Sonnets portugais 10
C’est ce soir que nous refermerons le recueil d’Elizabeth Barrett Browning. Elle qui fut muse pour celui qui découvrit la poète bien avant la femme. Elle que l’amour de Robert Browning n’enferma jamais. Elle qui eut cette chance de vivre un amour qui allait irradier sur ce que chacun allait écrire, un amour qui fait grandir et inspire. Un amour qui allait inspirer les Sonnets portugais avec lequel la lectrice peinte par August Blankestein partira ce soir, non sans avoir choisi un dernier poème pour nous :
Comment je t’aime? Laisse m’en compter les formes.
Je t’aime du fond, de l’ampleur, de la cime
De mon âme, quand elle aspire invisible
Aux fins de l’Être et de la Grâce parfaite.
Je t’aime au doux niveau quotidien du
Besoin, sous le soleil et la chandelle.
Je t’aime librement, comme on tend au Droit;
Je t’aime purement, comme on fuit l’Éloge.
Je t’aime avec la passion dont j’usais
Dans la peine, et ma confiance d’enfant.
Je t’aime d’un amour qui semblait perdu
Avec les miens – je t’aime de mon souffle
Rires, larmes, de ma vie! – et, si Dieu choisit,
Je t’aimerai plus encore dans la mort!