Lali

7 août 2013

Chute 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Au chapitre de leur vie
avalanche de mots-matraques

D’une paupière à l’autre
rencontrer ses propres sens

On ne sait plus où est le ciel
ni en haut ni en bas
ni ailleurs
ni même ici

Claudine Bertrand, Chute de voyelles

*choix de la lectrice d’Henri Landier

Un musicien déchu

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:39

Il y avait longtemps que je n’avais eu l’occasion de côtoyer des personnages aussi survoltés, passionnés et empreints d’un idéal suranné que ceux de la nouvelle de Tolstoï parue en 1858, Un musicien déchu, qui met en évidence ce que l’on appelle volontiers l’âme russe, à laquelle est presque aussi impossible de donner une définition que la saudade.

Albert, un violoniste qui a tout perdu, son emploi, celle qu’il aimait et qui n’était pas éprise de lui, un toit et l’estime de lui-même, est ce musicien déchu auquel s’attache Délessov, un aristocrate qui voit en lui un violoniste d’exception qu’il faut à tout prix sauver de ses démons et de l’alcool tout en faisant en sorte que son immense talent soit reconnu à sa juste mesure.

Mais on ne sauve pas qui ne veut pas être sauvé. Délessov le savait en hébergeant Albert afin le remettre sur « le droit chemin », mais il espérait secrètement faire mentir l’adage. Or, Albert, dans sa désespérance, son errance, sa quête de plaisirs éphémères pour oublier la tristesse de sa vie, son goût (immodéré) pour la fête, ne tient pas à être sauvé de lui-même ni à échapper à la vodka et au vin qui lui permettent de sortir de sa torpeur.

Un musicien déchu ne sort pas de l’exercice que s’est imposé l’auteur, à savoir le portrait d’une âme profondément blessée, mais c’est un portait à la hauteur de celui qui a su dépeindre le peuple russe avec justesse, un écrivain qui avait un amour de la musique qui n’est pas sûrement pas étranger à celui qu’éprouve Délessov.

Un texte qu’on souhaiterait davantage connu.

Titre pour le Challenge Des notes et des mots

Anecdotes de libraire 77

Filed under: Anecdotes de libraire,Couleurs et textures — Lali @ 12:45

Les libraires le font. Les ex-libraires, aussi. Et certains bibliothécaires, paraît-il. Et beaucoup de lecteurs, j’en suis certaine. Et cela fait tellement partie de leur vie que tous ceux qui ont cette habitude ne pensent à peu près jamais à celle-ci.

Et c’est parce que je fais partie de ceux et celles qui ont cette curiosité que je n’ai pu m’empêcher de sourire quand j’ai été récemment confrontée à un de mes semblables alors que je lisais dans le métro.

J’ai bien senti le regard. J’ai vu les contorsions. Tout en faisant semblant de ne pas remarquer le jeu. D’autres y ont peut-être vu autre chose. Je savais ce que l’homme assis de biais cherchait à obtenir. C’était si simple.

J’ai pourtant pris mon temps. Lu quelques pages. Tout en espérant qu’il ne sorte pas du wagon avant moi.

Puis j’ai fermé mon livre et fait exprès de le tenir de manière à ce que le titre soit bien visible pour celui qui n’attendait que cela. Il m’a souri. Je ne sais si c’est parce qu’il avait enfin pu lire le titre ou parce qu’il connaissait ce livre.

Je ne saurai jamais si j’ai croisé un libraire, un ex-libraire tout comme moi, ou bien un simple lecteur.

*illustration de Brett Helquist

Ce que mots vous inspirent 985

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Et le commencement naît dans le silence d’un chemin. (Antonio Ramos Rosa)

*toile de Chauncey Homer