Lali

16 janvier 2015

Piqué des vers 25

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

CAILLAUD (Joel)

Il ne voit que par elle

Je me mélange à toi si fort que je ne sais
Comment me retrouver, comment me dégager
De cet être nouveau que nous sommes à deux.
Je ne distingue plus ce qui t’appartenait
De ce que j’apportai, ni de ce qui te ressemble
De ce que j’inventai. Je te vole mes mots,
Mais toi tu tisseras du fil de mes idées.
Le songe que j’emprunte est né de ton sommeil;
Tu parles par ma bouche et je vois par tes yeux.
Ta mémoire s’étend aux yeux de mon enfance;
J’ai des amis perdus qui ne m’ont pas connu;
Je sais des lieux secrets que toi seule a hantés.
Tu me fais déterrer des choses enfouies;
Je cours en liberté dans tes jardins reclus.
Tu prévois mes erreurs et je connais tes chances.

Hors d’ici, hors de nous, je ne sais plus que moi.

Jean Mogin
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Joel Caillaud

15 janvier 2015

Piqué des vers 24

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

TOUSSAINT (Fernand) - 15

Tu es partout
Tu brûles doucement dans les creux de ma nuit
Tu te penches
Tu te penches et l’odeur de la laine douce
Tu me frottes la peau des joues tu t’enfuis
Tu viens le jour et tu reviens le soir
Hanter mon rêve ou les mouvements oubliés de
mon corps
Un peu comme l’eau un peu comme la forêt
Tu te laisses boire
C’est comme si de toujours je t’avais reconnue
Toute petite et toute longue silhouette
Toi pour qui la place en moi est depuis si longtemps
creusée
La chaleur tant de bras tant de jambes
Toi ma sœur et mon enfant et ma mère
Ma toute infinie familière
Tu me mets au monde
Et tu perces mes paupières
Et tu laves le sommeil séché

François Emmanuel
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Fernand Toussaint

Une adaptation un peu rapide

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:35

Ici-cest-différent-de-la-bas

Avec l’immigration importante de jeunes familles provenant d’Afrique du Nord, des pays d’Europe de l’Est et d’Asie, il était temps que la littérature jeunesse de chez nous s’intéresse à ce phénomène qui fait de nos classes de véritables tours de Babel.

C’est ce que propose Ici, c’est différent de là-bas, qui met en scène Souad, une jeune Marocaine de 11 ans à l’heure de la grande traversée. En effet, ses parents sont déjà à Montréal depuis un moment quand elle quitte les siens pour cette nouvelle vie qui l’inquiète.

Pour exprimer ce que ressent Souad de l’intérieur, Naïma Oukerfallah a choisi le journal intime. C’est donc Souad qui nous raconte, avec ses yeux d’enfant, ce qu’elle ressent. Qu’il s’agisse du lien avec son pays d’origine, tant au niveau des habitudes alimentaires que des relations qu’elle entretient avec les siens, des différences qui sont flagrantes et de celles qui le sont moins, de la façon d’agir des enfants de son âge, la plupart issus de différentes communautés culturelles, ou de ce qu’elle ne comprend pas, Souad le raconte en toute simplicité dans les 80 pages de ce roman destiné aux enfants du deuxième cycle du primaire.

Le roman n’a rien d’une étude sociologique. Ce n’est pas son but, lequel serait plutôt de nous donner un aperçu de ce que peut ressentir quelqu’un venu d’ailleurs au moment où il est tenu de s’adapter à sa nouvelle vie dans un pays qui ne ressemble pas à celui d’où il vient.

Souad a tout de même une chance qui n’est pas donnée à tous les enfants. Ses parents et elle-même parlent le français. Et contrairement à nombre d’immigrantes, sa mère ne vit pas dans la peur et ne passe pas son temps à tout interdire à sa fille. Souad peut donc recevoir une amie à souper et aller jouer aux échecs avec son vieux voisin.

Mais c’est loin d’être le lot de tous les jeunes arrivants. Je suis donc loin d’être certaine que cette image un peu rose de la situation trouvera écho auprès du public ciblé, qui estimera peut-être que l’adaptation de Souad se fait vraiment un peu trop facilement et pour le moins, très rapidement, puisqu’au bout d’une semaine, elle est tout à fait dans son élément.

Malgré ces problèmes de contenu que d’autres pourront voir d’un autre œil, l’écriture est fluide, simple et souriante, ce qui est déjà beaucoup.

Texte publié dans

14 janvier 2015

Piqué des vers 23

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Lara Roseiro

Écrire ceci sera-t-il toujours le testament
Infini de nos pertes
De ce que nous n’atteindrons définitivement
Jamais?
Pas à pas dans l’éboulement des alphabets
Sous le ciel d’Orion dont la beauté
Nous fait sentir à quel point, fragiles
Nous penserons toujours des utopies
Inguérissables

Éric Brogniet
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Lara Roseiro

13 janvier 2015

Piqué des vers 22

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

GONZALEZ (Julio) - 2

Tandis que ma vie ne cesse d’emprunter des itinéraires saltimbanques
Je ne sais rien de moi
Excepté cette fièvre qui bourdonne dans ma tête
Et monte en moi comme une prière
Célébrant les saisons d’une pensée au regard fou

Pierre Schroven
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Julio Gonzalez

12 janvier 2015

Piqué des vers 21

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

HEIMIG (Walter) - 4

Lampe des soirs

La langue la plus belle
Est ton visage
À la lumière de la lampe.

Tes cheveux montent
Dans le noir souverain,
Les draps nous occultent
La lune qui sourit.

Il m’arrive de ne plus
Me reconnaître
Quand se perd
Dans la saveur de toi
Mon corps
Transfiguré par toi.

Christophe Van Rossom
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Walter Heimig

9 janvier 2015

Piqué des vers 20

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

TEKIELI (Urszula) - 4

Dans ta voix
des milliers de nuances
et la mémoire
colore les pavés gris

Une ville inconnue
et son dédale de regards.

Qui parle à présent?

Je suis le touriste
à la recherche d’ailleurs.
J’essaie tous les chemins,
je déchiffre les cartes.
Il ne sert à rien
de fuir le bonheur.

Dans un éclat de rire
le soleil m’éclabousse :
Je sais que tu penses à moi.

Jacques Mercier
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice d’Urszula Tekieli

8 janvier 2015

Piqué des vers 19

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

BOUCHÉ (René) - 2

Mes mots allumés sont mes seuls repères
pour poser sur la page mes ailes d’éphémères.

Se lève de l’évidence de l’hiver le vent rêvant
tourne autour de ma tente de hautes paumes
trop ardent à frapper l’impassibilité du papier
à effrayer le livre de la très intacte attente
en le livrant à la fièvre des feuilles fauves.

Laisser le silence sécher le soir
et que la nuit soit immaculée
de la seule huile calme de la lune
pour rendre clair l’ongle du gel
et très haute la cause de l’aube.

Michel Ducobu
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de René Bouché

7 janvier 2015

Piqué des vers 18

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VAYREDA I CASABO (Francesc)

Hors beauté

Mon rêve se multiplie
Nos jardins communiquent
Mes amours s’emmurent
À la quête de deux nuits.

Ton rire
épluche le fruit
que je mords
blessé.

Ne ménage pas ta sensibilité
Défends ta vie labile
Ne te couche plus pour me répondre
Nos paroles sont confondues.

Je brûle la limite
de tes lèvres vertes
et tes rideaux de larmes
qui baissent
et baissent ma vue.

Camille Goemans
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Francesc Vayreda i Casabo

6 janvier 2015

Piqué des vers 17

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

SWISS SCHOOL 19TH CENTURY

Elle est la peau.
Elle est la peau dont on ne sait que dire.
La peau de ce qu’il y a
au-dessous de la peau.
La peau de nos Afriques languides, en
proie au sommeil des sorciers.
Elle est la peau des origines.
De l’avenir des origines.
Elle est ce dont s’habille la lascive sauvage lorsqu’elle
frisonne, dont elle se déshabille quand elle brûle.
Elle sent bon l’onction musquée des premières fièvres.
l’oisive mouillure des ivresses cavitaires.
Elle consacre les ruissellements, tous.
Et pourtant, il se peut qu’elle appartienne
à cette femme de haute lignée mélodieuse
qui pose soudain sur votre épaule sa tête
d’enfant et vous murmure les mots qui
feront de vous, à genoux,
son pur glorificateur.

Marcel Moreau
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix d’une lectrice peinte par un artiste inconnu de l’école suisse

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