Lali

22 juillet 2013

Les vers de Rachel 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Le chaland quitte la rade au matin
passe entre nos mains de brume et de briques
elle est pour nous cette obstination des heures
un soleil en aumônière au-dessus du port
et toutes les quilles du fleuve percutant le ciel.

Mon amour à bout de nuits
nous avons remorqué des monuments de joie
mais désormais c’est la volonté de nos sangs
qui en échafaude à jamais la douleur

Rachel Leclerc, Demains

*choix de la lectrice de Joseph Laulié

Le 4 avril 1968

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:04

Stanké publiait il y a tout juste un an Mémoires d’une enfant manquée, le premier roman de Brigitte Pilote, un roman essoufflant mettant en scène une fillette qui n’a rien à envier à Louisiane et Georgia, les deux sœurs de Motel Lorraine, qui vient de paraître.

Memphis, tel est l’endroit désigné par le pendule de Sonia, qui gagne sa vie comme voyante au hasard de motels plus ou moins miteux où elle s’installe quelque temps avec ses filles, Louisiane dite Lou et Georgia, avant de quitter les lieux précipitamment en laissant une ardoise derrière elle. Il en est ainsi depuis ce jour d’avril 1968 où elle a commis l’irréparable. Ce jour-là, elle a offert à Louisiane une petite sœur. Une petite fille qu’elle a volée à sa mère sous les yeux de celle-ci. Non pas pour demander une rançon, mais parce qu’elle avait envie d’avoir un autre enfant. Tout simplement.

Ce même jour d’avril, à des kilomètres de Montréal, Martin Luther King était assassiné au Motel Lorraine, à Memphis. Devant la chambre 306. Celle-là même qu’en ce jour de 1977 Sonia a décidé de louer malgré le drame qui s’y est déroulé il y a neuf ans. De toute façon, le pendule a décidé et elle n’a plus rien à perdre; il y a si longtemps qu’elle a choisi l’errance.

Pour Lou et Georgia, laissées le plus souvent à elles-mêmes, c’est l’occasion de se lier non pas avec d’autres enfants, mais des adultes : Jacqueline, la femme de chambre du motel; Lonzie, son frère photographe qui a fait un séjour en prison; Grace, la directrice de la chorale; et quelques autres dont nous apprendrons le parcours de fil en aiguille, à mesure que se préciseront les choix de vie des deux sœurs.

Si l’aînée a choisi de se priver de nourriture afin de correspondre aux nouveaux critères de la beauté féminine qui n’ont guère changé depuis cette époque, ce qui devrait lui permettre de participer au Carnaval de coton annuel, la benjamine à la voix enchanteresse veut à tout prix se démarquer grâce à sa voix et se tailler une place de choix au sein de la chorale locale.

Dans cette ville où les mots de Martin Luther King traînent encore, presque quinze ans avant que le Motel Lorraine ne devienne le National Civil Rights Museum, se joue le destin de trois personnes qui ont dit ou diront, à l’instar du pasteur, I had a dream…
Un rêve. Sonia, Lou, Georgia en avaient un, propre à chacune.

Brigitte Pilote, qui n’a jamais mis les pieds à Memphis, a choisi d’y camper son deuxième roman, un roman qui possède un rythme soutenu plutôt que la vitesse grand V déstabilisante du premier et qui nous propose un regard sur une époque, lequel démontre un sens de l’histoire aigu et avisé.

Avec Motel Lorraine, dont les héroïnes sont attachantes, l’auteure nous livre un roman psychologique qui tient la route, si on oublie le fait que les petites semblent très bien se débrouiller en anglais sans qu’on sache pourquoi. Après tout, ce détail est-il si important? Motel Lorraine mérite qu’on s’y arrête et peut laisser croire que le troisième roman de Brigitte Pilote sera encore meilleur.

Texte publié dans

Un peu de tango?

Filed under: Trois petites notes de musique — Lali @ 12:40

Allez, ne soyez pas timides! Laissez-vous séduire par El Fuego, le CD marquant le 25e anniversaire du groupe québécois Quartango.

D’abord, par Cafetin de mi Barrio :

Puis, par Lo Que Vendra :

Et finalement, par Adios Muchachos :

Alors? Conquis?

Ce que mots vous inspirent 973

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Ne jugez rien sur l’apparence, ne jugez jamais rien que sur des preuves. Il n’y a pas de meilleure règle. (Charles Dickens)

*toile de Rae Andrews