En vos mots 534
C’est parce que j’ai découvert récemment le travail du peintre japonais Asai Chu que j’ai eu envie de vous offrir cette lectrice, peinte en 1902, afin que vous puissiez la faire vivre en vos mots, comme vous le faites dimanche après dimanche.
Aucun des textes déposés ici ne sera validé avant dimanche prochain, ce qui vous laisse amplement le temps de faire connaissance avec elle.
D’ici là, profitez bien des rares rayons de soleil!
Quand elle lit, elle fait des pauses.
Les paupières baissées, ou mi-closes,
Et parfois même, elle s’assoupit.
Sa lecture la conduit
A son désir, qui la mène
Au bois des songes.
A l’orée de la rêverie.
Vaincue au détour d’un feuillet,
Ou foudroyée entre deux lignes.
Touchée au coeur d’un alinéa.
Anéantie.
Qu’une douce méditation la tienne,
Ou des images emplies de fièvre,
Elle se laisse emporter, inerte.
Pensées osées.
Audaces.
Intrépides hardiesses, sous son front calme.
Elle frémit sous la caresse.
Et parfois s’arrête, dubitative.
Elle a des mollesses aussi.
Des complaisances.
Pour elle-même, ou pour les personnages.
Jamais elle ne lit d’affilée.
Elle s’interrompt en pleine page.
Savoure une idée, un mot, une phrase.
Qu’elle laisse fondre subtilement,
Et se dissoudre dans ses veines.
Comme une mignardise sur la langue.
Comme une bouchée très délicate,
Une friandise.
Conquise.
Comment by Anémone — 2 juillet 2017 @ 10:44
Quand je regarde Marie qui lit,
J’ai une perception étrange.
Ne sachant si elle est critique,
Avec un soupçon d’ironie,
Ou plutôt si elle jouit
D’une lecture où elle s’extasie.
Sa bouche me semble sceptique,
Mais aussi empreinte de paix.
Et ses paupières, sont-elles circonspectes?
Ou plutôt pleines de sérénité?
Quand je regarde Marie qui lit,
Je vois deux visages, un peu hermétiques.
L’un qui se détend, et qui s’émerveille.
L’autre qui doute, et se crispe.
Comme ce dessin connu, où tout un chacun
Découvre une femme énigmatique.
Qui la voit jeune? Qui la voit vieille?
Comment by Anémone — 2 juillet 2017 @ 11:20
Elle avait les yeux marron
Le regard doux et solitaire
Elle aimait les vieilles chansons
Et les films de Fred Astaire
Elle ne voyait presque personne
Et elle lisait tout le temps
En rêvant de Lord Byron
Comme on rêve de printemps
On la disait un peu folle
Un peu spéciale selon certains
Mais sa folie était d’être seule
Et de se sentir tellement bien
Puis un jour je ne l’ai plus revue
Partie sans laisser d’adresse
Sans son repère je suis perdu
Comme un regard en détresse
Le monde crève d’indifférence
Personne ne connaissait son nom
Mais chaque matin j’y pense
Elle avait les yeux marron.
Comment by Armando — 9 juillet 2017 @ 2:55