Lali

30 mars 2008

Extraits quotidiens 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:58

beth_k

Il n’est pas encore minuit. Et la lectrice de Beth Kappa a à nouveau ouvert le numéro de la revue Estuaire. Il n’a qu’à fermer les yeux et à se laisser porter les mots, par les images. Pour un troisième soir.

Des plaques de glace
S’accrochent aux arbres
La terre retient sa sève
Ce n’est pas encore
L’heure des bulbes éclatés
Le froid cède peu à peu
Sous la poussée de la lumière
Alors le fleuve se met
En dérive
Sur les berges verdies
Et le soleil qui descend

Les îles m’étreignent
Dans leurs alliances

(Louise Cotnoir)

Un livre qu’elle offrira souvent

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:44

david_s

Ça ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Des années, semble-t-il. Aimer un livre à un point tel qu’il donne envie de l’offrir à tous ceux qu’on connaît. Et le cœur de la lectrice de David Schock se gonfle de bonheur à l’idée que le livre ira chez l’un et chez l’autre, qu’il fera le tour, qu’il procurera des moments de bonheur à ceux qu’elle aime.

Et j’ai cherché dans mes souvenirs quels livres j’avais offerts plus d’une fois. Il y en a bien quelques-uns. Mais il y a aussi tous ceux que, du temps de ma vie de libraire, je conseillais inlassablement. Et mes souvenirs se mélangent. Ils me parlent de Nelligan, de Jacques Sternberg, de François Gravel, de Louise Dupré, et je ne sais plus quel livre j’ai offert le plus souvent.

Mais vous, dites-moi, y a-t-il un livre que vous ayez souvent offert?

Tremblante

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:04

criswell 1

Il y avait parfois des livres sur la table. Rarement. Et quand il y en avait, ceux-ci ne ne tournaient qu’autour d’un seul sujet qui la laissait froide, à savoir OVNI et tutti quanti. Quand bien même il avait mis une lampe pour les aviser qu’il était là, prêt à partir dans une quelconque soucoupe, elle faisait comme si rien de cela n’existait. Comme si cette folie qui avait gagné son cerveau à force de rouge, de broue ou de fumée, ne la concernait plus.

Elle n’avait pas été en mesure de calmer les démons qu’il entretenait. Et qu’il noyait soir après soir jusqu’à s’endormir sur la table tandis qu’elle s’emparait de la manette de la télévision pour éteindre l’engin. L’engin infernal qu’elle avait fini par détester dans un premier temps parce qu’elle aurait voulu parler, le sortir de son mal de vivre. Et qu’elle avait fini par aimer parce qu’elle n’avait plus à parler. On ne peut sortir quiconque de l’enlisement que s’il ne le veut lui-même.

Elle avait connu les urgences psychiatriques des hôpitaux. Elle l’avait entendu mentir à ceux qui tentaient de l’aider. Comme il lui mentait à elle. Comme il se mentait à lui avant tout.

Et elle culpabilisait. Parce qu’elle était impuissante. Parce qu’elle n’avait plus la force de le sauver. Parce qu’elle ne l’aimait plus et qu’elle n’était pas sûre d’avoir aimé l’homme. Elle culpabilisait. Elle s’était sentie responsable de lui à partir du jour où il avait dit qu’il l’aimait. Elle culpabilisait parc que des phrases de Saint-Exépury lui revenaient à l’esprit.

Et puis, elle se croyait forte. Et elle l’a été. Jusqu’à l’épuisement. Jusqu’à être sérieusement malade d’une maladie qui ne le concernait pas. Seul lui comptait. Et elle avait fini par croire qu’elle était une petite chose insignifiante, par croire qu’il avait pitié d’elle pour ne pas partir.

Les manipulateurs ont toujours les mots pour mettre leur victime à leur merci. Et si en plus la victime, sous le poids de chaque remarque insidieusement glissée au fil des semaines, des mois, des ans, finit par croire qu’elle n’est rien, le manipulateur aura beau jeu et pourra continuer sa démolition en règle. La victime n’aura plus la force de se défendre.

Et il y avait ce silence autour d’elle. Ce lourd silence. On compatissait, mais personne n’osait la sortir de sa torpeur. Elle était ruinée physiquement et mentalement. Mais personne ne savait à quel point.

Or, dans sa nuit noire, une main amie s’est tendue, inespérée. Et il n’y a plus eu d’homme endormi sur sa table. Le personnage peint par Warren Criswell était sorti du tableau.

Elle a ouvert les stores, a écouté ce qu’elle aimait et non plus Pink Floyd ad nauseam, qu’il avait fini par lui faire détester. Elle a à nouveau mangé des fruits de mer, du poisson, du foie de veau, des fromages qui puent, toutes ces choses qu’elle aimait et qu’elle avait dû mettre de côté. Et elle a déplacé tous les meubles. Donné toutes les photos à sa fille à lui.

Et la plupart du temps, elle ne se souvient pas de ces neuf ans d’une vie où elle a été la Mère Teresa d’un homme qui sombrait chaque jour davantage dans la folie et dans tout ce qui l’aggravait. Et s’il n’y avait pas eu cette vieille connaissance à lui, croisée par hasard, à qui elle n’a rien à dire et qui s’est empressée de demander si elle avait des nouvelles alors qu’elle n’en veut surtout pas, elle n’aurait pas tourné la clé dans la serrure, tremblante. Les fantômes ont parfois la vie dure. Surtout si on les sollicite. Mais il n’y avait ni Pink Floyd ni odeur de fond de barrique dans l’air.

Captivé

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 21:05

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Toute la journée, elle le suit des yeux. Où qu’il aille, le petit lecteur peint par Victoria Ekelund traîne un livre avec lui. L’un ne va pas sans l’autre. Depuis toujours. Depuis ce premier livre en tissu qu’on lui a offert alorsd qu’il n’avait que quelques mois. Aucun ours en peluche, aucune voiture, rien ne le captive longtemps. Sauf les livres. Qu’il ne veut pas quitter même à l’heure du sommeil. Si bien que soir après soir la maman ferme le livre et éteint la lampe de l’enfant endormi. Heureux.

La plus merveilleuse des cavernes d’Ali Baba de Montréal

Filed under: Couleurs et textures,Lieux de prédilection — Lali @ 14:53

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J’adore aller à la Grande Bibliothèque. C’est la plus merveilleuse des cavernes d’Ali Baba de Montréal. S’il n’y avait pas la restriction de quinze documents à la fois (dont seulement trois CD), je serais repartie les bras encore plus pleins…

Et un jour où j’aurai davantage de temps devant moi, je profiterai des fauteuils qui me semblent très confortables ou des tables aux jolis éclairages. Et je me mêlerai aux personnages peints par Bascove.

J’aurais tout fait pour lui plaire

Filed under: Couleurs et textures,Images indélébiles — Lali @ 14:10

iakovidis

J’aurais tout fait pour lui plaire. J’ai tout fait pour lui plaire. Surtout lire. Parce qu’il aimait les livres. Parce qu’il aimait les enfants à l’âge où ils savaient lire. Pas les bébés à qui on fait guili guili. Et j’ai appris vite. Les lettres, quelques mots. Et comme il était fier.

Et je m’installais avec mes lunettes de plastique qui me venaient de ma trousse de docteur. Le stéthoscope bidon n’était pas loin et je m’en servais de temps en temps entre deux paragraphes. Parce qu’on ne peut pas être sérieux tout le temps.

Aucun mot ne me rebutait. Je les prononçais plus lentement quand je n’étais pas certaine. Un truc que semble avoir adopté la lectrice de Georgios Iakovidis. Et quand j’avais fini l’article du journal, je recevais les plus doux des baisers. Ceux d’un grand-père à qui je plaisais. Je dirais même plus : qui m’aimait.

Les hommes en rouge

Filed under: Scènes livresques,Signé Armando,Vos traces — Lali @ 10:00

mundo

Sont-ils jumeaux? On ne le saura pas. On saura seulement qu’ils parcouraient la une des quotidiens d’un kiosque de journaux de Bruxelles sous l’œil vigilant d’Armando. Qui m’a précisé que celui de droite semblait attiré par El Mundo.

En vos mots 51

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

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Où va-t-elle ainsi? En voyage? Ou est-ce son train quotidien vers le centre-ville que la lectrice de Lisbeth Firmin attend ainsi? À vous de raconter en vos mots ce que cette scène évoque pour vous, à vous d’aller au pays de vos souvenirs ou d’inventer. La toile est vôtre pour une semaine. Comme chaque dimanche depuis bientôt un an…

À vous de la faire vivre. De lui donner d’autres couleurs, des sons, une lumière. Comme vous l’avez fait pour la toile d’Eastman Johnson qui a passé la semaine ici en attente de vos mots que je viens à l’instant de valider.

En vos mots existe à cause de vous. Pour vous. Pour nous, ses lecteurs.

À vous de prendre le train si la toile vous tente!

Comme si la neige était de la ouate

Filed under: Signé Lilas,Vos traces — Lali @ 7:10

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Comme sont douces et paisibles les photos prises par Géraldine. Comme si la neige était de la ouate…