Je crois que ça s’appelle un coup de foudre, un énorme coup de foudre. Je ne vois pas d’autre mot pour exprimer ce que j’ai ressenti à la lecture du très album de Gérard Moncomble illustré par Barroux, Les trois notes d’Hyppolite Isocèle, mettant en scène un joueur de triangle qui n’a que trois notes de triangle à jouer et qui s’ennuie tant quand elles ont été jouées qu’il finit par s’endormir. Au fond, même si elles arrivent toujours quand elles doivent arriver, même si elles sont toujours claires, qui les entend? C’est ce que se demande Hyppolite à l’issue d’un concert où il est rentré chez lui triste, parce que « ses ting-ting-ting ne font pas assez de bruit ».
Il n’y a qu’une solution : changer d’instrument. Contrebasse, trombone, harpe, scie musicale, cornemuse et grosse caisse, Hyppolite les essaiera tous et ne trouvera en eux aucune satisfaction, que des désagréments. Ne lui reste plus, vraisemblablement, qu’à abandonner la musique. C’est alors qu’on sonne à sa porte. Tout l’orchestre est là qui le demande. Impossible de jouer sans triangle. Les trois notes sont un point de repère essentiel, aussi importants qu la rosée sur les fleurs.
Les trois notes d’Hyppolite n’est pas qu’un album dédié à la musique, c’est aussi un album sur le rôle de chacun, sur l’importance de de ce rôle, même s’il nous apparaît parfois minime. Un album sensible et émouvant qui est loin d’être dépourvu d’humour, et aux illustrations si belles qu’on aurait presque envie de découper l’album pour les coller au mur. Mais bon, on ne le fait pas. Un livre, ça se transporte et se prête beaucoup mieux que des affiches.
Titre pour le Challenge Des notes et des mots