Lali

14 mai 2017

Un dimanche dans les nuages 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 0:01

BADMAN (Lola Rosita)

Je devais avoir quatre ans, guère plus, quand mes parents m’ont emmenée avec eux chez le patron de mon père qui les avait invités à souper, lequel avait entendu dire que je ne dessinais bien pour mon âge. Ce qui lui a donné l’idée de m’offrir une tablette à dessin pour que je ne m’ennuie pas. Avait-elle 100 pages? Plus? Moins? Peu importe. Je les ai toutes utilisées pour dessiner des nuages de toutes les tailles et de toutes les formes, au grand désespoir de ma mère, qui avait vanté mes talents.

Et à l’occasion de la fête des Mères, j’ai eu envie de lui rappeler ce souvenir et de lui offrir, ainsi qu’à vous, quelques images représentant des mères et des filles en train de lire, en commençant par celle-ci, peinte par Lola Rosita Badman. Mais pas n’importe quel livre. J’ai en effet choisi pour elles Nuages de Max-Henri de Larminat, et pour débuter, cet entrait : Les nuages n’en finissent jamais de plier et de déplier ces grandes pages dont ils ne savent que faire. De les déchirer comme par inadvertance. De les recoller presque avec soin. De les retourner en tous sens en faisant semblant de chercher le début d’un message, qu’au vrai, ils ne désirent pas lire.

13 mai 2017

Genre humain 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

BÉLIVEAU (Stéphanie) - 2

L’éternel retour

j’en ai passé des nuits à douter du soleil
j’en ai passé des jours à douter des étoiles
J’ai rêvé dans un puits la chute et le sommeil
et l’éternel retour des reflets et des voiles

j’en ai passé des nuits
à douter du soleil
j’ai rêvé dans un puits
la chute et le sommeil

je te prenais pour rien tu te prenais pour tout
je me prenais pour tout tu me prenais pour rien
je me prenais pour rien tu me prenais pour tout
je te prenais pour tout tu te prenais pour rien

je te prenais pour moi
tu me prenais pour toi
je me prenais pour toi
tu te prenais pour moi

j’en ai fait des exploits j’en ai fait des manières
j’en ai joué des jeux et j’en ai fait des guerres
j’en ai dicté des lois j’en ai mangé des pierres
j’en ai volé du feu et découvert des terres

j’en ai fait des exploits
j’en ai fait des manières
j’en ai dicté des lois
j’en ai mangé des pierres

j’en ai vu j,en ai lu j’en ai su j’en ai cru
sans jamais rien savoir et sans jamais rien croire
de berlue en bévue et de flux en reflux
j’en ai cru des miroirs j’en ai su des histoires

j’en ai cru des miroirs
j’en ai su des histoires
sans jamais rien savoir
et sans jamais rien croire

j’en ai passé des nuits à douter du soleil
j’en ai passé des jours à douter des étoiles

Brigitte Fontaine, Genre humain

*choix de la lectrice de Stéphanie Béliveau

Le secrétaire

Filed under: Couleurs et textures,La carte postale du jour — Lali @ 12:00

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(illustration de Galla Yegorenkova)

Quelle jolie scène, me suis-je dit en trouvant cette carte postale envoyée par Dymphie dans ma boîte aux lettres. Probablement parce que je rêve d’avoir un jour un tel secrétaire depuis très longtemps.

Avec ou sans ange

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:00

LE CARAVAGE - 4

Ce n’est que dans 24 heures que les textes déposés sur la scène livresque de la semaine seront validés. Vous avez donc amplement le temps d’écrire quelques lignes, avec ou sans ange pour vous inspirer.

*toile signée Le Caravage

12 mai 2017

Genre humain 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

BARILE (Xavier J.)

Dis

est-ce que tu crois
en moi
qu’est-ce que tu crois
dis-moi
jure-moi qu’on n’est pas
les rois des cons toi moi
dis-moi dis-moi
dis-moi encore une fois
tiens-moi tiens-moi
tiens-moi bien dans tes bras

dis-moi qu’un jour
la peur
pour toujours toujours
meurt
la mort est une amie
qu’en penses-tu dis oui
dis-moi dis-moi
dis-moi encore une fois
tiens-moi tiens-moi
tiens-moi bien dans tes bras

est-ce que le temps
avance
comme un enfant
qui danse
est-ce qu’on dé-
couvre un jour
la beauté
pour toujours

on se trouvera
ou en haut ou en bas
on sera toujours deux
astres qui jouent des dieux
dis-moi dis-moi
dis-moi encore une fois
tiens-moi tiens-moi
tiens-moi bien dans tes bras

est-ce que tu m’aimes
encore
autant et même
plus fort

Brigitte Fontaine, Genre humain

*choix de la lectrice de Xavier J. Barile

Raisons et sentiments

Filed under: Couleurs et textures,La carte postale du jour — Lali @ 12:00

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Si vous aimez Jane Austen, les illustrations de Jess Purser, sur des pages de ses romans, devraient vous faire craquer. Notamment celle-ci, envoyée par Lysianne, mettant en scène les personnages de Raisons et sentiments.

Ce que mots vous inspirent 1960

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

angrid

Les illusions n’existent que pour être perdues. (Marie-Sabine Roger)

*toile d’Angrid Sharringhausen

11 mai 2017

Ce qui fut 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

BARRIOS (Armando) - 7

L’adieu

Est-il vrai, mon amie,
Qu’il n’y a qu’un seul mot pour désigner
Dans la langue qu’on nomme la poésie
Le soleil du matin et celui du soir,
Un seul le cri de joie et le cri d’angoisse,
Un seul l’amont désert et les coups de haches,
Un seul le lit défait et le ciel d’orage,
Un seul l’enfant qui naît et le dieu mort ?…

Oui, je le crois, je veux le croire, mais quelles sont
Ces ombres qui emportent le miroir ?
Et vois, la ronce prend parmi les pierres
Sur la voie d’herbe encore mal frayée
Où se portaient nos pas vers les jeunes arbres.
Il me semble aujourd’hui, ici, que la parole
Est cette auge à demi brisée, dont se répand
À chaque aube de pluie l’eau inutile…

Yves Bonnefoy, Ce qui fut sans lumière

*choix de la lectrice d’Armando Barrios

Ce que mots vous inspirent 1959

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

SCHEFFEL (Ernesto)

Le plus bel hommage que nous puissions rendre à la vérité est d’en user. (James Russell Lowell)

*toile d’Ernesto Scheffel

10 mai 2017

Ce qui fut 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

BARRAUD (Maurice) - 2

Le tout, le rien

Te soit la grande neige le tout, le rien,
Enfant des premiers pas titubants dans l’herbe,
Les yeux encore pleins de l’origine,
Les mains ne s’agrippant qu’à la lumière.

Te soient ces branches qui scintillent la parole
Que tu dois écouter mais sans comprendre
Le sens de leur découpe sur le ciel,
Sinon tu ne dénommerais qu’au prix de perdre.

Te suffisent les deux valeurs, l’une brillante,
De la colline dans l’échancrure des arbres,
Abeille de la rie, quand se tarira
Dans ton rêve du monde ce monde même.

Et que l’eau qui ruisselle dans le pré
Te montre que la joie peut survivre au rêve
Quand la brise d’on ne sait où venue déjà disperse
Les fleurs de l’amandier, pourtant l’autre neige.

Yves Bonnefoy, Ce qui fut sans lumière

*choix de la lectrice de Maurice Barraud

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