Un roman qui heurte
La narratrice de Ma robe n’est pas froissée de l’auteure belge Corinne Hoex ne laisse rien paraître des coups et des humiliations qu’elle subit. Elle encaisse, garde tout pour elle, subit. Si les remarques désobligeantes pleuvent sur elle, c’est sûrement qu’elle est une mauvaise fille. Si ses parents l’agressent avec des mots, c’est qu’elle le mérite. Si son fiancé, dont les bonnes manières et la belle éducation plaisent à ses parents, la frappe, ce n’est pas grave. Un peu de fond de teint réparera le tout. Il suffit juste de ne pas sourire quand la bouche nous fait trop mal.
Il n’y a rien de gai dans le roman de Corinne Hoex, il faut en convenir. Il n’y a qu’une petite fille qui devient une adolescente puis une femme qu’on malmène, qu’on blesse. Et qui finit par accepter, ne comprenant pas les raisons de toute cette haine, de toute cette agressivité, par se taire et culpabiliser. Parce qu’elle n’est pas en mesure de se révolter. Parce qu’elle ne s’en sent pas la force. Parce qu’elle n’a aucun appui. Parce qu’elle n’a ni amis ni famille. Parce qu’elle ne se sent pas la force de fuir. Pour aller où? Vers d’autres blessures? Elle reste donc. Le fiancé disparu, le père décédé, il reste à la narratrice une seule chose : attendre la mort de sa mère pour que commence — peut-être — une nouvelle vie.
Non, il n’y a rien de gai dans Ma robe n’est pas froissée. Tout y est triste et nous heurte, l’écriture incisive et le pouvoir d’évocation de Corinne Hoex y étant pour quelque chose. Ce qui en fait un roman réussi mais à éviter les jours de spleen.
Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».


Lali, je ne sais pas si j’aurais la force de lire ce livre… Merci pour ton billet!
Commentaire by Denise — 18 juin 2011 @ 7:47
Je ne connais pas cet auteur, mais il est en effet insupportable de voir quelqu’un – dans la fiction ou dans la réalité – se résigner ainsi, sans arriver à se ressaisir.
Un moment, le sujet m’a fait penser à « Folle qui s’ennuie » de Robert Vivier, que je relirais volontiers. Bon week-end, Lali.
Commentaire by Tania — 18 juin 2011 @ 8:12
C’est une histoire de toute une vie, et toute une vie pour en sortir. Ma meilleure amie a parcouru ce chemin, persuadée que la faute venait d’elle même. En sortira-t-elle un jour ?
Commentaire by LOU — 18 juin 2011 @ 11:04
Comme Denise, pas certaine de lire ce roman.
Dans ma vie de soignante, j’ai entendu bien des confidences en ce domaine et pansé les plaies… gravées dans mon coeur à jamais.
Personne n’a le droit de juger.
Commentaire by Chantal — 18 juin 2011 @ 11:10