Un livre à caresser du bout des doigts
Il est des livres qu’on caresse du bout des doigts. Parce qu’ils sont beaux. Parce que le papier est d’une finesse telle qu’il demande la douceur. Parce qu’ils sont illustrés avec goût.
Jeu de reflets (Jogo de reflexos) de Nuno Júdice est un de ces livres. Un livre qu’on goûte. Dont on tourne les pages avec délicatesse. Un livre qui n’est nulle autre chose qu’un bijou.
Cette édition bilingue, magnifiquement illustrée par des peintures de Manuel Amado réunies sous le titre La grande crue et qui ont inspiré à l’auteur ce recueil, est publiée chez Chandeigne.
Pour le blog (en portugais) de Nuno Júdice, c’est ici. Pour les extraits, ce sera au pays de Lali pendant quelques soirs à partir d’aujourd’hui.

Puis-je offrir le premier texte de Nuno que je viens de traduire pour tes lecteurs ?
Plan
Je travaille le poème sur une hypothèse: l’amour
qui se verse dans un verre de vie, jusqu’à la moitié, comme si
on pouvait le boire d’un seul trait. au fond,
comme le vin trouble, il laisse un goût amer dans
la bouche. je demande où est la transparence du
verre, la pureté du liquide initial, l’énergie
de qui cherche à vider la bouteille; et la réponse
ce sont ces éclats de verre qui coupent les mains, la table
avec l’âme salie pas ce qu’on laisse, mots éparpillés
dans un épuisement des sens. je retourne à la première
hypothèse. l’amour. mais sans le dépenser en une fois,
en attendant que le temps remplisse le verre jusqu’en haut,
pour que je puisse le lever à la lumière de ton corps
et je puisse voir, à travers lui, ton visage entier.
…
PLANO
Trabalho o poema sobre uma hipótese: o amor
que se despeja no copo da vida, até meio, como se
o pudéssemos beber de um trago. No fundo,
como o vinho turvo, deixa um gosto amargo na
boca. Pergunto onde está a transparência do
vidro, a pureza do líquido inicial, a energia
de quem procura esvaziar a garrafa; e a resposta
são estes cacos que nos cortam as mãos, a mesa
da alma suja de restos, palavras espalhadas
num cansaço de sentidos. Volto, então, à primeira
hipótese. O amor. Mas sem o gastar de uma vez,
esperando que o tempo encha o copo até cima,
para que o possa erguer à luz do teu corpo
e veja, através dele, o teu rosto inteiro.
Commentaire by Armando — 5 juin 2008 @ 23:27
Et me voilà qui rêve de caresses … merci Lali 😉
Et merci Armando pour la traduction …et me voilà qui rêve de l’entendre en portugais (sourire) ah … il y a de beaux lundis matins !
Bisous poétiques pour vous deux !
Commentaire by Hespérie — 19 octobre 2009 @ 3:07
» … en attendant que le temps remplisse le verre jusqu’en haut, pour que je puisse le lever à la lumière de ton corps … »
c’est très beau, je dois dire que je vais de découvertes en découvertes avec vous , et que c’est bonheur !
Commentaire by Hespérie — 19 octobre 2009 @ 3:15