Est-ce si grave que ça?
J’ai écouté ses jérémiades d’une oreille. Des deux, cela aurait été beaucoup trop pour mes petites oreilles si sensibles. Ce jour-là, le lendemain d’un concert de l’Orchestre symphonique de Montréal auquel elle avait assisté grâce à des billets qui lui avaient été offerts, elle râlait. Non pas contre les musiciens, ils avaient été parfaits. Ils sont toujours parfaits, selon elle, tout comme le chef qu’elle vénère plus que tous les dieux, même ceux de pacotille.
Ce jour-là, donc, alors que je m’apprêtais à écrire quelques lignes à une amie, elle en avait contre ces jeunes qui avaient payé leur place à tarif réduit et qui applaudissaient entre les mouvements, dérangeant tous ces mélomanes qui fréquentaient la plus belle salle de Montréal pour ne pas se trouver au milieu des ploucs de Laval et d’autres banlieues montréalaises. (Oui, elle a bien dit cela.)
Mais est-ce si grave que ça quelques applaudissements entre deux mouvements? Ne peut-on pas tout simplement les considérer comme un débordement d’enthousiasme de la part de mélomanes de demain dont les orchestres auront bien besoin s’ils veulent continuer d’exister?
J’ai tenté de m’exprimer, mais j’ai bien compris que ça ne servirait rien. Le snobisme est une maladie incurable.
*illustration de Cécile Becq