Lali

Le but d’une existence est d’abolir l’ignorance. (Bernard Werber)

*illustration de Francesca Capellini

J’ai déjà été

Au-delà de l’échelle de l’aube
les mesures perdent leur forme
retiennent la substance du feu.
J’ai flambé ta peau
hors de l’inexploré
par-delà le jour.
Ce corps semait du vent
aux quatre coins de mon temps.
J’ai déjà été
gemme parmi le désert
éphémère dune de rêves militaires
qui vacille aux turbulences de tes soupirs.
J’attends que tu épelles l’alphabet
annoncé par Khépri sur les pierres de l’Égypte
j’espionne le son qui se clôt dans ta nudité.
Mon pardon ne se mêle pas à ta voix morte
ni n’essouffle ton être, il laisse la rue
le temps d’une métamorphose.

Odelin Salmeron, L’alphabet des étoiles

*choix de la lectrice de Randolph Stanley Hewton

J’ai croisé une sculpture faite de tiges de métal rouillé, des fleurs et un gîte qui m’a semblé fort accueillant.

Ah! ce que j’aime le travail de Christian Shloe, artiste que m’a fait découvrir Gisèle il y a un moment et dont les coquelicots envoyés par Danièle ont tout pour me plaire.

Si tu es capable de passer une après-midi sans rien faire, de façon totalement futile, tu as appris à vivre. (Lin Yutang)

*illustration de Gabriel Caprav

Désir

Tes mains cherchent les chemins de ma peau
et une ligne d’éternité marque la frontière
de ma transfiguration.
Tes lèvres ne brisent cette accolade lascive
seule la jouissance finale nous apporte le calme.
Je ne dors plus
qu’en l’architecture de tes draps.
Je détrône l’eau
et mon silence domine le crépuscule.
Joins encore mon torrent
abandonne-toi incrusté dans mon corps
je tourne la clef de l’innocent territoire charnel
étoile en main, en sondant tes entrailles.
Ma bruine t’arrive comme baume diffuseur de lumière.

Odelin Salmeron, L’alphabet des étoiles

*choix de la lectrice de Karl Hofer

Dans le jour qui n’est plus, repenser à l’après-midi. À cette dame de 96 ans, seule dans sa grande maison. Seule et heureuse, au milieu de ses souvenirs, ceux qui la font sourire quand elle les évoque et que nous voilà ramenés des années et des années en arrière. Seule, mais pas seule, entourée d’objets qui, quand elle les caresse, la transporte dans ces lieux où ses pas l’ont portée jadis.

La vie ne s’est pourtant pas arrêtée pour elle. Loin de là. Un arrière-petit-fils est né il y a une semaine. Il y a les cardinaux et les geais bleus à nourrir. Et puis, c’est l’heure de servir les bouchées aux fruits de mer qu’elle a préparées et de servir le rosé.

Je revois chacun de ses gestes, le regard qui pétille autant que les bulles du vin, la main qui ne tremble pas, même si les jambes sont moins agiles. Et je souris.

Aujourd’hui, j’ai rencontré Adrienne.

*toile d’Elena Bryksenkova

Sayaka, une jeune Japonaise de douze ans, a choisi de me présenter les héros de son enfance. Personnages de la littérature pour enfants, ils s’appellent Guri et Gura. Certaines de leurs aventures ont été publiées aux éditions Autrement.

Le commencement de l’amour est de laisser ceux que nous aimons être totalement eux-mêmes, sans les modeler à notre image; car sinon nous n’aimons que le reflet de nous-mêmes que nous trouvons en eux. (Thomas Merton)

*toile d’Ulisse Caputo

J’ai déjà dressé les trajectoires
et sous le brouillard du silence
se faufilait la blessure
qui ouvrait l’avenir
entre l’insomnie et l’oubli.
Mes yeux sont devenus
cicatrices d’une ville
à l’heure où on a séquestré
ma mémoire.
Si tu es à Montréal
pense à l’amour
palpitant entre les rues de mon corps.
Si tu passes par Montréal
au cœur de ses murs
les chansons déposeront sur ta chevelure
mes rêves.

Odelin Salmeron, L’alphabet des étoiles

*choix de la lectrice de Jonas Holman