Lali

8 août 2011

Un si beau titre

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:17

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André Sempoux, le fondateur d’un Centre universitaire d’études italiennes à qui l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique a décerné le prix Charlier-Anciaux en 2009 pour l’ensemble de son œuvre, n’a pas réussi à me captiver avec son court recueil de nouvelles, publié aux éditions Luce Wilquin, intitulé Le blues du train de nuit.

Le titre est pourtant beau. Très beau. Et il évoque à lui seul nombre d’images tantôt romantiques ou teintées de spleen, voire de saudade. Mais derrière un si beau titre on ne trouvera que quelques scènes liées entre elles par le faut qu’elles se déroulent en Italie. Quelques tableaux où se profileront des personnages historiques de plus ou moins grande importance dans des occasions à peine marquantes pour eux, et encore moins pour le lecteur.

L’auteur est un érudit, cela est plus que perceptible, c’est une évidence autant dans le choix des scènes et des personnages que dans l’écriture elle-même. Mais cela ne nous donne pas un recueil inoubliable. Loin de là, très loin de là. Et pourtant, ce recueil porte si beau titre…

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge » et du Challenge de la nouvelle.

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9 juillet 2011

Vous tomberez des nues!

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Si, comme Sébastien, 16 ans, l’aventure ne vous fait pas peur, surtout quand il s’agit de gagner quelques sous afin de rembourser la somme due au petit caïd du quartier, Tombé des nues est le livre qu’il vous faut. Vous irez de rebondissement en rebondissement. Vous tomberez des nues, quoi. Tout ça parce que Sébastien a accepté d’aller chercher un colis pour un ami de son père et a voulu faire d’une pierre deux coups en s’arrêtant à la piscine afin de draguer une nana qu’il a dans le collimateur depuis un moment et qui est supposée s’y trouver. Or, le paquet, qu’on a accepté de déposer dans le bureau du directeur de la piscine durant la petite heure que vont durer les manœuvres d’approche et de séduction de l’adolescent, va se retrouvé derrière une porte fermée à clé. Le reste de ce roman enlevant (et avouons-le, abracadabrant) sera le prétexte à des situations plus rocambolesques les unes que les autres alors que le héros fera face à un molosse, s’enfuira du poste de police et sera poursuivi par des méchants dans un centre commercial après leur avoir piqué la boîte qu’eux-mêmes avaient dérobée.

La tête vous tourne? Pas autant que celle de Sébastien qui ne sait plus où donner de la sienne, emporté malgré lui dans une histoire qui n’a plus rien à voir avec la récupération d’un colis… Je ne vous livrerai pas un mot de l’issue. Je vous dirai simplement qu’elle est étonnante et que l’écrivain belge Patrick Delperdange, à qui on a décerné en 2005 le Prix Rossel et le Prix Rossel des jeunes pour son roman Chants des gorges, sait nous tenir en haleine. Et pas qu’un peu! Si donc, l’aventure vous intéresse, vous savez ce qu’il vous reste à faire!

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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17 juin 2011

Un roman qui heurte

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La narratrice de Ma robe n’est pas froissée de l’auteure belge Corinne Hoex ne laisse rien paraître des coups et des humiliations qu’elle subit. Elle encaisse, garde tout pour elle, subit. Si les remarques désobligeantes pleuvent sur elle, c’est sûrement qu’elle est une mauvaise fille. Si ses parents l’agressent avec des mots, c’est qu’elle le mérite. Si son fiancé, dont les bonnes manières et la belle éducation plaisent à ses parents, la frappe, ce n’est pas grave. Un peu de fond de teint réparera le tout. Il suffit juste de ne pas sourire quand la bouche nous fait trop mal.

Il n’y a rien de gai dans le roman de Corinne Hoex, il faut en convenir. Il n’y a qu’une petite fille qui devient une adolescente puis une femme qu’on malmène, qu’on blesse. Et qui finit par accepter, ne comprenant pas les raisons de toute cette haine, de toute cette agressivité, par se taire et culpabiliser. Parce qu’elle n’est pas en mesure de se révolter. Parce qu’elle ne s’en sent pas la force. Parce qu’elle n’a aucun appui. Parce qu’elle n’a ni amis ni famille. Parce qu’elle ne se sent pas la force de fuir. Pour aller où? Vers d’autres blessures? Elle reste donc. Le fiancé disparu, le père décédé, il reste à la narratrice une seule chose : attendre la mort de sa mère pour que commence — peut-être — une nouvelle vie.

Non, il n’y a rien de gai dans Ma robe n’est pas froissée. Tout y est triste et nous heurte, l’écriture incisive et le pouvoir d’évocation de Corinne Hoex y étant pour quelque chose. Ce qui en fait un roman réussi mais à éviter les jours de spleen.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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15 juin 2011

Agacements

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J’avais plutôt apprécié Monsieur Bonheur de Frank Andriat. Suffisamment pour que j’aie envie de découvrir davantage cet auteur. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvé les personnages de ce roman dans La remplaçante. Mais le plaisir n’a pas été long à s’évanouir. En effet, dès les premières pages je me suis butée à des clichés qui m’ont profondément agacée.

Mais commençons par le début. Il était une fois une enseignante parfaite. Au corps parfait. Aux cheveux parfaits. Blonds et longs. Aux yeux parfaits. Qui enseignait de façon parfaite. Une enseignante adorée de ses élèves, autant des filles que des garçons, les unes rêvant d’être comme elle, les autres de la séduire. Parfaite, vous dis-je. Tellement parfaite qu’elle aurait sûrement été en mesure de rendre poétiques les règles des participes passés.

Premier agacement. Lequel sera suivi par un deuxième dès que l’enseignante parfaite se sera cassé une jambe en tombant sur la glace en virevoltant sur ses patins et qu’elle sera remplacée pendant deux mois. D’où le titre La remplaçante. Une fée Carabosse doublée d’une sorcière tout droit sortie d’un conte de Grimm, portant des tailleurs immondes, hurlant au lieu de parler, sans une once de psychologie, laide, tellement laide que les élèves ont la nausée juste à la regarder et qui compte leur inculquer la matière coûte que coûte sans qu’ils aient leur mot à dire. Gros agacement, là. Fallait-il faire de la méchante de l’histoire un être hideux alors que la gentille est en plus une beauté fatale?

C’est un peu trop, non? Mais bon, j’ai mis mes petits grincements de dents dans mon tiroir et je suis allée jusqu’au bout du roman de Frank Andriat destiné aux ados, lequel n’est pas mauvais mais pas non plus très bon. Autrement dit, il se lit agréablement (quand vous aurez mis de côté les agacements sur la belle et la méchante, fait fi du tréma dans Michaël Jackson et tenté d’oublier la page de couverture qui est un ratage aussi complet que celle de Monsieur Bonheur), mais vous ne conserverez pas un souvenir impérissable de ces 155 pages mettant en scène une bande d’ados déterminés à casser la méchante au moyen de divers stratagèmes.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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28 mai 2011

N’en déplaise à Michel Drucker

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:55

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Quand il y a près de huit ans j’ai mis fin à mon abonnement au câble, j’ai du coup cessé de regarder la télé et pour ce, de m’allonger sur mon sofa sur lequel je finissais par m’endormir télécommande en main. Rien ne réussissait à capter mon attention à la télévision depuis longtemps. Et même, me demandai-je alors, quelque émission culturelle, de variété ou autre avait-elle réussi un jour l’exploit de me fidéliser? Nenni. Il était donc plus que temps que je cesse ce gaspillage.

Je n’ai donc jamais vu Vivement dimanche! en entier. Les rares fois où j’ai pu voir des extraits de cette émission, c’était chez mes parents et chaque fois je me suis endormie, n’en déplaise à Michel Drucker et à ses invités. Et je n’ai jamais vu Philippe Geluck lire une de ses lettres en ondes bien que je connaisse le dessinateur du chat le plus célèbre de Belgique.

C’est donc avec une certaine curiosité que je me suis plongée dans Oh toi le Belge, ta gueule! qu’un ami bruxellois fou du chat de Geluck et grand admirateur des irrévérences du même Geluck, m’a offert. Un peu perplexe, parce que je ne connaissais pas le contexte de ces missives, pas plus que la plupart de ceux qui y sont mentionnés (membres de l’équipe Drucker et hommes politiques français notamment), j’ai donc fait appel à Google et à YouTube pour éclairer ma lecture.

Je me suis donc amusée par moments, mais sûrement pas autant que les fidèles de Drucker et de Geluck qui, grâce à ce livre, peuvent revivre des moments forts de l’émission et lire (à défaut de les entendre) des interventions de Geluck. Je ne peux donc pas conseiller ce recueil de lettres à qui n’a jamais eu connaissance de celles-ci, comme c’était mon cas, car trop d’éléments m’ont échappé pour que j’aie pu y prendre un véritable plaisir. N’en déplaise à Michel Drucker.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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21 mai 2011

Monsieur Bonheur cache-t-il quelques chose?

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:55

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Avec Monsieur Bonheur, Frank Andriat publie un roman destiné aux adolescents qui donne à réfléchir plutôt qu’à se rebeller. Le héros que tous ses élèves, actuels ou passés, appelle Monsieur Bonheur, est professeur de français et rien ne semble jamais l’atteindre. D’une part il est parfait. Il sait écouter, il n’élève jamais la voix, il ne diminue jamais ses élèves. Parfait, vous dis-je. Et même, vous diront, ceux qui le côtoient, zen. Et d’autre part, il est gentil. Vraiment gentil. Comme aucun prof n’a jamais été gentil.

Cela ne peut que cacher quelque chose, se dit Raphaël. Monsieur Bonheur est trop parfait. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il le suivra et qu’il fera une découverte qui le laissera muet… Je ne vous raconte pas la suite. Mais vous aurez compris, entre les lignes, qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Elles sont souvent trompeuses. Ce qui donne lieu à nombre de questions qui feront grandir Raphaël.

Un roman agréable, joliment écrit, avec juste assez de belgicismes pour que je me sente au pays de Brel. Mais un roman avec une couverture inappropriée pour des ados et qu’on croirait tout droit sortie d’un roman-photo d’un de ces magazines qui traînent dans les salons de coiffure. Je devais le dire. Mais ça ne m’empêchera pas de lire d’autres romans de Frank Andriat. À suivre, donc.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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30 avril 2011

L’histoire de Benjamin Bernard

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:21

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C’est le quatrième livre de l’auteur liégeois Bernard Gheur que je lis. Et une fois de plus, la magie a opéré. Si bien que j’ai dévoré le livre sans presque le déposer.

Nous irons nous aimer dans les grands cinémas (titre qui est aussi un poème d’un seul vers de l’auteur belge Marcel Thiry) est jusqu’ici le plus achevé de tous les romans de Bernard Gheur que j’ai lus. Ou du moins ai-je cette impression. Comme si l’auteur fermait la boucle de ses souvenirs d’adolescence en évoquant encore une fois un trio, sa passion pour le cinéma et ses premières amours.

À l’heure où le roman s’ouvre, le narrateur qui a donné son prénom comme nom à son héros (Benjamin Bernard, aussi connu sous le surnom Ben-Hur) vient d’être père. Et alors qu’il rentre chez lui avec pour mission de trouver un prénom à l’enfant, il passe la nuit plongé dans une malle qui n’a pas vu la lumière depuis longtemps. Lettres, cartes postales, exemplaires du journal étudiant, tout est là pour remonter le cours des jours qui ne sont plus et relater des amitiés qui ne périront jamais. De sa rencontre avec Judith, la mère de son fils, à cette finale où il prononcera enfin le nom de leur fils, c’est le parcours d’une vie qui nous est livré, mettant en scène des personnages attachants. Et son amour pour le cinéma qui nous vaut un clin d’œil irrésistible à Hitchcock.

À se mettre sous la dent de toute urgence.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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27 avril 2011

Après Auschwitz

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:56

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Comment écrire après Auschwitz, qu’écrire, quels mots utiliser, quel regard poser, quelles questions soulever, c’est tout cela que met en lumière l’écrivain belge Pierre Mertens dans son essai intitulé Écrire après Auschwitz?

Certains des écrivains qui ont vécu Auschwitz ont attendu des années avant d’être en mesure de raconter; d’autres l’ont fait sans attendre alors que leur mémoire était toujours vive et qu’il leur fallait dire l’horreur pour la sortir d’eux. Qu’ils aient choisi le récit, l’essai ou la fiction, Imre Kertész Paul Celan, Primo Levi, Robert Antelme, Jean Cayrol, Jorge Semprun, Micheline Maurel et Soazig Aaron, que Pierre Mertens décortique à la lumière de leurs écrits, ont tous eu besoin de dire l’innommable à leur manière.

Dans un essai sensible et bien documenté, au ton juste, écrivains et œuvres nous sont présentés alors que sont mis en lumière des extraits choisis par Mertens. Un livre bref (une soixantaine de pages) qui soulève des interrogations, qui donne des bribes de réponses et qui, surtout, invite à lire ces auteurs. Au nom de la mémoire.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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19 avril 2011

Un narrateur et ses démons

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:51

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Dès les premières pages, alors que le compte à rebours commence, l’auteure ayant donné à chaque chapitre l’heure précise des événements en cours en guise de titre, on sait que ça va mal finir. La vie dissolue du personnage principal, Hugues, qui fait office de narrateur omniscient s’adressant à lui-même en se tutoyant, n’est qu’une suite de fuites. Ex-journaliste, ex-mari, ex-père de famille, ex-concubin, ex-lui-même, il n’a plus rien devant lui qu’une poignée de pilules, des cigarettes et des bouteilles d’alcool pour venir à bout de ses journées inlassablement identiques, sans issue de secours. Seule sa mère semble encore croire qu’il sortira de sa désespérance et de sa procrastination alors que même son miroir lui dit le contraire. Tout comme son linge sale accumulé et éparpillé.

Chaque chapitre est à la fois un constat double : les gestes effectués à cette minute précise (chemise qu’il enfile, verre qu’il se sert, achats, etc.) et les souvenirs dans lesquels il plonge. Sa vie avec Marie. La mort de son père. La naissance de son quatrième enfant. Ses rêves de devenir écrivain. Mais il est trop tard pour rêver, pour imaginer que demain la vie sera différente. Et si Hugues ne le comprend pas tout de suite, le lecteur lui le sait. Lui qui le suit pas à pas et qui a envie de le secouer même s’il sait que ce geste serait vain. Comme il sait que tout ça finira mal grâce à la savante construction de Régine Vandamme dont j’avais tant aimé À voix basse, laquelle sait petit à petit nous mener vers l’inéluctable.

Un roman réussi à tous les points de vue, mais dans lequel ne pas plonger si vous ne vous sentez pas apte à lire ce à quoi peut ressembler la déchéance d’un être humain.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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11 avril 2011

Le testament d’un cancre

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C’est une époque révolue que nous fait vivre Bernard Gheur avec Le testament d’un cancre, qui a connu dès sa sortie en 1970 le succès avant d’être repris quelque trente ans plus tard dans la collection Espace Nord Zone J chez Labor, laquelle est destinée aux adolescents.

Ce roman qui met en scène des jeunes qui avaient 15 ans en 1960 a un goût de jamais plus mais il n’a pas cette désuétude des romans qui ont mal vieilli. Tout le charme de départ qui avait tant séduit François Truffaut à qui l’auteur avait envoyé les premières pages (et qui signe la préface) opère toujours. Dès les premières lignes, on s’attache à cette bande de garçons qui regardent les filles avec curiosité, qui aiment le cinéma, qui apprennent le latin et qui tentent de grandir trop vite. Le testament d’un cancre a la saveur des 400 coups de Truffaut. Cela devrait être suffisant pour vous donner envie de plonger dans ce livre, non?

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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