mains ne correspondait pas à mes attentes. Loin de là.

Pourtant, il y a bien ici un large échantillon de soupiraux. Mais les photos sont si décevantes qu’on a peine à s’intéresser au texte et aux citations qui viennent les appuyer.

Et le livre fermé, il ne nous reste rien de ces images dont aucune n’a été en mesure de s’ancrer pour de bon dans notre mémoire. Et pourtant, je me faisais une telle joie de découvrir les soupiraux de Bruxelles…

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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13 septembre 2012

Premier chagrin

J’aime tout ce que l’écrivaine belge Eva Kavian écrit. Tout. Je ne m’en cache pas. C’est donc d’avance conquise que j’ai entamé la lecture de son plus récent roman jeunesse intitulé Premier chagrin. Et encore plus conquise que dès le premier chapitre derrière moi. Parce qu’il s’agit d’une des histoires les plus émouvantes qu’il m’ait été donné de lire. Parce qu’Eva Kavian sait doser les émotions, autant pour ses personnages que pour nous. Si bien que dès que nous comprenons que la tâche de Sophie sera bien différente de celle qu’elle avait en tête nous serons aussi bouleversés qu’elle.

Sophie ne va pas garder des enfants, ce qui était prévu au départ, mais préparer les derniers jours d’une vieille dame qui sait ses jours comptés et qui voudrait voir réunis autour d’elle les siens alors qu’ils ne la visitent plus, alors qu’elle n’a plus de lien avec ses petits-enfants.

Mais il y a Sophie. Une Sophie qui vit des émotions fortes, une Sophie qui s’est profondément attachée à Mouche même si celle-ci a volontairement choisi quelqu’un d’extérieur à sa vie pour l’accompagner dans ses préparatifs, le tri de ses lettres, les objets à donner, quelqu’un qui ne sait d’elle que ce qu’elle voudra lui dire.

Mais Sophie est incapable de se contenter de demi-vérités et surtout, elle a bien l’intention de réaliser le dernier souhait de Mouche. À sa manière. Sans lui dire. Parce que Mouche n’est plus étrangère. Parce que cette expérience l’a changée, parce que Sophie ne laisse jamais tomber ses projets en cours de route.

Premier chagrin est un roman touchant, sensible, qui pose beaucoup de questions, notamment sur les soins palliatifs, sur le choix de ce qu’on veut faire de ses derniers jours si on a la chance de les préparer, sur la mort elle-même. Un grand roman destiné aux adolescents, mais que bien des adultes devraient le lire.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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27 juillet 2012

L’amour mauve

« L’aventure qui est mienne née d’un hasard de vie a cette saveur troublante qu’on perçoit dans un fruit inconnu. »

C’est ainsi que décrit sa vie Colette, étudiante en journalisme, partie au Sénégal afin de rejoindre son père, capitaine de bateau qui doit y accoster, à la suite d’une intuition de sa mère, qui s’avérera vraie, voulant qu’il soit arrivé quelque chose de grave à celui-ci. C’est donc un père qui a perdu la vue qu’elle ramène en Belgique et au plus profond d’elle le regard de Phil, dont elle s’est éprise au cours des quelques jours qu’ils ont passé ensemble avant que le bateau n’accoste.

Mais Colette n’est sûre de rien sinon que de ses rêves, alors que Phil a aussi les siens et que son père tente de retrouver ses repères. Si peu sûre qu’elle n’ose pas croire en cet amour. En effet, la mère de Phil veut à tout prix qu’il soit officialisé. Et c’est là un problème majeur du livre de Pierre Coran. En effet, dans ce roman destiné aux adolescents qui est encore récent — il a été publié en 2005 —, parler de fiançailles me semble tout à fait incongru. Et je vous épargne les coïncidences. Elles font légion.

Il y a donc trop de bonne volonté et trop de bons sentiments dans L’amour mauve, avec sa chute tire-larmes qui ajoute une couche supplémentaire aux éléments qui ne m’ont pas convaincue, pour que je vous conseille ce roman. Et pourtant, j’aurais tant voulu aimer ce livre. Le proverbe turc qui fait office de quatrième de couverture était si joli.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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24 juillet 2012

Vingt ans plus tôt

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:54

J’ai lu il y a quelques semaines L’amie slovène de Françoise Houdart, un livre qui m’a tant touchée que j’ai voulu lire le roman auquel il donne suite, lequel constitue le premier roman de l’écrivaine belge. La vie, couleur saison met en scène les personnages de L’amie slovène vingt ans plus tôt dans une suite de tableaux qui peuvent dérouter quelqu’un qui s’attend à une histoire linéaire.

En effet, Françoise Houdart a choisi de ne donner que des indices. Nous n’aurons pas toute l’histoire de Sarah. Ni vraiment celle de Laura. Juste ce qu’elle voudra bien nous livrer dans un roman elliptique et sensible auquel je reprocherai la surabondance de « presque » d’autant plus qu’ils sont chaque fois écrits « presqu’ » quand ils sont devant une voyelle, alors que seul le mot « presqu’île » a droit à l’apostrophe.

Ceci dit, j’ai tout de même aimé La vie, couleur saison, probablement parce que j’ai aimé L’amie slovène, un roman qui m’a semblé beaucoup mieux construit et plus clair. Le premier roman de Françoise Houdart n’est pourtant pas banal. Ni sans intérêt. Au contraire. Il annonce déjà une écriture.

« … l’amour c’est le vent qui te décoiffe, qui arrache la laque qui empoisse tes cheveux… C’est le contraire du statique et du figé et de l’ordinaire… » affirme Sarah. Et si l’écriture était aussi de l’amour?

Deux femmes, deux amies, les hommes et les enfants qui gravitent autour d’elle, l’exil pour l’une, l’écriture pour l’autre, l’amour, tel est le propos de La vie, couleur saison. Un roman imparfait, mais touchant. Très touchant.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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Titre pour le Défi Premier Roman

14 juillet 2012

Pour casser l’ambiance

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:24

Un peu d’humour ne tue pas. Surtout quand c’est un fin observateur de la vie quotidienne et du couple qui l’utilise. C’est le cas du livre signé Patrick Weber intitulé Le chat a vomi.

Recueil de petites phrases assassines qui possèdent tout ce qu’il faut pour casser l’ambiance, Le chat a vomi est un brillant florilège qui met de l’avant les deux moitiés d’un couple et ne pointe pas l’une d’entre d’elles plus que l’autre. En effet, en matière de phrases briseuses d’ambiance, il y en a autant qui sortent de la bouche des femmes que de celle des hommes. Patrick Weber le prouve avec humour et enthousiasme, dans une suite linéaire où une nouvelle phrase est souvent mise en lien avec une autre et où elle agit comme prolongation qui mènera à plus ou moins longue échéance au débordement de marmite parce que le feu s’est emballé…

« Étrange aussi cette faculté que possède le linge indélicat de déteindre sur une harmonie conjugale jusque là sans tache… » affirme l’auteur au début d’un des chapitres où sera pris à témoin le chat, fil conducteur dont il use avec brio, autant dans les anecdotes relatées que dans les citations farfelues en tête de chapitre. En effet, il faut si peu pour qu’une banale phrase devienne le prétexte à une prise de bec.

Lecture ludique, il va sans dire, Le chat a vomi n’en est pas moins une analyse psychologique sans fard du couple au quotidien. J’ai souri d’un bout à l’autre, sous le regard amusé de mon lion en peluche.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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6 juillet 2012

Quand Michel Lambert s’attarde aux fêlures de l’âme

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:38

Nouvelles et littérature belge font une fois de plus bon ménage avec le recueil de Michel Lambert intitulé De très petites fêlures. Publié en 1987 chez L’Âge d’Homme, le recueil a été réédité dans la collection Espace Nord en 2010 avec une préface de Jean-Claude Bologne et une savante postface de Jean-François Grégoire.

Ce dernier nous présente d’ailleurs Michel Lambert comme « … un économiste qui… pratique l’économie — de moyens, de propositions, de vocabulaire ». C’est d’ailleurs un des éléments qu’on remarque d’emblée et qui sert le genre — la nouvelle — de belle manière. Quelques lignes suffisent en effet à dresser de façon minimale les portraits, à dessiner un lieu, une époque ou des circonstances et à créer l’atmosphère de chaque des nouvelles, lesquelles mettent en scène des moments où tout peut basculer, va basculer, ou carrément bascule. Des moments que l’auteur a appelés de très petites fêlures. Sorte de clin d’œil à une nouvelle de Fitzgerald et à celle de Lambert qui s’est inspirée de celle-ci.

Prises séparément ou réunies, ces nouvelles qui portent davantage de tristesse et de regrets que de joie annoncent par de petits détails le lent glissement des choses qui va mener inéluctablement vers un changement de situation, voire de destin. Car Michel Lambert est un fin conteur. Quelqu’un qui sait regarder dans un premier temps et dire et transposer dans un deuxième. Le résultat est un recueil juste, infiniment humain, que je recommande sans hésitation.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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19 juin 2012

Au revoir, Anne-Sophie!

Quand je suis devenue libraire, au début des années 80, le deuil était un sujet peu abordé dans les livres, et encore moins dans la littérature jeunesse. Puis, tranquillement, ce sujet a été exploité. Tout doucement et pendant un moment par la mort d’un grand-parent, uniquement. Comme si seuls les aînés pouvaient mourir. Puis, les éditeurs ont accepté que des auteurs fassent mourir des parents, mais d’une longue maladie. Ou des jeunes, presque toujours de leucémie.

Il est vrai que nul n’aime parler de la mort, qu’il la côtoie quotidiennement à cause de son travail ou parce qu’il vient de perdre un parent. Mais ce qui est certain est qu’elle fait partie de la vie, et que c’est en parlant d’elle que les enfants pourront l’apprivoiser.

Dans La grande nuit d’Anne-Sophie, le prolifique auteur jeunesse Pierre Coran est économe de mots. Il est vrai qu’il n’en faut pas beaucoup pour dire à des jeunes que l’une des leurs ne viendra plus prendre place parmi eux, que les objets qu’elle a laissés derrière elle ne bougeront plus, parce qu’un chauffard l’a fauchée alors qu’elle rentrait chez elle. Il n’en faut pas beaucoup non plus pour rendre Anne-Sophie inoubliable.

Un livre sans prétention pour les plus petits sur le deuil et sur la préservation de la mémoire. Un livre, de plus, qu’on devrait trouver dans toutes les classes du primaire.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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