Lali

9 mars 2025

En vos mots 933

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

J’ai eu un véritble coup de foudre pour les tableaux de l’artiste Katrina Pallon. C’est pour cette raison que j’ai choisi pour ce nouvel En vos mots la seule lectrice qu’elle a peinte afin que vous la fassiez vivre à votre manière.

Prenez le temps d’examiner chaque détail, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le remps d’écrire quelques lignes et de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier. C’est avec plaisir que nous vous lirons.

D’ici là, bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.

2 commentaires »

  1. Capucine a une passion. Ou deux, ou trois. Ou peut-être même davantage.
    Est-ce à cause de son prénom? Depuis toujours elle nourrit une véritable adoration pour les fleurs. Ce n’est pourtant pas du tout à cause de leur amour pour le végétal que ses parents l’ont choisi, ce patronyme floral, mais en hommage à une actrice que tous deux vénéraient. Actrice dépressive entre parenthèses, qui a fini par se jeter de son immeuble par peur de vieillir, à l’âge de soixante-deux ans. Capucine se demande si ses fragilités, voire ses angoisses, ne viendraient pas un peu de cet héritage. Quant à son père et sa mère, ils n’ont jamais été capables de faire pousser dans leur appartement le moindre embryon de plante verte. Peut-être est-ce pour cela d’ailleurs que Capucine semble vouloir exiger à ce point comme une sorte de réparation. Chez elle, pas le moindre recoin sans végétation. Dans son étroit logis, c’est l’opulence, la surabondance. Une espèce de forêt tropicale qu’elle entretient avec minutie, et sans modération.
    Une autre passion de Capucine, c’est la lecture. Au milieu de toutes ces corolles odorantes, de ces lianes en folie, de ces enchevêtrements de feuilles rondes ou découpées, duveteuses ou vernissées, elle est arrivée par miracle à installer des rayonnages emplis de livres en tous genres. Un passion trouve toujours le moyen de s’exprimer, la voie pour s’instaurer une place. Sur ces étagères, on déniche évidemment plein d’ouvrages sur l’horticulture et le jardinage. Mais aussi des poèmes, des romans, de l’art. Architecture, peinture sculpture. Quand Capucine ne soigne pas ses amies, c’est qu’elle est le nez plongé dans un bouquin. Ou alors en train de câliner ou nourrir ses félins! Car la troisième passion de Capucine, ce sont ses chats. Elle a commencé par un, puis deux, puis trois. Puis quatre. Et elle s’est arrêtée là. Car vraiment, ces animaux-là ont besoin d’espace pour vivre heureux. Elle aussi d’ailleurs. Et il n’est pas toujours facile de lire avec un camélia qui vous chatouille la joue ou le bras, ou avec un petit fauve ronronnant qui s’installe sur la page que vous êtes en train de lire, tandis qu’un autre miaule à fendre l’âme parce que sa gamelle est vide.
    Capucine pense avec satisfaction à ses passions, qu’elle est tout de même parvenue grâce à mille astuces à accorder. A défaut d’un homme dans sa vie, de la paix dans le monde, d’une existence où le temps ne serait plus compté, elle a pu déployer autour d’elle l’univers qui la représente, et qui est le sien. Et même si les emplacements viennent à manquer, elle effectuera encore un achat quand elle se rendra à la jardinerie. Elle rêve d’une passiflore. Des fleurs de la passion. Cela se doit ici! Car une passion réussit toujours à trouver sa place, à tracer sa voie. A se faufiler dans l’espace.

    Comment by anémone — 13 mars 2025 @ 13:19

  2. J’observais le monde de ma fenêtre. Tous ces gens qui s’en vont, aux premières lueurs, l’air maussade, et reviennent chez eux, au soleil tombant, la mine sombre.

    Je me suis parfois demandé, même si j’ai toujours connu la réponse, si je pouvais être heureux de leurs existences. Par bonheur, j’ai très tôt appris à puiser dans la plume des autres, les plus beaux souvenirs de mon enfance.

    Le monde, comme on le vit, m’ennuie. Me laisse apathique. Je l’ai toujours trouvé impersonnel. Insupportable. Peu porté à aimer le va-et-vient des saisons qui s’épuisent à force de se renouveler inlassablement. Je n’ai jamais aimé que le printemps et l’automne. Pour leur poésie. Il me semble que ce sont les seules saisons qui n’appartiennent qu’aux solitaires. Les autres saisons appartiennent à tous. Surtout à ceux pour qui les mots des poètes ne sont que fadaises.

    Pas étonnant que je me contente de peu d’amis et de quelques lectures où, les ailes déployées, je vole dans la malicieuse douceur des mots. Sans interdits. Ni tabous.

    Pour la folie heureuse de me sentir joyeusement éméché et, comme Apollinaire, lever mon verre, pour chanter au silence :

    Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
    Écoutez la chanson lente d’un batelier
    Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
    Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds

    Comment by Armando — 15 mars 2025 @ 6:21

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