Et si plus personne ne me lit…
Assise à ma table, je pense à toutes ces heures que je passe à écrire. Peut-être vaines. Mais dont je ne sais plus me passer. Mais dont je ne veux plus me passer. Ces heures qui sont miennes. Précieuses. Ces heures en compagnie des mots. Dont certains, parfois, atteignent quelqu’un. Qui, la plupart du temps, restent lettre morte. Et tout cela est si peu important.
On écrit d’abord pour soi. Et si jamais quelqu’un nous lit, c’est un cadeau du ciel. Et si personne ne nous lit, rien ne nous empêchera d’écrire. Rien ne retiendra le geste. Ni le désir de ce geste.
Et si plus personne ne me lit, je continuerai quand même de m’asseoir là, à ma table, comme l’écrivaine de Theodore Earl Butler. Avec mes mots, mes toiles et mes rêves.
« Je n’aime pas le rêve qui s’en va à la dérive (j’allais dire à la dérêve) » écrit Supervielle dans « En songeant à un art poétique » (éd. Pléiade 559) ;
Tu peux dormir sur tes deux oreilles (de lapin !), ton rêve sait où il va.
Ceci dit, j’ai toujours aimé ce mot « dérêve » : il dit si bien les rêves floués,inachevés mais pas inutiles. Il faut parfois aller « à la dérêve » pour atteindre le port.
Comment by Reine — 6 avril 2008 @ 2:35
Tu es lue, Lalie !
Tu es lue même si tu n’es pas toujours commentée. Je suis d’abord une « consommatrice » et je te remercie pour tout ce que tu offres chaque jour.
Juste pour te remercier, ceci :
Il ne faut taire
ni le ferment ni la braise
ni cet immense à l’étroit dans nos regards.
Il ne faut taire
ni l’élan ni le désir
même s’ils frôlent l’interdit.
Il ne faut cacher
ni les failles ni les ombres
mais éclairer le cœur
la naissance de toute chose.
Il faut oser la nuit
pour atteindre l’aurore
risquer les méandres
pour expliquer le rythme
plonger dans le trouble
pour espérer la sève.
Comment by agnès — 6 avril 2008 @ 3:06
Ecrire est un don alors continue Lali, ne serait-ce que pour toi, ensuite pour nous.
A chaque fois, je suis émerveillée de te lire.
« Il faut écrire pour soi, c’est ainsi que l’on peut arriver aux autres. »
[Eugène Ionesco]
Comment by Denise — 6 avril 2008 @ 7:25
Écrire c’est se raconter à soi-même. Comment ne pas le faire?… Je ne vois pas.
Comment by Armando — 6 avril 2008 @ 14:55
« Écrire c’est se raconter à soi-même. » Dans un premier temps…
pour que les autres l’entendent, dans un second temps !!
A moins que cela ne soit « un journal intime » et encore… Les grands auteurs les publient !
Comment by Reine — 7 avril 2008 @ 18:09
Oh! surtout n’arrêtez pas s’il vous plait Lali. Je viens de vous découvrir d’abord par vos tableaux, peintures et photos. Puis je me suis arrêtée sur vos textes et je me délecte de vos mots. Avec vous je plonge dans ces images qui m’interpellent.et quand je vois votre travail (même si c’est un plaisir).je me demande si j’aurai assez de temps pour tout lire… Merci de partager votre monde merveilleux et votre goût pour les mots et les citations. Bonne continuation. J’essayerai plus tard de vous mettre des commentaires. A bientôt. MO
Comment by Moune083 — 9 avril 2008 @ 16:32