En vos mots 336
En ce dimanche, j’ai eu envie de vous offrir une scène amusante. C’est ainsi que j’ai choisi celle imaginée par Susan Macartney-Snape, qui m’a beaucoup fait sourire. Puisse-t-elle vous inspirer des histoires débridées dont nous nous régalerons dans sept jours alors que tous les commentaires reçus seront validés en bloc.
J’ai déjà hâte.
À dimanche prochain!

Le téléphone sonne,
La chatte se pomponne,
Un oiseau fredonne,
Des livres à la tonne
S’empilent en colonnes,
Les moutons floconnent,
Les saletés bourgeonnent,
La bonne abandonne.
Des miettes de biscuits,
Un thé refroidi,
Des croûtons rassis,
Des crottes de souris,
Encore dans son lit,
En après-midi,
Mademoiselle Lili
Adore son fouillis!
Commentaire by Puff — 20 septembre 2013 @ 6:23
Mais oui, chérie, tout va bien ! Tu devrais voir ma nouvelle acquisition : su-bli-me ! Le taffetas, les broderies, la dentelle, je ressemble à une fée, même Toutou en est tombé dans les pommes. Le bal de madame Jacques ? Ah non, quand même, je donne une réception chez moi. En octobre, mon « Musette et Canine », c’est un classique, voyons ! Les plus beaux chiens du pays attendent l’évènement avec impatience, je ne saurais les décevoir !
Commentaire by Topinambulle — 21 septembre 2013 @ 8:39
» Allo, allo!!
Encore cette maudite tonalité au bout, personne ne me répond!!
Allo, mamie est-ce toi ,oui, c’est bien ta voix! Cela fait plusieurs
fois que j’essaie d’appeler, et toujours, toujours cette tonalité qui résonne dans le vide.
Je voulais tant te parler, te dire comme tu me manques, ici,
je ne comprends plus rien, tout se dérobe sous mes pas, je n’arrive plus à savoir si je suis entre la terre et le ciel…
Ce livre qui me hante, ces belles endormies, je te vois sur ton lit,
allongée, dormant tranquillement et mon corps flottant au-dessus, légère,
et puis non, c’est moi qui suis allongée et toi qui me regarde de la haut, je ne sais plus si je rêve, tout s’inverse et se mélange sans arrêt.
Le passé, le présent, j’ai quatre ans, je suis au bord de la plage de l’eau plein les poumons, j’ai quarante ans, je suis dans la remise de ce magasin avec cette femme qui crie, et des gens qui se penchent sur moi,
je veux juste respirer, non! non! ce n’est pas cela, j’ai seize ans et la pensée en perpétuel mouvement de révolte. Tous ces mots qui m’assaillent de partout, tombent, et sortent des pages des livres et me recouvrent de lettres.
je voulais te dire aussi » F » m’a conseillé d’aller consulter ce docteur,
une thérapie par les images, il semblerait que cela pourrait fonctionner
sur moi, c’est amusant tu sais, ce docteur, je crois qu’il est d’origine japonaise, du moins son nom!
Je voudrais être un buveur de temps…
Oh!!! je vais raccrocher, j’entends des pas, une voix dans le couloir! »
« A qui téléphones-tu, à cette heure là? »
« J’appelais ma mère, mais elle ne répond jamais au téléphone!! »
Commentaire by haïku — 22 septembre 2013 @ 1:33
J’avais toujours rêvé de me rendre utile là où plus personne ne voudrait se perdre. Dans ces contrées presque oubliées des vivants où tout le monde m’avait chaleureusement déconseillé d’aller. J’entends encore souvent la voix rauque de mon père : Tu ne vas quand même pas t’enfoncer dans ce trou perdu… Tu n’as pas fait des brillantes études pour ça. Tu mérites mieux.
Eh ben oui. J’avais fait des études pour ça. Pour me rendre là où j’avais le sentiment d’être utile. Où j’avais la certitude qu’être médecin signifiait l’espoir tout en faisant naitre le sourire de tant des gens que ceux de la ville méprisaient par leur indifférence.
Certes, cla n’a pas été toujours facile. Certaines nuits, je me suis posé des questions. J’avoue même que je me suis demandé quelquefois si mon vieux grincheux de père n’avait pas raison. Mais non. Il n’avait pas raison. D’ailleurs, ce vieux grincheux arrogant de médecin qui savait toujours tout avait si peu de fois raison.
Que dirait mon père s’il apprenait qu’on confondait son médecin de fils avec un vulgaire vétérinaire, lorsque dans mes déplacements on profitait de ma présence pour me demander de jeter un coup d’œil à une jument, une vache ou une chèvre qui n’allait pas très bien.
Mon père serait mort de honte. Moi, cela m’amusait. Cela me donnait une raison d’exister. De me sentir vivant. D’être libre. Utile. Heureux.
Depuis quelque temps, plus rien n’arrivait à m’étonner vraiment dans le petit village. J’étais Le Médecin avec des majuscules dans le sourire des braves gens qui gagnaient durement leur vie sans jamais se plaindre.
Enfin, quand je dis « personne », c’est bien sur sans compter avec Mathilde de quelque chose. Une prétendue comtesse qui, comme disait monsieur Antoine, était moitié bizarre, moitié folle, moitié amusante.
Et ce dimanche-là, j’ai eu la preuve de sa folie.
J’ai été appelé en urgence par ses domestiques qui avaient reçu l’instruction de ne rien me dire. Lorsque que je suis entré dans sa chambre et l’ai vue couchée, entourée de ses livres et journaux, j’ai eu l’inquiétude de me demander si la malheureuse était en souffrance depuis des jours.
Mes inquiétudes ont été vite défaites lorsque la brave dame m’a rassuré pour me dire que ma présence n’avait pour seul but que celui de lui servir de témoin testamentaire, puisque cette fois-là, elle avait décidé de léguer tous ces biens à ses 15 chiens et 38 chats…
« Quelle belle idée avez-vous eue, Madame Mathilde. Je parie que mon père serait heureux de l’apprendre », lui ai-je répondu en souriant.
Commentaire by Armando — 22 septembre 2013 @ 8:20