À cause d’une plaque du Massachusetts
Ce soir, peut-être parce qu’avec Danielle, le mot Cape Cod a été prononcé, je rêve de Hyannis. Premières vacances dont j’aie encore des images un peu floues, puisque je devais avoir trois ans; dernières vacances avec mes parents quand j’en avais 18. Et quelques séjours entre les deux dates.
Souvenirs de la plage, du village où on peut aller d’une galerie à l’autre et rencontrer des artistes, des bateaux qu’on regardait au loin avec des jumelles, et des vagues qui nous berçaient toute la nuit. Souvenirs heureux, images douces que celles de ce Massachusetts, au large de Boston.
C’est là, sûrement, que mes parents nous ont raconté Kennedy, en nous montrant là-bas, au bout du doigt, les chalets des divers membres du clan. C’est là que j’ai appris qu’on assassine des présidents et que les énigmes restent irrésolues. C’est là, donc, que j’ai appris l’impuissance des uns et la puissance des autres. Et c’est depuis que je sais qu’il y a des choses que je ne comprendrai jamais, des éléments qui ne s’expliquent pas, ou que n’on veut pas expliquer.
Mais ce soir, malgré l’anecdote qui fait réfléchir et sur laquelle je pourrais m’étendre longtemps, c’est aux vagues que je préfère penser, et encore plus aux couchers de soleil sur l’eau. Car ce soir j’ai envie de paix et de tranquillité. Car ce soir j’ai envie de fuir dans mes rêves et de ne pas chercher plus loin qu’une image heureuse. Et j’ai choisi Hyannis parmi tant d’autres, à cause de ce Cape Cod évoqué aujourd’hui, parce que Danielle et moi avons croisé une voiture qui affichait une plaque du Massachusetts.
Il faut peu pour mettre la machine à rêves en marche. Du moins, pour moi.