Lali

18 avril 2008

Les larmes du bonheur

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:58

puy1
puy2

Tandis qu’elle va de la fenêtre au lit, emportant avec elle un livre qui lui vient de lui, elle pense au bonheur. Au bonheur qu’il lui donne. Au bonheur qu’elle espère être en mesure de lui donner. Parce qu’elle a beaucoup lu. Trop?

Dans tous ces livres, dans toutes les histoires revient ce bonheur qui vient de l’autre. Ce bonheur qu’on a à être heureux avec l’autre. Ce bonheur qu’on voudrait être pour l’autre. Ou même, cette affirmation qu’un jour, nous sommes en mesure de faire le bonheur de quelqu’un.

Et pour la première fois, la lectrice de Jean Puy croit à tout ce qu’elle a lu sur le bonheur. À un point tel que son cœur se remplit d’un tel bonheur à cette perspective que ses larmes jaillissent et coulent sur les pages du livre.

Le bonheur, l’immense bonheur, l’assurance du bonheur, font parfois de ces choses qui, de l’extérieur, peuvent donner une autre image. Les larmes ne sont pas que tristesse. Les larmes sont bonheur. Elles lavent les plaies, les doutes et les peurs d’autres époques. Elles éclairent le regard et le rendent plus brillant. Les larmes font d’elle une vivante au pays du bonheur.

Où qu’elle soit, où qu’elle aille

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 19:46

jg brown

Où qu’elle soit, où qu’elle aille, au bout du monde ou au bord de la digue, dans la pièce voisine ou en expédition, la lectrice de John George Brown est sûre d’une chose : « L’amour est la seule chose qu’on emporte dans l’éternité. » (Antonine Maillet)

Rêver à une plage ne coûte rien

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 17:48

aa2

aa1

Il fait si beau qu’on aurait presque envie de partir pour la plage des lecteurs du peintre argentin Alfredo Antognini. Ou pour n’importe quelle plage. Même si la neige traîne encore ici et là, pas encore toute fondue. Rêver ne coûte rien… Rêver à une plage, non plus.

Une chanson dédiée aux amis du pays de Lali

Filed under: Trois petites notes de musique — Lali @ 12:50

fugain

Je ne crois pas que Michel Fugain ait besoin d’être présenté. Il fait partie de notre paysage musical, de ce paysage rassurant vers lequel on se tourne toujours.

Je ne le présenterai donc pas. Je vais plutôt vous laisser écouter Le chevalier des causes perdues, qui est de toutes ses chansons ma préférée. Et surtout, vous la dédier. Car il me semble intuitivement que les amis du pays de Lali ont été ou sont, ou les deux, de la même race que ce chevalier…

Le chevalier des causes perdues
S’est arrêté un jour dans ma rue
Il était fait de larmes et de sang
Ce géant, sur un grand cheval blanc

Le chevalier des causes perdues
Nous a parlé d’un monde inconnu
Qu’il connaissait et qu’il appelait
L’amitié

Il nous a expliqué
Qu’il suffit d’un petit grain de sable
Pour dérégler la machine implacable
Et moi je rêvais d’être ce grain de sable
Qui enfanterait un monde formidable…

La ville entière s’était rassemblée
Pour le faire taire et pour le chasser
Ce trouble-fête ce sale étranger
Ce fumier qui chantait l’amitié

Je suis allé lui tendre les mains
J’en avais fait mon meilleur copain
Je lui ai dit toi qui parles bien
Parle encore.

Toi qui nous a montré
Qu’il suffit d’un petit grain de sable
Pour dérégler la machine implacable
Laisse pas tomber tu es ce grain de sable
Qui va enfanter un monde formidable…

Le chevalier des causes perdues
A disparu au coin de la rue
Si par malheur il ne revient plus
C’est foutu.

Celle à qui je faisais des tresses

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 10:48

fincher

Elle a un jour été cette petite fille peinte par Kathryn Andrews Fincher, à qui j’apprenais à lire, à qui je faisais faire ses devoirs et qui traçait maladroitement des lettres dans son cahier. Je lui faisais des tresses ou des couettes, selon le goût du jour. Un samedi ou un dimanche sur deux. Puis plus souvent, parce que ça n’allait pas toujours bien chez elle et qu’elle aimait se retrouver collée contre moi, dans le calme. Sans les cris.

On lisait, on fabriquait des objets inutiles et décoratifs, on faisait des tartes, on écoutait des films, on faisait du camping dans le salon, elle me chuchotait des secrets. Et puis, on se taisait dès qu’il franchissait la porte. Il n’était plus ce clown qui avait le soleil dans son ventre qu’elle avait dessiné quand elle avait cinq ans.

Elle grandissait trop vite. Elle voyait des choses que les enfants ne devraient pas voir. Sa mère qui remplaçait ses pilules qui stabilisaient son déséquilibre mental par du vin. Son père qui, entre deux gorgées de bière, s’en prenait à l’humanité toute entière qu’il estimait responsable de tous ses malheurs.

Elle était plus adulte qu’eux deux. Et ne pouvait être une petite fille qu’avec moi. Pas aussi longtemps qu’elle aurait dû l’être. Parce qu’à douze ans, elle était la mère de sa mère. Une mère qui sombrait. Si bien que ses deux filles ont demandé d’aller vivre chez leur père respectif après une énième tentative de suicide de leur mère.

Je n’ai pas pu refuser. Même si je savais qu’elle verrait des choses dont je voulais la protéger. Ce père qui ne serait jamais responsable. Ce père avec qui j’avais peur de la laisser seule, parce que je ne savais pas quelle lubie allait allumer le peu de jugeote qu’il lui restait.

Elle n’a raté aucun drame, aucun excès de folie. Un jour, alors qu’elle avait quatorze ans, elle m’a regardée d’un regard que je n’oublierai jamais. « Sauve ta peau. Je n’ai pas besoin de lui pour continuer à te voir. Tu m’as donné assez pour que je me débrouille dans la vie. »

Je l’ai revue pendant un moment. Elle me restait attachée. Puis, elle a eu sa vie à elle. Son premier amour à quinze ans, le fruit de cet amour neuf mois plus tard. Elle se débrouillait. Plutôt bien. Elle disait que je lui avais appris à être forte. Puis, elle a fui le père de son fils. Entre l’école et l’enfant dont elle s’occupait, elle trouvait même le temps de veiller sur sa mère.

Un jour, elle est venue me présenter un garçon. Et je ne l’ai plus revue. De temps en temps, la dernière fois il y a deux ans, elle téléphonait. Pour me dire merci de tout ce que j’avais fait pour elle. Qu’elle me porterait toujours dans son cœur.

J’ai croisé Chrystine hier. Avec le même garçon. Elle sortait de l’hôpital, un bébé sous le bras. Shelby, si j’ai bien compris. J’ai compris que c’était son troisième enfant. Et j’ai vu son visage rayonnant. Visiblement, j’avais devant moi une jeune femme épanouie. De vingt ans et quelques mois. Mère de trois enfants. Je ne sais pas si c’est le courage ou l’inconscience qui la pousse ainsi à donner ce qu’elle a si peu eu. Et tandis que je m’éloignais, une larme a coulé sur ma joue. Avais-je raté quelque chose pour qu’elle se précipite ainsi dans cette vie à l’âge de l’insouciance de la jeunesse ou devais-je être fière d’elle?

Celle qu’elle était

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:09

jean_d

Elle était la lectrice de Jean D’Ésparbès. Cette lectrice qui tournait les pages, mais qui ne rêvait presque plus. Cette lectrice qui se disait qu’elle ne vivrait jamais la vie des livres. Cette lectrice qui se disait que jamais elle ne croiserait un homme comme il y en a dans les romans. Pas un de ces héros de romans roses, non. Juste un homme capable d’aimer. Pas un de ces hommes trop beaux qui les font toutes craquer. Juste quelqu’un qui reconnaîtrait sa sensibilité.

Elle était cette lectrice. Pas tout à fait revenue de tout. Mais presque. Avec cette tristesse dans les yeux des femmes qui n’osent plus rêver. Jusqu’à ce que quelqu’un la sorte de ses livres. Jusqu’à ce ce quelqu’un s’intéresse vraiment à elle et qu’il entre dans son univers.

Et elle s’est mise à sourire. À danser sur les trottoirs. À chanter la vie. À être heureuse. Et il l’a regardée avec les yeux tout aussi pétillants de bonheur.

Et alors qu’elle est bien loin de cette lectrice qu’elle était, alors que les livres ne constituent plus une forme d’isolement et de repli, parce qu’elle les partage avec lui, lui vient parfois cette peur de redevenir un jour celle-là. Parce qu’elle sera si bien avec lui, si elle, qu’il découvrira peut-être des choses qu’il aimera moins, qui le désarmeront. Au point de…?

Il lui arrive d’y penser. D’imaginer qu’un jour elle reprendra la pose. Et puis, elle se dit que non. Qu’elle ne sera jamais celle d’avant. Qu’il ne pourra pas laisser s’éteindre cette moitié de lui sans lui aussi mourir un peu.

Ça y est!

Filed under: Vos traces — Lali @ 7:31

denise_45

Je crois que ce coup-ci, ça y est. On va doucement et sûrement vers le printemps et même vers l’été. 10 degrés ce matin, 25 cet après-midi. J’attends maintenant l’arrivée de fleurs aussi jolies que celles photographiées par Denise… Impatiemment!

Lire comme s’il s’agissait d’écrire

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:17

tg2

La lectrice de Trent Gudmunsen lit. Lit. Lit. Lit.

Parce que… Lire : ou faire le tri dans la masse noire des mots, lire comme s’il s’agissait d’écrire au fur et à mesure que les mots dessinés par un autre avancent sous le regard. (Nicole Brossard)

Tout sauf banal

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 5:02

kmetty

Il n’arrête pas de lui dire qu’il est quelconque, banal, sans intérêt. Et pourtant, il sait qu’elle ne supporte pas qu’il parle de lui-même en ces termes. Mais il continue. Et il s’enferme dans ses mots. Ceux qu’il glane au hasard de ses lectures. Ceux qu’il trace sur des feuilles et des feuilles. Qu’il lui donne quelquefois à lire. Souvent. Presque tout le temps.

Or, le lecteur de Janos Kmetty est tout sauf banal. Mais il a du mal à croire qu’il ne l’est pas. Et encore plus à ses yeux à elle.