Le succès fait toujours des jaloux, dans le monde du livre comme ailleurs. Celui de Robert Laffont en est un exemple. Celui, qui en 1941, alors qu’il n’avait que 24 ans, fonde une maison d’édition qui portait son nom, a révolutionné l’édition française. C’est d’ailleurs lui qui publie L’attrape-cœurs de Salinger en français, Le désert des Tartares de Dino Buzzatti et les romans de Graham Greeene, un auteur qu’affectionnait mon grand-père maternel.
Tous ces détails et nombre d’autres, on peut les trouver en fouillant un peu la toile. Mais ce qu’on ne trouvera pas, c’est sa gentillesse, ses yeux qui pétillent, sa mémoire quasi infaillible. Ce qu’on ne trouvera pas, c’est ce temps qu’il prenait avec chacune des personnes qui lui étaient présentées. Et parmi celles-ci, une petite libraire — qui ne s’appelait pas encore Lali — qui faisait des entrevues avec des écrivains à la télévision communautaire il y a de cela bien longtemps. Et avec laquelle il a longuement conversé. En toute simplicité. Parce que, sûrement, Robert Laffont aimait-il autant les gens que les livres. Si bien que je ne l’oublierai jamais.
*toile de Carlos Goulao