Sonnets portugais 9
La lectrice peinte par WenQuan Liu n’aurait peut-être jamais parcouru les Sonnets portugais d’Elizabeth Barrett Browning si elle n’avait croisé mon chemin. Il en va ainsi de ces rencontres que j’imagine, que je provoque entre lectrices du soir et recueil du moment, duquel elle a copié ces vers :
Je pense à toi! – mes pensées t’enveloppent,
Comme la vigne sauvage, autour d’un arbre,
Étend ses feuilles, et rien n’est plus visible
Sinon le vert épars qui cache le bois.
Pourtant, ô mon palmier, comprends bien que
Mes pensées ne prendront pas ta place, toi
Qui m’es cher, plus cher! À l’instant, plutôt
Renouvelle ta présence. Comme un bel arbre,
Fais bruire tes branches et dénude ton tronc,
Et laisse ces liens de verdure qui t’étreignent
Tomber, lourds… brisés, éclatés, partout!
Car, dans la joie de te voir, de t’entendre,
De respirer dans ton ombre un air neuf,
Je ne pense pas à toi – je suis trop proche.