Lali

15 décembre 2014

Onze nouvelles, onze réussites

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:36

vertiges

Il ne suffit pas d’observer ce qui se passe autour de soi pour être en mesure de décrire avec justesse des lieux et des personnages en les transposant dans un autre décor le temps d’un roman ou d’une nouvelle. Il faut bien davantage. Il faut savoir regarder. Or, c’est là une des forces de Véronique Bossé, lauréate du vingtième concours annuel de XYZ. La revue de la nouvelle, dont le premier recueil est un bel exemple de rigueur, de sensibilité et de souci du détail.

Réunies sous le titre Vestiges, les onze nouvelles du recueil sont autant de traces, de relents, de souvenirs, de ruines, de gestes manqués à effacer, à retenir, ou sur lesquels reconstruire ce qui n’est plus ou qui ne sera plus, avec cette crainte, dans certains cas, de ne pas y arriver. Cela pousse le lecteur à s’interroger sur ce qu’il a laissé et laissera peut-être derrière lui d’une histoire, d’un geste, d’un lieu, d’un objet ou d’une vie tant il est facile – et tentant – de se glisser dans la peau des personnages que nous offre Véronique Bossé.

Les thèmes abordés sont rarement légers, mais jamais l’auteure ne verse dans la dramatisation inutile, préférant plutôt ajouter un peu de rose au gris du quotidien ou, çà et là, un clin d’œil teinté d’humour. La technique est efficace. Le lecteur passe du rire aux larmes et de la noirceur à la lumière, pris au jeu qu’a inventé l’auteure à son intention.

Avec une grande maîtrise d’écriture qu’il est rare – et d’autant plus agréable – de trouver dans une première publication, Véronique Bossé nous offre une galerie de personnages que d’aucuns qualifieraient d’ordinaires. Ne vous laissez pas tromper. Chacun d’eux, à sa manière, n’a rien de banal : il n’est rien de moins que tout simplement inoubliable.

Le fait de réunir les personnages qui ont fait leur apparition au fil des dix premières nouvelles dans « Carrefour », la nouvelle qui boucle le recueil, est une jolie trouvaille. Une façon de pousser plus loin l’idée de toutes ces traces qu’on laisse derrière soi qui jalonnent le recueil. Une manière de leur donner un sens et de répondre à certaines questions laissées en suspens. Tout en laissant soi-même des traces. Un tour de passe-passe réussi.

Véronique Bossé n’a pas fini de nous étonner, je le sens. Puisse-t-elle ne pas trop tarder avant de nous donner de ses nouvelles.

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