vieillirons-nous ensemble au pas de la porte
têtes couvertes de branches blanches et de corbeaux oubliés
nos plaies confondues sous un soleil pâles mains effilées
momies d’un amour qui nous ressemble
ton bras à mon bras mon épaule contre la tienne
merveille alors de s’éveiller comme on ressuscite
le matin n’a pas une ride sur la peau des draps
viens sortons au grand jour la rue n’a point d’âge pas encore
tu ne dis rien près de tes lèvres le souffle se fait rare
j’écoute pour la millième fois le commencement du monde
le temps se déplie s’explique en espace le lait tinte aux yeux du laitier
est-ce l’hiver est-ce l’été nous ne savons plus entre nous l’instant tombe
des moineaux fusent de rire les journaux crient à tue-tête nos veines si bleues se répondent
tremblerons-nous ensemble au bout du trottoir
transis de nous voir enfin ombres illuminées
Jacques Brault, dans Poètes du Noroît
*choix de la lectrice d’Ambrose McEvoy