Le carnet de Montréal 8
Elle a tout lu. Avidement. Comme si son sort dépendait des poèmes en prose de Carl Norac. Puis, la lectrice peinte par Willy Sluiter est repartie en laissant Le carnet de Montréal ouvert sur ces mots :
29 mai
Ici, le présent me prend comme une femme. Son corps est franc, galbé. Il caresse sans attendre que la chair s’efface, que la langue tombe de l’arbre, que la bouche touche la pierre. Je vais avec lui, dans les rues, insensible à la douleur de ce qu’il efface. Je le regrette parfois quand ses avances sont trop exactes, quand il empêche sur le sentier la part la plus infime de la nostalgie.
