Lali

29 juillet 2007

En vos mots 16

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

rpl 3

rpl 1

rpl 2

Et s’il faut vraiment une raison pour qu’En vos mots en ce seizième dimanche offre trois toiles plutôt qu’une, je peux en trouver une, ou deux, ou trois.

Parce que d’abord, les toiles de Roxann Poppe Leibenhaut sont de la même série et qu’elles se répondent. Parce que vous préférerez peut-être la toile où tous les personnages sont. Ou une des deux autres où l’attention a été mise sur un des personnages.

Parce que c’est l’été. Parce que j’ai envie que vous me racontiez une histoire de plage et de soleil. Parce que j’ai envie de me glisser dans vos souvenirs de vacances. Ou que vous en inventiez un.

Voilà suffisamment de raisons pour qu’il y ait trois tableaux en ce dimanche. Trois tableaux pour vos mots.

Puissent ces scènes vous inspirer. Un peu. Juste un peu.

3 Comments »

  1. I.

    Quand j’étais enfant, j’alllais une fois par an à la plage. C’était une plage connue entre Lisbonne et Cascais, ou alors il nous fallait traverser le Tage, pour aller dans une plage ouvrière.

    Nous étions plusieurs. Je dirais une cinquantaine environ. Nous avions tous la boule à zéro. Nous avions tous un maillot gris en tissu grossier, qui s’alourdissait terriblement quand nous allions au bain.

    Je trouvais assez normal que nous allions tous à la plage en rang. Que nous soyons assis en rang. Et que quatre surveillants ne lançaient des vociférations sans répit :

    « Ne regarde pas les gens comme si tu étais un attardé mental »,
    « Ne vous recouvrez de sable ou je vous fous une baigne »,
    « Ne, ne, ne…»

    Nous avions le droit de nous baigner quand l’un des moniteurs nous en donnait l’instruction. On allait par petits groups et on devrait quitter aussitôtt qu’on entendait « on sort de l’eau ! Et vite, allez vite, vite on ne traîne pas! Armando tu veux une claque ? Si tu fais un plongeon de plus, je te fous une claque! »

    Alors on venait s’asseoir, un peu humiliés de voir les autres, les connards qui n’étaient jamais en rang se moquer de nous ouvertement. Ils avaient le droit d’être dans l’eau le temps qu’ils le souhaitaient. Ils avaient une dame que leur séchait le dos et leur mettait une sorte de graisse. Leur donnait de l’eau et puis des gâteaux, de la glace et même des caresses.

    On restait toujours jusqu’à la tombée de la nuit. Quand la plage devenait un peu plus spacieuse, on avait le droit de se chamailler entre nous et de faire des cabrioles dans l’eau, devenue froide. C’était nos meilleurs instants de la journée.

    On devenait des silhouettes libres à la tombée de la nuit sur la plage quási déserte. On ressemblait à toutes les autres silhouettes. On était heureux.

    II.

    On y allait tous les premier janvier à la plage, plonger dans l’eau. On était un groupe de jeunes gens qui démarraient dans la vie active, avec l’illusion que tous nos rêves se réaliseraient un jour ou l’autre. Nous étions plus que des amis. Nous étions des frères. Nous avions tous grandi dans les mêmes dortoirs, nous avions tous joué dans les mêmes cours de récré, nous avions tous été frappés par les mêmes connards de moniteurs. Nous avions tous pleuré les mêmes larmes. La même solitude de n’appartenir à personne d’autre que nous-mêmes.

    Sauf moi. J’avais dépassé ce statut. Cette année-là, il y avait une fille. Une princesse au coeur si grand qu’elle semblait à elle seule noyer toutes les tristesses que nous avions vécues. Et son regard heureux et son rire éclataient libres dans ce ciel de janvier témoin jaloux de notre bonheur infini.

    On a plongé dans l’eau froide, on a couru, puis pique-niqué, puis nous avons ri aux éclats comme font les gens heureux, nous nous sommes raconté les histoires et péripéties que nous connaissions si bien et que nous liait tous d’un fil invisible et indestructible.

    Nous avons joué au foot. Bien sûr, la fille était dans le but. Et personne n’osait chuter de peur de lui faire mal. Nous avons passé toute la journée sur la plage. Nous avons vu naître le coucher du soleil. Et nous sommes devenus des silhouettes dansantes dans la première fin de jour de l’année. Je crois que nous avions tous peur de nous quitter. On était tous ensemble. Et nos silhouettes étaient belles, baignées par le bonheur d’être ensemble. Nous étions heureux.

    III.

    Nous avons acheté un appartement en Algarve. En Armação de Pêra. Le lieu n’est pas très « à la mode » mais la plage est immense. Nous sommes à 10 minutes à pied de la plage.

    Nous allons là pour embellir, à notre façon, le temps qui passe et cueillir des souvenirs parfumés pour mieux passer l’hiver à Bruxelles.

    Nous aimons prendre le petit déjeuner tranquillement en parlant de choses et d’autres. En faisant des projets pour la journée même si nous savons que toute fleur qui s’éveille, tout chien errant, tout papillon qui s’envolent seront seront des raisons suffisants pour nous faire oublier tous ces projets bien conçus.

    Nous lisons un peu, nous écoutons de la musique.

    Puis, quelquefois, les fils de nos amis viennent passer quelques jours avec nous et nous parlent longuement de leurs petits problèmes avec avec ˜leurs vieux », parce qu’ils savent que nous les comprenons, comme ils nous le soulignent maintes fois.

    Nous aimons marcher à maré basse. Nous faisons des promenades de trois heures sans sortir de la plage. Nous aimons ça. Moi je fais des photos et encore des photos, et elle, la fille du premier janvier, ramasse des coquillages étranges ou rigolos, pour les jeter plus loin dans la mer.

    Ici, nous croisons un couple avec deux enfants aux yeux plein de joie et bonheur, plus loin un chien essaie d’attraper un goéland. Nous marchons à notre rythme.

    Nous parlons des choses simples. De nos projets pour dans quelques années. Des amis que nous aimerions recevoir. Des lieux qu’il nous reste encore a visiter.

    Nous traversons la partie de la plage où les nudistes s’installent pour arriver dans une autre partie de la plage plus traditionnelle. Puis, de temps à autre, nous nous arrêtons pour donner des coups de pieds dans les vagues qui viennent s’échouer dans le sable encore chaud.

    Nous aimons beaucoup cet espace de liberté. Où tout le monde se promène. Les beaux, musclés et sveltes ainsi que les ventrus et chauves, ou bien les petits. Les filles encore bien droites et maquillées et les autres qui rêvent de régime qu’elles n’auront jamais le courage de commencer. Les noirs et les blancs. Tous partageant le même espace sans que pour autant à un moment donné un regard mal placé vienne gêner la douce liberté d’exister et de partager un espace commun.

    Certains jouent au foot ou bien ou volley, d’autres lisent, d’autres encore discutent, les enfants crient, les chiens courent et les vagues vont et viennent sans s’étonner de cet état des choses.

    Nous aimons regarder le soleil se coucher. Des fois nous nous asseyons dans le sable pour le voir s’endormir. Sa couleur devient de plus en plus orangée, puis rougeâtre, pour disparaître derrière la ligne d’eau qu’on devine à l’horizon.

    Puis nous rentrons, main dans la main. Nous ne sommes que deux silhouettes qui s’aiment. Tout simplement. Et nous sommes heureux.

    Commentaire by Armando — 29 juillet 2007 @ 23:44

  2. LES ACTEURS DE LA PLAGE

    Chacun joue bien son rôle déployé sur la plage:
    L’un d’eux faisant semblant de lire une page;
    L’autre du coin de l’oeil dessous ses verres fumés,
    Reluque le liseur qu’elle trouve bien sexé.

    Et puis la jeune fille sous le parasol rouge
    Surveille les glaciaires afin que rien ne bouge.
    Devant elle un gars chauve étendu tout huilé
    Fait la sieste insouciant parmi la foule cuivrée.

    Certains jouent les épaves juste à se prélasser;
    D’autres imitent les sportifs et puis vont se baigner.
    Et les enfants s’amusent assis près de leur mère
    À faire un château de sable, objet bien éphémère.

    Les acteurs de la plage sous le soleil rougissent;
    La mer les appelle comme les sirènes d’Ulysse.
    Tout à coup plus un geste, le temps s’est arrêté;
    Le peintre les a vus et les a tous croqués!

    Flairjoy

    Commentaire by Flairjoy — 31 juillet 2007 @ 6:58

  3. En ouvrant les volets, ce dimanche de juillet, Janine se dit : quelle magnifique journée. Il y a une odeur de je ne sais quoi ? Ah oui, la plage. Je vais préparer mon sac, mon frigo portable ma crème solaire et surtout ne pas oublier mon chapeau et mon livre.
    Toute prête, Janine part de chez elle, d’un pas ferme et arrive à la plage. Ni trop loin ni trop près de la mer car elle aime entendre le clapotis des vagues et les rires des enfants les pieds dans la mer.

    Elle aime aussi entendre, maman j’ai faim, j’ai soif ou les mamans dire à leur chérubin, venez mettre de la crème solaire. Tout cela, Janine l’entend même si son livre la passionne. Elle adore cette ambiance de plage. Elle entend mais ne voit pas ce qui se passe sur la plage tant son livre est prenant. Elle ne s’aperçoit pas non plus les familles qui partent, d’autres qui viennent, prennent une autre place. Le nez dans son livre, elle ne voit pas tout ce changement de décor mais Janine se sent bien.
    Comme la journée a été belle, elle dans son petit monde et tout ce petit monde autour d’elle.

    Denise

    Commentaire by Denise Rossetti — 1 août 2007 @ 16:25

RSS feed for comments on this post. TrackBack URI

Leave a comment