Lali

8 avril 2012

En vos mots 261

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Que raconte cette lettre d’amour trouvé par la lectrice peinte par Anna Mary Newman dans un coffre? Et d’abord, lui était-elle destinée ou a-t-elle été envoyée à un membre de sa famille?

À vous d’inventer une histoire à notre intention. À vous, en vos mots, de nous raconter ce que cette scène évoque, la surprise, le bonheur ou la tristesse qu’elle suscite.

La toile est à vous pour une semaine. Aucun commentaire ne sera validé avant.

D’ici là, que l’inspiration soit avec vous. Et bon dimanche à tous!

6 Comments »

  1. Chère, vous souvenez-vous ?

    Nous nous promenions sur le mail, un dimanche après-midi. L’harmonie rutilait, les valses, les baisers derrière les éventails, les cuivres et les tambours. Un groupe de soldats en goguette. Je vous écoutais, alors que vous parliez, distraitement, souriante, tendre, assurément, dégustant votre café-philtre à petites gorgées discrètes. Un peu de sucre de la pâtisserie que vous aviez partagée avant un garçonnet aux cheveux bouclés saupoudrait le bois de la table. Vos amis étaient attablés devant une boisson fraîche, et je préparais mon absinthe, quand soudain, celle-ci me parut dénuée d’intérêt.

    Ce qui me plaisait, c’était vos yeux. Bleus. Calmes. Souriants. Vous irradiez la paix. Je pouvais bien rester -mon geste suspendu- la goutte verte de l’absinthe s’absorbant dans le sucre, tout me devenait extrêmement présent: les tables et les chaises, les trottins, les dames de haute volée, Monsieur Degas, devant son verre de lait, les petites cousettes, les marchands d’oublies, les odeurs de crêpes.

    Plus rien n’avait d’importance que votre sourire.

    Vous étiez une passante sublime et je vous ai regardée.
    Vous étiez longue et mince, et le noir d’une robe de grand deuil drapait votre silhouette. Douleur majestueuse… Et dans ce noir, la lumière d’été parait votre visage si blanc de lumière adoucie.
    Lorsque je me suis levé -à regret- mes yeux se sont encore posés sur vous, puis encore et encore, et je suis parti.

    Un moment, j’ai presque eu l’impression que vous m’aviez -enfin- remarqué.

    Comment allais-je faire, Chère, pour vous retrouver ?

    Commentaire by Mme de Rênal — 8 avril 2012 @ 18:51

  2. Maintenant, elle avait appris suffisamment de chinois pour comprendre. Le faire-part annonçant la mort de son père, que sa mère gardait dans un coffret avec quelques lettres et pas même une photo, ce faire-part de décès n’en était nullement. Shirley n’avait jamais voulu reconnaitre ni avouer à sa fille que Chen avait choisi délibérément de rester en Chine, reniant femme et enfant. Ce que Nan tenait entre les mains n’était pas une annonce de funérailles mais un programme de spectacle. Coup de théâtre, c’était le cas de le dire. Déguisement sinistre de la réalité. Funèbre mise en scène. A l’heure où son père redevenait vivant, Nan le visage livide, sentait le sang se retirer d’elle et la laisser plus morte que vive.

    Commentaire by Anémone — 9 avril 2012 @ 17:26

  3. Ma bien-aimée,
    Je me dépêche de t’envoyer ces quelques lignes pour te dire que je suis bien arrivé, que je me porte bien, et j’espère que toi aussi tu vas bien.
    Nous sommes arrivés à T*** à neuf heures du matin et nous en sommes repartis à huit heures du soir pour aller à Beverloo, où nous sommes arrivés à cinq heures ce matin.
    Il fait froid.
    Je n’ai pas d’autres nouvelles, ma chère petite femme, sinon que je suis caporal.
    Garde le courage comme moi et tout ça sera vite passé et nous serons réunis pour toujours.
    Ton mari qui t’est tout dévoué
    ***
    3e chasseurs à pied, 1er bat. 2e comp.
    Je t’envoie mille et mille baisers de loin

    (traduction d’une lettre de mon grand-père paternel à son épouse Ivonne)

    Commentaire by Adrienne — 12 avril 2012 @ 1:31

  4. Mon amour,

    Les nuits passent si vite et j’aimerais tant pouvoir calmer la frénétique chevauchée des heures pour pouvoir sauver quelques vies de plus. Ou au moins tenter de les sauver. Pouvoir les regarder dans leurs yeux apeurés et leur sourire. Passer ma main sur leur visage et leur murmurer que je suis là. Qu’ils n’ont plus à craindre pour leur vie. Qu’ils vont pouvoir ouvrir les yeux dans quelques heures et entendre autour d’eux la frénésie de la vie. Voir le sourire de ceux qu’ils aiment. Et pouvoir donner un nouveau sens à leur vie. Comme un nouveau départ.

    Je ne pleure plus ces vies qui m’échappent. Alors que j’ai tout fait pour que leurs cœurs ne cessent de battre. Et je me fous de leurs dieux et de leurs croyances. Si insignifiants lorsqu’une vie, suspendue à ce mince fil entre l’existence et l’abime, s’accroche de toutes ses forces au bout de mes doigts.

    Bientôt je rentre à la maison. Noyé dans la foule de ces anonymes venus chercher le soleil dans des contrées lointaine. Moi, le soleil, je le ramène dans une feuille blanche où il est écrit Sarah, 6 ans. Et j’oublie toutes ces heures incertaines parfumées d’étranges lueurs de l’aube bercées par ces chants qui font renaitre l’espoir. Puisqu’il y a toujours un espoir.

    Je t’aime

    P. (médecin sans frontières)

    Commentaire by Armando — 14 avril 2012 @ 7:51

  5. J’ai bien aimé lire vos interventions. Moi, je me suis plantée, j’ai laissé des coquilles et des incohérences (j’ai corrigé ça dans mon blog !)

    T, c’est Tienen ? (o;)

    Le poète Odilon-Jean Périer a fait son service militaire à Beverloo …

    En avant pour des romans à écrire sur tout ça o;)))

    Commentaire by Pivoine — 16 avril 2012 @ 10:28

  6. Anémone,Pivoine..quel beau jardin ,et le ciel bleu de MR Armando..
    Mais rien d’étonnant dans un si doux pays en ce blog.
    Bon anniversaire pour ses 5 ans de cette agréable page du dimanche!
    Bises à vous tous, moi qui ne fais que passer et lire..
    Merci Lali, Armando, pour cette belle et riche idée.

    Commentaire by Lilas — 16 avril 2012 @ 12:47

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