Lali

31 août 2025

En vos mots 958

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Dernier dimanche d’août… L’été ne tardera pas à nous tirer sa révérence. Mais n’y songeons pas tout de suite. Pensons plutôt aux agréables souvenirs des dernières semaines, comme le fait la lectrice peinte par Yuliya Litvinova.

Faites-la vivre en vos mots, comme vous le faites si bien semaine après semaine. Je suis certaine qu’elle a quelque chose à nous raconter. Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier et d’écrire quelques lignes. C’est avec plaisir que nous vous lirons.

D’ici là, bon dimanche et bon début de septembre à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.

2 Comments »

  1. Des visites? Elle en voit défiler chaque jour. En pagaille.
    Pendant que la télé distille les images sucrées de Neverland, elle reçoit l’ours et la poupée, Alice et le lapin, les 101 dalmatiens, Rintintin, Belle, Lassie, la Belle et le Clochard. Elle a toujours nourri une tendresse particulière pour la race canine. Parfois cependant c’est Poly, le poney, qui apparaît soudainement, ou son amie Flicka, toujours si fringante. Ou même c’est Flipper le dauphin, surgissant tout ruisselant de perles d’océan et d’écume. Elle aime aussi bien Heidi, entourée de ses chèvres, dans sa belle montagne.
    Ce matin, Blanche-Neige avait à nouveau revêtu sa panoplie complète d’infirmière. Un comportement fantaisiste qui lui arrive parfois de façon inopinée. Georgette trouve cette manie un peu surprenante. Mais elle ne se laisse pas démonter pour autant. Tant qu’elle ne rencontre ni le chasseur, ni la sorcière, à part Ma Sorcière Bien-Aimée, tout va bien.
    L’autre jour, le Prince Charmant l’a réveillée en sursaut sans s’excuser. Il jouait assez curieusement au docteur. Elle a déploré que, en tant qu’amant, il manque quelque peu de panache. Eh oui, les jeunes sont inexpérimentés ou montrent trop peu d’audace, et les vieux ne sont plus bons à grand-chose. Ainsi va la vie. La semaine passée elle a accueilli les honneurs de Merlin. Mais pour séduire, il faut l’avouer, il n’avait plus rien de très enchanteur.
    Sans se lasser, Georgette feuillette son premier dictionnaire, dévore son premier livre de lecture, redécouvre son premier recueil de comptines, sort de la poussière son vieil album de chansons. Elle possède tellement d’ouvrages qu’elle ne peut plus en fermer la porte de son armoire. Armoire qui contient par ailleurs presque autant de cassettes VHS que de bouquins. Des films comme La Belle au Bois Dormant, ou Cendrillon, ou Mary Poppins. Mais celui qu’elle préfère, c’est Peter Pan. Parfois la cassette s’arrête, et le petit écran diffuse les Feux de l’Amour, ou Dallas.
    Souvent Georgette chantonne d’une voix suave. D’une voix d’enfant. Elle peut muser longtemps ainsi, dodelinant de la tête. Jusqu’à ce que celle-ci parfois roule sur son épaule, l’emmenant bien loin au pays des songes. Ceux qu’on fait quand on dort. Car au pays des rêves éveillés, elle voyage à l’aise toute la journée.

    Commentaire by anémone — 1 septembre 2025 @ 17:47

  2. Le faire-part m’a surpris, comme une gifle, en plein silence. Étourdi, j’ai vu défiler les années à l’envers, comme un compte à rebours. L’espace de quelques instants, l’enfance. La solitude. Puis l’âge des doutes, l’homme en devenir. La crainte. Et la solitude, encore.

    Je regarde de nouveau, incrédule, le faire-part.

    Puis, la photo de deux femmes tendrement enlacées. L’une m’a mis au monde. L’autre, j’ignore son nom. J’ignorais son visage. Son existence. Tout.

    Et les souvenirs pêle-mêle dans un chaos de pensées dispersées, comme un puzzle. L’enfance. L’abandon. L’adolescence. Les premiers pas dans le vide. Les larmes secrètes dans l’obscurité de la nuit. Le ciel est rempli d’étoiles qui nous regardent sans un mot. Une presque indifférence qui nous chagrine jusqu’aux envies d’en finir. Puis, quelques mots d’une chanson vous prennent par la main et on s’y accroche. Comme une faiblesse d’y croire. Une fois encore.

    Drôle de vie. Je n’arrête pas de penser à l’enfant que je ne suis plus. Aux gestes de tendresse que ne sont jamais venus. Aux Noëls ignorés, où un Jésus en plâtre me regardait pleurer avec un sourire moqueur. Aux anniversaires sans gâteaux ni bougies. Et toutes ces années passées. En marge. Comme ces enfants de la honte qu’on cherche à ignorer. De peur de les aimer. Surement.

    Le faire-part m’a surpris. Deux étoiles unies dans la vie et au ciel, qui veillent sur nos vies depuis le ciel. Dit-il. Et il me semble entendre les mots de Marceline Desbordes-Valmore : « Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes… »

    Et voilà l’aube qui se dessine à l’horizon. Avec la douce sérénité d’un nouveau-né. L’aube ne s’encombre jamais de la mémoire du temps. Ni de ses joies ni de ses tristesses. Rien. Elle n’apporte que le souffle d’un jour nouveau. Sans mémoire. Comme si, avant lui, rien n’avait jamais été.
    C’est sans doute pour cela que je l’aime tant.

    Commentaire by Armando — 7 septembre 2025 @ 5:25

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