Lali

11 avril 2010

Lettres à MD 7

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Chère Marguerite,

Très souvent, je pense à vous, je vous sens présente dans la vie, extrêmement vivante, j’imagine comment vous auriez réagi à tel événement, je crois que vous auriez plaisanté ou hurlé, ou ri – j’ai votre rire à l’oreille, par exemple dans ce merveilleux avec des enfants, que j’écoute toujours avec joie. Je tente de ne jamais oublier votre mot d’ordre : « C’est pas la peine de savoir où l’on va, faut y aller. » J’ai des pages entières de vous en mémoire, mon bagage de secours, mon « par cœur». Je me sens aimée, dans vos livres, je me sens comprise.

(extrait d’une lettre de Camille Laurens, in Lettres à Marguerite Duras)

*toile de Jacqueline Brochu

Lettres à MD 6

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Mais de l’amour, justement, toi qui en avais tant manqué dans ton enfance et qui en avais tant parlé, tu n’en avais pas pour tout le monde. Aimant, mais pas universellement. Amante, mais pas sainte. Amoureuse, mais peu charitable – en particulier pour les confrères, même les plus grands, surtout les plus grands. En dehors de quelques morts dont ton cher Michelet et de ceux qui écrivaient du bien de toi, Blanchot ou Lacan, qui a jamais trouvé grâce à tes yeux?

(extrait d’une lettre de Dominique Noguez, in Lettres à Marguerite Duras)

*toile de Curt Bailey

Lettres à MD 5

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Je veux seulement vous dire que vous êtes encore là, dix ans après le 3 mars 1996. Cette lettre a pris une autre voie, mais s’est écrite pourtant facilement. Et comme pour beaucoup, parler de Marguerite Duras c’est parler de soi, de sa relation – forcément intense – avec elle. J’ai parlé de moi et je m’excuse si je vous ai ennuyée. Je ne vous dis toutefois pas à bientôt puisque vous lettre toujours là.

(extrait d’une lettre d’André Roy, in Lettres à Marguerite Duras)

*toile du peintre suisse Albert Anker

Lettres à MD 4

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Chère MD,

Vous ne vous en souviendrez plus.

Pourtant nous nous sommes déjà rencontrés. Comment donc pourriez-vous vous le rappeler alors que je n’en garde aujourd’hui qu’un souvenir confus et sans doute bien trompeur. C’était à Montréal. Au début des années quatre-vingts. Vous y étiez venue pour un événement concernant votre cinéma. Jusque-là, je ne crains pas vraiment de faire fausse route. Comment ce soir-là nous sommes-nous retrouvés à la même table avec plusieurs autres, déjà voilà qui est bien moins clair…

(extrait d’une lettre de Normand de Bellefeuille, in Lettres à Marguerite Duras)

*toile de Carl Aldana

Lettres à MD 3

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Mots de vos livres, mots de vos films, mots de vos poèmes dramatiques destinés à la scène théâtrale, avec eux tous, jours après jours, nuits après nuits, vous avez construit des passerelles, des ponts, passages, garde-fous, un chantier inédit fait de bric et de broc et d’éclats de beauté, échafaudages risqués au-dessus du vide, échappées et reculs, subterfuges et dissimulations mais toujours, et patiemment sur le métier, ces explorations fictives dans un seul but, évident, transparent je dirais, une seule finalité faite d’épreuves et sans preuves : un souci constant de toucher la vérité. L’humaine vérité de la condition.

(extrait d’une lettre de Madeleine Gagnon, in Lettres à Marguerite Duras)

*toile de Paul Hutchison

Lettres à MD 2

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Ménerbes, France, mai 2006

Chère Marguerite,
Comme tu le sais, ce n’est pas rare que je te parle. Cela m’arrive quand je me trouve dans une situation qui autrefois nous aurait intrigués ou fait rire. Comme la fois où, en route pour passer un week-end avec Ugo Vittorini, le frère d’Elio, près de Livorno, un immense camion venait d’en face, portant la mention « convoi exceptionnel ». Tu as souri en me disant que la première fois que tu avais vu ça sur les routes, tu avais attendu avec impatience l’arrivée d’éléphants, de girafes, de lions et de danseuses, et non la machine géante pour creuser la terre qui suiivait…

(extrait d’une lettre de Joe Downing, in Lettres à Marguerite Duras)

*toile de Tom McAndrew Jr

Lettres à MD 1

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Elle a compté pour nombre d’entre nous, elle compte encore pour beaucoup. Elle est celle à laquelle on retourne toujours. Parce que c’est Duras, cette jeune femme, héroïne de L’amant, cette vieille dame, le regard voilé par des lunettes, qui ne mâchait pas ses mots. Unique, incontournable, parfois insondable, mais là. Encore là, toujours là. Même si 14 ans ont passé depuis ce jour de mars où elle nous a quittés, en laissant derrière elle ces livres dont on ne se départira jamais. Même si on ne les lit plus, ou rarement. Mais parce qu’ils ont compté, parce qu’ils nous ont nourris et qu’on a besoin de les savoir à proximité, sur une tablette ou sur la table de nuit.

Et parce qu’elle a compté, qu’elle compte toujours, la journaliste Danielle Laurin a réuni dans Lettres à Marguerite Duras ceux et celles qui ont bien voulu parler d’elle ou lui écrire.

Certains l’ont rencontrée, d’autres pas, mais pour tous, elle a une signification, un sens, une raison jusque dans leur propre écriture ou dans leur démarche de créateur.

C’est donc à un dimanche avec Duras, Marguerite, que je vous convie grâce à ces lettres ou confidences tirées du recueil colligé par Danielle Laurin où des lectrices portant des lunettes, en commençant par celle peinte par Andrew Morton, viendront vous offrir, parce que de Duras il nous restera toujours cette image d’elle derrière des verres.

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