Piqué des vers 16
Mes doigts, par morse, te parlaient
En ce pays de nulle part où nous allions
À la recherche de l’amour,
Mes doigts, par morse, te parlaient,
Essayant de doucir ton corps déjà si doux
Contre mon corps, à l’ancre.
Et nous glissions, malgré notre âge
En ce pays de nulle part qu’on nomme amour,
C’était le port, c’était mon corps toujours plus proche
Mêlé par l’ordre invisible du morse
Que mes doigts inventaient sur épaules, sur jambes
Et sur la dune douce des genoux.
Déjà, ta houle heureuse respirait,
Sœur de la mienne,
Dans un mouvement tendre et régulier
Qui rapprochait nos jeux, nos vœux, nos feux
Comme deux barques en dérive
Par le tropismes des courants, l’une vers l’autre
Ramenées.
Le ciel de notre chambre était rempli de signes
Nés du morse appeleur
Qui, par bec, sur ta peau, faisait naître des cygnes.
Et nous suivions sur nos deux corps enfin mêlés
Le doux volettement de ces oiseaux nocturnes.
Roger Foulon
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)
*choix de la lectrice de James Clark