Ma sœur est une luciole
Quand un roman est pavé de bonnes intentions, il finit par agacer le lecteur, malgré toutes ses qualités et la richesse de ses personnages. C’est ce qui m’est arrivé à le lecture de Ma sœur est une luciole, le deuxième roman d’Hélène Lavery. Le sujet avait tout pour m’intéresser, pourtant, d’autant plus qu’il est rarement abordé dans la littérature, à savoir le syndrome de Down.
Tout commence par un oubli. Une simple étourderie. Mais de celles qu’il vaut mieux éviter quand on a une jeune sœur qui a un chromosome de trop. Oui, juste une toute petite erreur à ne pas faire. Sans code de sécurité activé, Nadia est libre de prendre la poudre d’escampette. Ce qu’elle fait, bien entendu, geste qui servira de déclencheur au roman que l’éditeur a bien pris soin de cataloguer comme « drame ». Et drame est le bon mot.
Car, comme si ce n’était pas assez d’avoir fait cette erreur, Élisabeth va aller de mal en pis à partir de ce jour-là, où elle sera réprimandée vertement par sa mère. Suivront la rupture avec son amoureux (qui trouve sa petite sœur bien trop envahissante), le match final de soccer perdu à cause d’elle (du moins croit-elle que c’est uniquement sa faute) et une tentative de suicide, suivie d’une thérapie.
Oui, je sais, ça fait beaucoup. Beaucoup trop. Mais bon, le problème n’est pas dans cet enchaînement, mais bien dans la manière de raconter tous ces événements. Ainsi, l’auteure ayant choisi d’écrire au « je » et de se glisser dans la peau d’Élisabeth, le lecteur ne comprend pas du tout pourquoi l’auteure a eu besoin d’un deuxième « je », soit celui du journal intime. Cette voix tellement identique en matière d’écriture qu’elle n’est que le prolongement linéaire de la narration n’apporte rien au roman.
Un travail d’édition aurait permis de gommer ce problème et l’aspect souvent moralisateur du roman, alors qu’un bon travail de révision aurait épargné le lecteur de maladresses récurrentes. Surtout que ce livre en valait la peine. Tout ce qui concerne Nadia, sa façon de s’exprimer verbalement et physiquement, de transmettre ses émotions, notamment l’amour qu’elle éprouve pour les siens, est tellement juste qu’on en arriverait presque à pardonner tout ce qui ne fonctionne pas. Presque.
Ma sœur est une luciole pèche par ses ses inégalités dans le ton et la structure ainsi que par son manque de rigueur. Dommage. Vraiment dommage. Nadia m’avait conquise avec ses nattes, son goût du bonheur et sa passion pour la vie.