Lali

31 mai 2012

L’amie slovène

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:06

Voilà un peu plus de sept ans que je m’intéresse à la littérature belge, ce qui m’a donné plus d’une occasion de faire de très belles découvertes, autant chez les poètes, les auteurs de fiction, qu’ils soient romanciers, nouvelliers ou les deux, que chez les auteurs jeunesse.

L’amie slovène de Françoise Houdart fait partie de ces découvertes, celle-ci faite au hasard du rayon des nouveaux arrivages de la Grande bibliothèque. La signature des éditions Luce Wilquin, par son design sobre et épuré, a tout de suite attiré mon attention. Ne connaissant pas l’auteure, ne sachant pas non plus que ce livre prolonge La vie, couleur roman, paru en 1990, je ne l’ai pas laissé sur les tablettes.

Et quelle découverte! Quelle magnifique plume! Quel superbe roman pour parler de l’amitié qui ne meurt pas malgré les années et la distance, maintenue pendant 35 ans par des lettres, des coups de fil, mais aucun contact physique. Pourtant, la Slovénie de Laura devenue Lara dans sa fuite n’est pas à l’autre bout du monde pour Sarah, restée en Belgique. Mais la vie est ainsi. Les années passent. Les enfants, le travail, la guerre pour l’une, la maladie aussi, tout cela prend tellement de place et de temps dans nos vies que toutes deux n’ont jamais réussi à se revoir — ou n’ont pas voulu le faire. Ce n’est pas dans ce constat que se joue la rencontre qui est relatée ici.

Pendant trois jours, Sarah qui a pris l’avion pour la première fois de sa vie va retrouver son amie de jeunesse, celle qui n’a jamais cessé de faire partie de sa vie, celle qui l’appelle sa sœurette comme si les rides ne s’étaient pas encore dessinées sur leurs visages. Pendant trois jours, Lara va raconter, de son arrivée en Slovénie à la mort d’Ivan, en passant par la guerre et tout ce qui a été sa vie, tous ces petits détails qu’elle n’a jamais pris le temps d’écrire, de dire, se contentant souvent de l’essentiel pour que le fil ne se coupe jamais.

Pendant trois jours, elles vont renouer. Et tenter de tout retenir. Car Sarah l’écrivaine a apporté son dictaphone. Pour ne rien oublier quand la distance physique sera à nouveau là : « Je reviens d’une histoire qui n’a pas encore commencé. Qu’il faut écrire dans l’urgence des certitudes éphémères, avec les mots repêchés un à un dans les failles du cœur, les sables de la mémoire, les abyssales chambres noires des pudeurs et des amnésies. »

Un roman magnifique et une invitation à lire d’autres romans de Françoise Houdart. À suivre, donc.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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22 mai 2012

Vous prendrez bien un peu de swing?

Zazou, la petite cigale brésilienne de l’album Swing café vous répondra oui sans hésiter, elle qui a fait le voyage jusqu’à New York pour découvrir l’Amérique, sans savoir que c’est le pays du jazz et du swing qui découvrirait son talent. Bel album, comme c’est le cas de tous les albums illustrés par Rébecca Dautremer, Swing café, imaginé par le prolifique Carl Norac, n’est cependant pas parfait. La narration de Jeanne Balibar y est pour quelque chose, car elle est d’un laconisme navrant pour au moins la première moitié de l’album. de plus, lors des rares moments où elle s’enflamme, ça sonne presque faux tant c’est emprunté. Le choix de ne pas présenter les artistes, les Carmen Miranda, Lionel Hampton, Duke Ellington et autres est à mon avis un autre manque, même s’il s’agit probablement là du choix de ceux qui ont réalisé Swing café.

Il n’en reste pas moins que le tout est un bel objet. Imparfait. Mais au texte et aux illustrations des plus réussis. Aux plus grands de le lire aux plus petits. Ils seront sûrement plus convaincants que Jeanne Balibar.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge »challenge.gif

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1 mai 2012

Un roman émouvant

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Émouvant. C’est le qualificatif que j’utiliserai pour résumer en un seul le plus récent roman de la Belge Ariane Le Fort, On ne pas se quitter comme ça? Émouvant. Parce que l’auteure a su relater avec beaucoup de finesse le lien trouble qui unit les personnages de ce trio composé d’un homme et de deux femmes ayant fait connaissance au cours d’un voyage au Sénégal. Un homme dont les deux femmes s’éprennent, mais qui choisira la plus éblouissante physiquement pour le défi et pas nécessairement parce qu’elle lui convient le mieux. Erreur dont il se rendra compte avec le temps, mais qu’il refusera d’endosser.

On ne va pas se quitter comme ça? est une réussite totale. De la première à la dernière ligne. Un roman qu’on ferme en pensant à certains films de Sautet. À ces choses qui arrivent et auxquelles on ne peut échapper, aux erreurs de parcours comme aux sentiments. Et on se dit que celle qui a obtenu, avec son quatrième roman, le prix Rossel, le plus prestigieux des prix littéraires belges, n’a pas fini de faire parler d’elle.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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24 avril 2012

Des vacances cauchemardesques

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:45

Nadine Monfils aurait-elle trop forcé sur le pékèt en écrivant Les vacances d’un serial killer? C’est la question qui m’est venue en tête en terminant ce roman qui se veut humoristique (je suppose) et où les catastrophes déboulent à la vitesse grand V. Autrement dit, imaginez le pire. Ça sera encore pire que ça. Tant et si bien que ça sera trop. Trop de tout. De choses qui tournent mal. D’imprévus qui virent au drame. D’improbabilités invraisemblables qui s’accumulent. De coïncidences plus nombreuses que de choses plausibles.

Passe encore qu’un motard pique le sac à main de madame, que la roulotte de la grand-mère se décroche, que la pension soit pourrie, que les gamins soient de leur temps. Voire même que Nadine Monfils salue au passage les héroïnes du film Arsenic et vieilles dentelles en s’inspirant d’elles pour le profil tueur de la mémé. Mais si ce n’était que ça!

Je suis sortie de ces vacances complètement étourdie. Et loin d’être prête à reprendre la route avec Nadine Monfils. Il ne suffit pas de se trouver drôle pour écrire des romans humoristiques. Mais bon, j’admets que je suis sûrement mauvais juge. Il n’y a rien qui m’agace davantage que les humoristes.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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24 mars 2012

Canal Océan

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 20:51

C’est 80 ans qui séparent Acajou, huit ans, et son arrière-grand-père Barnabé. Mais l’âge ne compte pas quand on aime ou quand on a oublié qu’on a 88 ans. Canal Océan, le premier roman d’Évelyne Wilwerth, publié en 1996, après une vingtaine de titres incluant des essais, des livres destinés aux jeunes, du théâtre et de la poésie, raconte leur histoire. Ou plutôt, Canal Océan raconte l’histoire d’Acajou, qui aime profondément Barnabé, et qui apprend à se débrouiller toute seule, parce que ses parents sont peu présents, débordés, peut-être même désintéressés.

Roman où foisonnent des personnages pas toujours nets et où une petite fille de huit ans se comporte comme une adolescente, Canal Océan a du souffle, beaucoup de souffle, malgré la jeunesse de l’une et la maladie d’Alzheimer de l’aïeul. Mais je reste tout de même perplexe devant cette histoire et ces personnages peu ordinaires. Il y a en effet quelque chose de peu crédible, malgré la poésie qui se dégage du lien entre Acajou et Barnabé. C’est d’ailleurs cette partie du roman qui est réussie. La rencontre avec des riverains aux occupations louches, celle avec le type à moto ou avec l’artiste peintre excentrique et étrange, le sont nettement moins. Même si Acajou affirme que ces rencontres se produisent parce que Barnabé l’aide à déployer ses ailes. J’ai un peu de mal à croire qu’une gamine de huit ans puisse être à ce point téméraire. Pas débrouillarde, téméraire. Mais c’est là le choix de l’auteure, habituée à écrire pour les jeunes.

Par contre, quels beaux moments que ceux qui nous sont relatés ici quand il est question du lien qui unit le vieillard aux dernières heures de sa vie et sa petite-fille. Des moments tristes, mais savoureux, et tellement, tellement tendres. Émouvants. Ce sont eux qui donnent à ce roman plus ou moins vraisemblable à certains égards une telle force et une richesse que vos cils se mouilleront.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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Titre pour le Défi Premier Roman

13 mars 2012

Monsieur Satie

Si vous aimez Érik Satie et si vous avez envie de le faire découvrir aux enfants, il existe un bijou de livre pour le faire, à savoir celui que signe l’écrivain belge Carl Norac, intitulé Monsieur Satie, l’homme qui avait un piano dans la tête, accompagné d’un CD, lequel nous livre le texte lu par le comédien François Morel et quelques extraits musicaux interprétés pour l’occasion par le pianiste Frédéric Vaysse-Knitter.

Le tout est accompagné par des illustrations remarquables d’Élodie Nouhen, laquelle a su intégrer dans ses images la fantaisie suscitée par le texte de Norac, la musique de Satie et le personnage qu’il était.

Un bijou de livre, vous dis-je. Vous pouvez d’ailleurs le constater en écoutant cet extrait à défaut de le feuilleter. Un livre que je recommande aux parents, aux enseignants, aux professeurs de musique, aux bibliothécaires et aux mélomanes. Sans hésitation. Il fait partie des cinq plus beaux albums destinés aux jeunes que j’ai eu le plaisir de découvrir ces dernières années.

En dire davantage ne permettrait que d’ajouter d’autres superlatifs. La suite est entre vos mains, ou du moins le sera quand vous aurez le livre en main!

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Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge » et du

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29 février 2012

Sa Majesté…

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:47

Inspiré par la vie de Violet Van der Elst, née Dodge, Anglaise ayant épousé un peintre belge, femme d’affaires responsable de la mise en marché de nombreux produits cosmétiques qui lui ont assuré une fortune respectable, notamment la crème à barbe Shavex, laquelle a détrôné tous les savons à barbe avec lesquels on utilisait un blaireau, le roman Sa Majesté, la Divine met en scène Rose van der Lichtendvelde, racontée par sa plus proche amie et son dernier amant dans ce qui se veut une fausse biographie.

Le résultat final est plus ou moins heureux. À trop valser entre le roman et la biographie, en voulant à la fois honorer la mémoire de ce personnage plus que fantasque mais tout de même attachant à certains égards, Chantal Myttenaere ne nous convainc pas. Rose van der Lichtendvelde est si excentrique, si imbue d’elle-même, tellement avide de reconnaissance, entre autre par les grands de ce monde, qu’on ne croit pas en ses combats contre la peine de mort qui ont occupé la deuxième partie de sa vie. Mais peut-être était-ce là le but de l’auteure que de nous présenter un personnage qui n’est que contradictions, sans que le lecteur puisse faire la part des choses. C’est aussi le problème qu’a Victorine, son amie de toujours, à qui est confiée l’écriture de ce qui doit être un éloge, mais qui est constamment interrompue par Rose elle-même, pas souvent d’accord avec la forme que prend le livre, encore moins quand elle décide d’inclure des passages du journal de Georges, son jeune amant, question de l’étoffer un peu.

Mais bon, il est fort probable que je ne retiendrai pratiquement rien de ce personnage qui a fait l’objet du film britannique Pierrepoint en 2005. Sans savoir si cela est la faute de Violet/Rose ou de la romancière. Ou du supposé humour décalé qu’il contient.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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27 février 2012

Comme des larmes sous la pluie

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:06

J’aimais l’idée de cet écrivain, veuf, pour qui la vie s’était en quelque sorte arrêtée. J’aimais l’idée d’une rencontre déterminante autour de laquelle tout le livre allait tisser sa toile. Je n’imaginais pas que j’allais être plongée dans une sordide histoire d’inceste et de séquestration. C’est pourtant là la trame du premier roman de la comédienne et metteure en scène Véronique Biefnot, qui a pour titre Comme des larmes sous la pluie. Une histoire en laquelle je n’ai pas cru, avec tout ce qu’elle a de prévisible sauf un détail que je tairai pour d’éventuels lecteurs, et son inévitable happy end qu’on a vu venir à peine franchis les deux tiers du roman et malgré toutes les embûches qui s’annonçaient.

L’écriture est correcte, sans plus. Les supposés écrits de cet écrivain, supposément reconnu, sont quant à eux hautement improbables tant ils semblent sortis de l’imagination d’une adolescente. Et je vous épargnerai la description de la famille parfaite que côtoie Simon Bersic : il ne s’en fait plus des comme ça de nos jours.

Bref, si vous n’avez pas peur des histoires qui ne tiennent pas la route même si cette dernière est pavée de bonnes intentions, il vaut mieux laisser ce titre sur les rayons de votre libraire ou de votre bibliothèque municipale. D’autres bien meilleurs attendent qu’on les découvre.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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Titre pour le Défi Premier Roman

23 février 2012

Tendre, triste, émouvant, souriant

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:39

C’est par une nouvelle intitulée « Première communion » que tout a commencé. La scénariste Julie Guerlan a en effet reçu pour celle-ci le Prix de la RTBF puis celui de la Communauté française de Belgique dans le cadre de « La Fureur de lire » avant d’en faire un magnifique roman éponyme paru en 2005 pour lequel on lui a remis le Prix Laurent Degraeve.

Première communion, par la tristesse qui y est évoquée avec beaucoup de tendresse, est un roman émouvant et souriant qui n’est pas sans rappeler le très beau film My life as a dog du réalisateur suédois Lasse Hallström qui met en scène un enfant qui accumule les malheurs, mais qui relativise tout en se comparant à la chienne Laïka envoyée dans l’espace, dont le sort était bien pire que le sien. C’est un peu ce que fait l’héroïne de Julie Guerlan aux prises avec une mère qui ne s’occupe pas beaucoup d’elle mais qui peut être merveilleuse quand elle y met le temps et l’énergie; un père qui émet des doutes sur le fait qu’il n’est peut-être pas son père biologique, mais qui sait être formidable lui aussi; une grand-mère qui a une phobie de la saleté et des microbes, mais à laquelle elle est très attachée; une petite sœur dont elle aurait parfois envie de se débarrasser, mais qui lui est essentielle, et quelques autres.

Tout cela donne lieu à des scènes souvent savoureuses, dont la plupart sont inspirées par la propre vie de la romancière qui, pendant des années, a noté sur des bouts de papier des morceaux d’enfance qu’elle a utilisés pour donner corps à l’histoire et aux personnages de ce roman doux amer qui nous transporte au cœur des années 70 dans une Belgique où la ligne de démarcation est bien distincte entre Wallons et Flamands.

Un beau, un très beau roman sur l’enfance, sur ses misères et ses joies, par une petite fille qui n’a pas froid aux yeux et à qui poser des questions ne fait pas peur. Un beau, un très beau premier roman, qui aura sept ans cette année et qui nous fait nous demander quand Julie Guerlan nous donnera le second. Ne serait-ce que pour des phrases pleines d’enchantement comme celle-ci :

Le chocolat me prive de tous mes mots parce que les papilles de ma langue se pâment de plaisir dans ma bouche, en oubliant tout leur vocabulaire.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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Titre pour le Défi Premier Roman

1 février 2012

Une fois de plus un joli titre et rien que ça

Filed under: À livres ouverts,Mes lectures belges — Lali @ 19:49

Alain Bosquet de Thoran, qui n’est pourtant pas un débutant (il a obtenu le prix Rossel en 1994), ne m’a pas convaincue avec Le collectionneur de passants et autres disparitions. Et pourtant, j’aimais le titre. L’idée que chaque nouvelle fasse part d’une disparition au sens propre comme au figuré me plaisait.

Mais j’ai vite déchanté. Je n’ai trouvé là que des prétextes et peu de résultats. Des brouillons de nouvelles plus que des histoires finies. Preuve, une fois de plus, que bonnes intentions et littérature ne font pas bon ménage.

Et puis, faut dire que la chasse au caribou dans le Saskatchewan de la troisième nouvelle m’est resté en travers de la gorge. De un, on dit en Saskatchewan, et de deux, il n’y a pas de caribou dans ce coin du Canada, cette espèce animale préférant l’est à l’ouest…

Décidément, je deviens de plus en plus malcommode.

Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

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