En vos mots 777
Alors que je viens à l’instant de valider les textes que vous avez déposés sur l’illustration de dimanche dernier, que je vous invite d’ailleurs à lire, je vous propose cette semaine de faire le tour de la bibliothèque imaginée par l’artiste Carola Pabst afin de la faire vivre en vos mots, comme vous le faites si bien, régulièrement ou occasionnellement.
Aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain, comme le veut l’habitude, ce qui vous laisse plus que le temps nécessaire pour écrire quelques lignes. Ce sera avec plaisir que nous vous lirons dans une semaine.
D’ici là, bon début de printemps pour celles et ceux qui ont déjà l’occasion de le voir poindre, et bonne fin d’hiver aux autres.
Le bien-être en mille pages
Pour découvertes intérieures,
Et tous les livres de voyage
Pour escapades extérieures.
Quelques images de famille,
Des photos, des cartes postales,
Des plantes qui mettent de la vie,
Il manque juste un animal!
Mais voila le chat qui s’invite
Sans rien demander à personne,
Qui trouve sa place bien vite,
Et en se posant, il ronronne.
Comment by anémone — 16 mars 2022 @ 11:34
Les objets sentent encore le doux parfum de sa présence. Et de ce qu’il était. Un être effacé. Rare. Silencieux. Ses livres épars et orphelins, qu’il aimait lire par tranches, au hasard de quelques pages ouvertes sur l’imprévu des mots à découvrir. Ces mots sur lesquels il s’attardait sans retenue. Comme on s’attarde à la fenêtre d’un univers nouveau pour voir défiler ses rêves.
Puis ce globe, acheté dans une boutique de seconde main qu’il prétendait avoir été peut-être la propriété d’un explorateur intrépide et ignoré et où on devinait la marque de ses doigts sur le Canada ou encore l’Australie où il s’est promis d’aller, au moins une dizaine de fois, sans jamais le découvrir autrement qu’à travers les revues sur papier glacé remplies des photos couleur alors que d’autres ont pris sa place pour mieux alimenter ses songeries. Lui qui aimait se perdre avec son appareil photo dans une Lisbonne aux rues ouvrières et inconnues où les touristes ne vont jamais, pour esquisser ses souvenirs d’enfance. Jamais les mêmes. Comme s’il n’avait pas de véritables souvenirs d’enfance. Ou alors qu’il cherchait à les fuir ou faire semblant de les oublier.
Puis, tout en haut, ses lunettes posées sur une boîte où il déposait ses silences, qu’il raturait parfois, à l’aube, en attendant le lever du jour. Et une boîte de photos désordonnées, qu’il n’ouvrait jamais. Ou alors, rarement, à une heure où seules les anges pouvaient le voir pleurer.
Parfois il s’est demandé que deviendraient tous ces objets chers à sa solitude et qu’il avait tant aimés… Chacun d’entre eux avait une histoire, un sourire, le visage de quelqu’un, une absence. Chacun d’entre eux lui parlait de ce qu’il était devenu et de ce qu’il avait été. Du chemin sinueux d’une vie en équilibre sur le fil tendu de ses silences. Mais qu’ont à dire ces objets à ceux qui viendront lorsqu’il ne sera plus et qui n’ont jamais le temps ni l’envie de s’attarder sur ce qui fut. Juste le besoin de faire l’inventaire utile et monnayable de ce qu’il y a.
Comment le savoir?… Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est qu’ils me semblaient vivants et qu’ils me font penser à ces quelques mots de Lamartine : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer? » et que j’ai envie de répondre que oui. Mille fois oui.
Comment by Armando — 17 mars 2022 @ 1:12