Lali

3 mars 2011

Les vers de Luuk 1

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Le recueil du poète belge Luuk Gruwez, né en Flandre Occidentale, attendait la lectrice peinte par George Richmond. Un recueil intitulé Poèmes dissolus, publié en 2005 dans la collection « Escales du Nord » au Castor Astral, qui traite entre autres thèmes de la solitude avec une grande puissance d’évocation et duquel la lectrice de ce soir a extrait ce texte :

Le perdant magnifique

J’aimais la gaze la plus fine du désir
comme le zéphyr le corps de la baigneuse
et partout où j’allais, me ceignait l’angoissant
agrément d’un voile de flétrissure.
Et tout au long d’une saison tombait le soir.

Et lorsque — le haut sur le vent —
le désir de blessa à la convoitise,
combien n’aimai-je pas cette perte magnifique,
comme si le souffle d’une passion me perdait,
encore qu’à peine on embrassait
l’ostensoir d’une seule bouche.
Et chaque soir venait l’automne.

Et chaque fois que le plus gracieux des automnes
m’offrait un gîte dans le vent,
je trouvais dans un bruissement, un tremblement,
une maison pour être sans abri.

21 février 2011

SMS, blogs, clavardage et autres façons de communiquer

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Nous sommes à l’ère des SMS, des blogs, des salles des clavardage, des courriels, mais le journal intime (sur support informatique ou papier) est loin d’être désuet selon Francis Bartin, jeune enseignant en début de carrière qui vient d’arriver à l’école de la Cité des fleurs fanées (nom donné par les jeunes du quartier parce que toutes les rues ont des noms de fleurs).

Nous sommes en plein XXIe siècle, en Belgique, dans un quartier multiethnique, qui réunit des jeunes de différentes confessions religieuses, dont la langue parlée à la maison n’est pas toujours le français, dont les habitudes de vie ne sont pas partout les mêmes. Des jeunes où il y a des bons comme des méchants et qui se retrouvent en dehors de l’école dans une salle de clavardage où ils peuvent discuter « en privé ».

Cette salle accueillera Faktorye, une jeune Algérienne arrivée en cours d’année scolaire, à qui son père interdira de participer à un stage, ce qui déclenchera toute une série d’événements, car la petite bande qui se réunit pour discuter a décidé de venir au secours de leur nouvelle amie et de mobiliser chacun des élèves de 3e au moyen d’une pétition.

Une roman alerte où la plume passe de l’un à l’autre des protagonistes au moyen des journaux intimes, de courriels, de pages de blogs et de conversations dans la salle de clavardage alors que ponctuellement intervient le narrateur. Un roman dans lequel les ados se retrouveront même si à certains égards ils se trouveront confrontés à quelques clichés qui pourront les agacer, mais qui ne sont pas en nombre suffisant pour nuire à la lecture de ce roman.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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7 février 2011

Un roman qui ne va nulle part

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:27

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Grande a été l’impression d’avoir été flouée quand je suis arrivée aux dernières lignes du roman d’Anne-Michèle Hamesse intitulé Bella disparue. Comme si on m’avait menée en bateau pour rien. Pour quelques images fugaces. Pour des personnages qui se rencontrent le temps d’une journée et parlent pour passer le temps, l’un de Bella qui s’est volatilisée alors qu’il l’attend, l’autre d’Hortense, sa sœur qui vient de mourir et qu’elle détestait.

Or, tout cela ne mène nulle part, ne va pas plus loin que ce thé trop sucré qu’ils boivent chapitre après chapitre.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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21 janvier 2011

Portrait d’artiste réussi

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:58

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Quel formidable roman que celui que nous offre Grégoire Polet, Bruxellois de naissance, avec Excusez les fautes du copiste. Un roman qui vous accroche dès la première ligne et que vous ne pouvez plus quitter sans l’avoir traversé du début à la fin.

Car sitôt que vous aurez fait connaissance avec Sylvain Crêtes, le héros, peintre peu doué parce que sans imagination, veuf et papa d’une petite Isabelle, dévoreur de livres qu’il achète selon le choix de son bouquiniste attitré, vous ne pourrez plus déposer le roman de Grégoire Polet dont le héros se laissera prendre au jeu de copier des peintres peu connus puis de plus en plus connus après avoir d’abord été restaurateur de tableaux. Ce qui l’amènera à passer du rôle de copiste à celui de faussaire.

Ce roman au « je » qui se veut une confession est à lui seul un tableau et les quelques personnages qui gravitent autour de Sylvain Crêtes n’ont rien à envier aux personnages de Brueghel qui l’amusaient et auxquelles il prêtait des vies.

Un roman sur la peinture, sur la création, sur l’amitié, sur les bonnes intentions comme les mauvaises, qui ravira quiconque dès le premier chapitre.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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17 janvier 2011

L’exil comme promesse de bonheur

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:21

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C’est grâce à ce billet de Dominique que j’ai découvert l’écrivain Joseph Pearce, né aux environs de Bruxelles de parents allemands et juifs, lequel vit aujourd’hui à Anvers où il est critique littéraire et chroniqueur sportif.

Dans Graines de pavot, l’auteur relate la destinée d’une femme née à Breslau (comme le père de l’auteur) confrontée à l’exil. Partie d’Allemagne, elle transitera par Londres avant de s’installer en Israël, pays qu’elle quittera après la mort de son mari pour la Bolivie où vit son seul frère. Exil qu’elle ne comprend pas : elle était si heureuse à Breslau.

C’est donc l’incompréhension de Gisèle face à ces multiples déménagements qui nous est ici racontée. Puis ses rêves, ses attentes, ses désirs. Tout cela sans drame. Avec parfois quelques larmes qu’il faut bien vite sécher. La vie ailleurs sera meilleure.

Graines de pavot, c’est l’histoire d’une attente qui ne sera jamais comblée, d’un bonheur qui jamais ne sera. Et c’est surtout un très beau livre que je vous recommande sans hésiter en attendant de lire celui proposé par Dominique.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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13 janvier 2011

Simon, l’enfant rescapé du 20e convoi

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Le 20e convoi est parti de Malines en avril 1943 à destination d’Auschwitz. Il comptait à son bord plus de 1600 Juifs incarcérés à la caserne Dossin (l’équivalent belge de Drancy). De tous les convois qui partirent de Malines, seul celui-ci put être intercepté par la Résistance belge, ce qui permit à 231 personnes de s’échapper (23 furent retrouvées et tuées) dont un enfant.

Cet enfant, c’est Simon Gronowski, le héros de Simon, l’enfant du 20e convoi, une adaptation de L’enfant du 20e convoi (publié une première fois en 2002, puis dans une édition revue en 2005) faite par l’écrivaine belge Françoise Pirart en collaboration avec Simon Gronowski et destinée aux jeunes.

Récit bouleversant qui, dès les premières pages, nous décrit ce convoi qui va vers la mort où sont entassées 1600 personnes dans des conditions qu’on ne penserait même pas donner à du bétail. Simon a chaud, il a soif, il a peur, même si sa mère n’est pas loin. Pour passer le temps, il compte.

Et de compter, il passe à raconter. Son enfance à Bruxelles, ses amis, sa famille, la maroquinerie de ses parents puis les privations, les regards, l’antisémitisme montant, la fuite. Tout ça avec ses yeux d’enfant. Des yeux qui tentent de comprendre. Mais peut-on comprendre une telle haine?

Simon, l’enfant du 20e convoi, c’est l’histoire de Simon avant la caserne et après la fuite jusqu’aux retrouvailles avec son père qui n’a pas été « pris » parce qu’il était à l’hôpital lorsqu’on les a emmenés sa mère, sa sœur et lui. Un livre qui vous touchera, j’en suis certaine, et qui vous poussera à en savoir plus sur la déportation des Juifs de Belgique. Pour ce, n’hésitez pas à visiter le Musée Juif de la Déportation et de la Résistance.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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11 janvier 2011

La traversée de Pélagie

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:57

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C’est un bien joli roman que nous propose Françoise Houdart avec … Née Pélagie D., publié en 1996. Un roman qui se conjugue souvent au passé alors que Pélagie se raconte à Maximilien le temps d’une traversée entre Ostende et Douvres. Le temps d’un rêve. Celui, pour elle, de voir enfin la mer dont elle collectionne les cartes postales depuis l’enfance.

Une traversée dont elle connait déjà l’issue, car il est des rêves dont on ne revient pas et qui, dès la minute où on accède à eux, ont raison de notre existence.

Un roman tout en finesse, en nuances, qui raconte l’histoire d’une septuagénaire qui a attendu toute sa vie le bon moment et qui n’a jamais fait de vagues alors qu’elle ne rêvait que de celles-ci.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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5 janvier 2011

La mort de Marcel

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:53

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Il y a dans Marcel de l’écrivain belge Erwin Mortier, qui écrit en néerlandais bien qu’il parle et écrive le français — ce qui lui a permis d’apprécier la traduction qu’a faite Marie Hooghe de son roman et pour laquelle elle a obtenu le prix Amédée Pichot —, quelque chose du Chagrin des Belges d’Hugo Claus. Probablement parce qu’y est traité le déchirement des personnages avec pour tout témoin un enfant qui ne comprend pas.

Comment, en effet, pourrait-il comprendre ces sentiments qui ne sont pas les siens, l’attachement de sa grand-mère à ses morts, cette guerre dont son oncle Marcel n’est jamais revenu et sur lequel semble porter le poids d’un lourd secret?

Dans ce village de Flandre où il est élevé par ses grands-parents, alors que le spectre de la dernière guerre plane encore alors que nous sommes au début des années 70, le jeune garçon écoute, regarde, retient. Il finira bien par dénouer les fils entourant le choix de Marcel et à lui seul, par un geste symbolique, fermera la parenthèse, ce que nul ne semble être en mesure de faire. Parce qu’il faut un cœur d’enfant pour le faire.

Un très beau roman d’atmosphère que celui d’Erwin Mortier, avec lequel vous pouvez faire connaissance en visitant ses pages, si vous lisez le néerlandais.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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30 décembre 2010

Un secret bien mince

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Un roman jeunesse portant sur la Résistance en terre belge, voilà qui avait de quoi m’intéresser! C’est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis plongée dans Un si grand secret de Martin de Halleux. Et je dois avouer que le livre n’est pas sans intérêt, loin de là, même si on fait ici et là les coins ronds alors que les enfants aiment beaucoup les détails (notamment cet épisode où Cilia, une jeune fille de dix-sept ans gagne Londres à partir de Charleroi en passant par Lisbonne en trois coups de crayon). Et même si le dénouement final où on réalise que le grand résistant n’était pas si blanc que ça laisse un drôle de goût dans la bouche.

Et c’est là que je me suis demandée si l’éditeur avait fait lire le livre au public à qui il est destiné avant de le publier. En effet, il n’est pas tout d’avoir en main un semblant d’histoire, il faut la peaufiner, ajuster celle-ci en fonction de l’âge des lecteurs, lorsqu’il s’agit de littérature jeunesse et faire en sorte que le lecteur, même s’il a appris quelque chose au fil des pages, ne se sente pas floué par la fin. Or, hélas, c’est ce qui m’est arrivé, ce qui ne m’incite pas à vous inviter à la lecture de ce roman qui m’avait pourtant attirée dès le départ et dont j’avais aimé les premières pages.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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17 décembre 2010

Le monde débridé de Nicolas Ancion

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:23

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Une fois de plus, l’écrivain belge Nicolas Ancion a frappé fort. Avec Nous sommes tous des playmobiles, recueil de nouvelles publié en 2007, il tisse des histoires d’un surréalisme qui a tout pour me séduire et qui met en scène des scènes plus loufoques les unes que les autres. Bien entendu, si vous prenez tout au pied de la lettre, inutile d’ouvrir ce recueil. Mais si vous aimez entrer dans des univers qui vous surprennent sans savoir si vous allez glisser sur une peau de banane au hasard d’une phrase ou de l’imagination de ce jeune auteur belge dont je vous ai déjà parlé ici, et là aussi, ce petit bijou est pour vous. Encore plus si vous aimez vous laisser prendre au jeu, rire parfois jaune et même grincer des dents. En effet, Nicolas Ancion n’épargne personne et nous entraîne à sa suite dans un monde débridé où il se joue des mots et du politiquement correct.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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