Le bleu du dimanche 3
Aussi longtemps que nous le pourrons, nous accompagnerons du bout des doigts le temps qui passe.
Jean-Michel Maulpoix, Une histoire de bleu
*toile d’Albert von Keller
Aussi longtemps que nous le pourrons, nous accompagnerons du bout des doigts le temps qui passe.
Jean-Michel Maulpoix, Une histoire de bleu
*toile d’Albert von Keller
Indéfiniment, le bleu s’évade.
Ce n’est pas, à vrai dire, une couleur. Plutôt une tonalité, un climat, une résonance spéciale de l’air.
Jean-Michel Maulpoix, Une histoire de bleu
*toile du peintre et sculpteur hongrois Tibor Jankay
C’est d’abord ce billet de Caroline en août 2009 qui m’a fait connaître Une histoire de bleu de Jean-Michel Maulpoix. J’avais d’ailleurs pris note du titre, puis le bout de papier a dû se perdre dans une de mes piles. Puis, en juin 2010, c’est ce billet de Béatrix qui m’a redonné le goût du recueil de Jean-Michel Maulpoix. Et comme « jamais deux, sans trois », il a bien fallu qu’un dernier billet, celui de Margotte, me pousse littéralement à la lecture de ce livre de toute beauté.
Et c’est parce que j’ai été séduite, charmée, bouleversée, attendrie, que j’ai eu envie de vous offrir en ce dimanche quelques phrases de ce livre que tous devraient avoir à portée de main, pour pouvoir l’ouvrir au hasard et s’en imprégner.
J’ai donc invité quelques lectrices — en bleu, bien évidemment — à se joindre à vous en ce dimanche, en commençant par celle de l’artiste Pierre Poli dont je vous invite à visiter la galerie, lesquelles se feront un plaisir de vous offrir heure après heure un extrait d’Une histoire de bleu.
Chaque nuit, je te vois en rêve
Et tu me salues gentiment,
J’éclate en sanglots et me jette
À terre à tes pieds adorables.
Tu me regardes tristement,
Et tu hoches ta tête blonde;
Et tes beaux yeux laissent couler
De tes larmes les perles rondes.
Tu dis tout bas un mot secret,
Me tends des rameaux de cyprès,
Je m’éveille, enfui le bouquet,
Et le mot, je l’ai oublié.
Heinrich Heine, Livre des chants
*choix de la lectrice de Carlo Maratta
Si, comme il me plait de l’imaginer, les personnages peints par l’artiste français Hugues Merle aiment la photographie et la poésie, nul doute qu’ils se plairont dans cet endroit!
Mais qu’écrit donc le personnage peint par l’artiste Simon Mondzain? Quelques lignes destinées à la toile de dimanche dernier? C’est ce que nous saurons demain à la même heure alors que seront dévoilés les textes de ceux et celles qui auront déposé des textes, puisque c’est au moment de l’accrochage d’une nouvelle toile que sont validés les commentaires sur la précédente.
J’ai croisé le père Noël. Il sortait de la librairie, la hotte remplie de livres pour petits et grands. Aura-t-il quelque chose pour moi?
Et vous, quels livres lui avez-vous demandés?
*illustration de Gérard Dubois
Une fois de plus, il y avait quelques recueils sur la table, recueils qu’elle a feuilletés un à un. Puis, la lectrice peinte par Inni Sigberg s’est assise avec le livre qu’elle avait choisi. Le livre destiné aux lectrices du soir des prochains soirs serait celui d’Heinrich Heine intitulé Livre des chants, dont elle a tiré cet extrait :
Mainte image de temps passés
Me revient, sortie d’outre-tombe,
Me présenter ce qu’autrefois
Tu m’as fait vivre auprès de toi.
Le jour j’errais, absent, hagard,
En parcourant toutes les rues
Sous le regard surpris des gens,
J’étais maussade et taciturne.
Mais la nuit, je me sentais mieux :
Les rues alors étaient désertes;
Et tous les deux, mon ombre et moi,
Nous passions, muets vagabonds.
Et tandis que mes pas sonores
Me faisaient traverser le pont,
La lune sortant des nuages
Me salue, la mine austère.
Je m’arrêtai devant chez toi,
Et restai le regard aux cieux
Les yeux rivés sur la fenêtre, —
Combien le cœur me faisait mal.
Je sais que depuis ta croisée
Tu m’as bien souvent aperçu
Là, immobile sous la lune,
De pierre comme une colonne.
Et si je proposais à lectrice du peintre néerlandais Jan Heesters d’aller voir les photos de Sistereden qui a été parmi les premières personnes à déposer un commentaire au pays de Lali et qui a ajouté de nombreuses pages à son album depuis?
Trop de beauté, c’est un peu comme trop de bonheur; on se demande si l’on aura la force de le supporter. (Jean Simard)
*toile de Pablo Picasso