Lali

Mille ans

Ainsi, de toute éternité,
Effaçant toute chose,
Le temps vole sur la Beauté.
Sur la tienne, il se pose.

(Robert Houdelot)

*toile de Johann Heinrich Wilhelm Tischbein

Je t’écris

Où habite le cœur
De nos corps périssables?
Qui sonne pour nous l’heure
Et met le pain sur table?

(Frédéric Kiesel)

*toile de Dana Toft

Un livre qui est maintenant hors commerce. Voilà ce que j’offre aux enfants de ce lendemain de Noël, afin qu’ils le partagent avec d’autres, en commençant par ceux de l’artiste Tim O’Neill.

Un livre, Paraphes, publié en 1991 au Livre de poche jeunesse et réunissant 250 poèmes manuscrits inédits par 50 auteurs. Des tableaux où enfants et plus grands partageront des extraits de ce recueil.

Tel est le programme de ce dimanche au pays de Lali!

Le paquet était si bien emballé, avec tant de soin et de délicatesse que la lectrice peinte par Nikolai Polyankov ne voulait pas l’ouvrir pour le laisser tel quel. Mais sachant qu’il contenait un livre, sa curiosité a été la plus forte et c’est avec joie qu’elle a découvert Piano mélancolique, un recueil de la poète et romancière québécoise Élise Turcotte, publié en 2004, dont j’avais beaucoup aimé il y a près de trente ans Dans le delta de la nuit.

C’est donc Piano mélancolique que les lectrices du soir pourront parcourir ces prochains jour en commençant par ce poème :

Ainsi, le rêve court dans une chambre
de satin rouge.
Rubans d’histoire. Décor de pluie.
Il n’y a pas d’hôtel pour la solitude :
le sable paraît lointain, la peau s’échange
contre le ciel.
Peau lactée.
Je grandis près de toi. Le matin
ne revient pas.

Des fois pour me désennouiller
ma petite vadrouille se prend pour un balai
un grand balai estradinaire!
Et là c’est vermouilleux
on fait le dansing tous les deux
On saute on vire on volte
très tourbillonnement…
on fait le grand béjart dans le lac des singes
de pire en pirouette
jusqu’à la décadanse moderne…

Extrait du monologue « La décadanse », Presque tout Sol

*toile de Brian Ballard

Avant d’être riche, c’est facile
tu comptes pas, personne veut te voir,
t’es sur la voie d’évitement…
Mais aussitôt que t’es parvenu à être riche
c’est plus pareil.
Du jour au lendemain, sans crier gare
tu deviens une locomotive!
Alors tu changes de train de vie.

Extrait du monologue « La belle affaire! », Presque tout Sol

*toile de Jeff Thelen

Moi j’ose pas
à cause des autos; ça file les autos, vrroom, ça file
comme s’il y avait le feu;

d’ailleurs quand il y a des feux c’est pire :
pôvre petit moi, je pêle-mêle toutes les couleurs,
rouge, vert, jaune, moi je suis jamais sûr;
je pense que je dois être dalmatien!

Extrait du monologue « Transgresser la rue c’est drôlement dangereux », Presque tout Sol

*toile de Michelle Sutterfield

Quand j’étais petit mon perplexe me disait toujours :
« La santé ça passe avant tout! »
Et c’est vrai qu’elle pas la santé.
Même que des fois elle nous dépasse, et on court
on court pour la rattraper, et pluss on court,
pluss on est fatigué…
et moins on la rattrape…
et quand on l’a perdue de vue la santé,
quand on l’a perdue pour de bon…
quand on se retrouve dans un fauteuil croulant,
c’est là qu’on comprend que dans la vie
c’est la santé qu’a le pluss d’impotence…

Extrait du monologue « Médicalmant parlant », Presque tout Sol

*toile de Roger Limouse

Avant, c’était commode, on pensait pas à la paix,
on avait la confiance tranquille…
Mais maintenant qu’on sait qu’elle est là,
quelque part autour, c’est plus pareil…
Bien sûr on s’est habitouillés à elle.
Elle fait tant tellement pas de bruit…
on arrive même à l’oublier.

Extrait du monologue « La paix! », Presque tout Sol

*toile de Deborah Jones

dans la vie
faut pas faire de dépensing n’importe comment
faut avoir un bout d’jouet
faxile à dire
qu’a répondu mon perplexe
il faut dire que lui a jamais réussi à s’organouiller

Extrait du monologue « Le bout d’jouet », Presque tout Sol

*toile signée Hugo Grenville