Lali

5 janvier 2015

Piqué des vers 16

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CLARK (James)

Mes doigts, par morse, te parlaient

En ce pays de nulle part où nous allions
À la recherche de l’amour,
Mes doigts, par morse, te parlaient,
Essayant de doucir ton corps déjà si doux
Contre mon corps, à l’ancre.
Et nous glissions, malgré notre âge
En ce pays de nulle part qu’on nomme amour,
C’était le port, c’était mon corps toujours plus proche
Mêlé par l’ordre invisible du morse
Que mes doigts inventaient sur épaules, sur jambes
Et sur la dune douce des genoux.
Déjà, ta houle heureuse respirait,
Sœur de la mienne,
Dans un mouvement tendre et régulier
Qui rapprochait nos jeux, nos vœux, nos feux
Comme deux barques en dérive
Par le tropismes des courants, l’une vers l’autre
Ramenées.
Le ciel de notre chambre était rempli de signes
Nés du morse appeleur
Qui, par bec, sur ta peau, faisait naître des cygnes.

Et nous suivions sur nos deux corps enfin mêlés
Le doux volettement de ces oiseaux nocturnes.

Roger Foulon
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de James Clark

4 janvier 2015

Piqué des vers 15

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(c) The Bowes Museum; Supplied by The Public Catalogue Foundation

Je ne te connais pas, je viens à toi, je vis,
J’ouvre par mon silence une issue entre nous
Immense parcourue d’un air bleu et glacé
Où va sans espoir mon cœur aveuglé
Captif, heureux, lié, libre comme un oiseau

Matin rempli de gel, de cendre, de silence,
Tu me presses les mains, entoures mon regard
D’un vide radieux que j’écoute, où s’avance
Le pur instant chanteur, l’éclat de voix immenses.
Je ne fais pas le jour à mon image car
Il sera sans visage et je demeurerai
La proie d’un abandon bienheureux et cruel.
Une lueur vivante seule ira parer
Le paysage absent d’un songe peu charnel,
Et pourtant que de sang et de peine mortelle,
Que d’ombre et de douceur dans nos corps où la nuit
Défaille, nous désarme et se livre à l’oubli.

Frédéric Kiesel
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Charles Louis Verwee

3 janvier 2015

Piqué des vers 14

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MACDONALD (Donna) - 3

Entre visible
et invisible,
une seule syllabe à franchir,
nul espace à désherber,
pas de distance à distancer

Suffit l’autre regard,
toute prescience allumée.
exigence exaucée

Marie-José Viseur
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Donna MacDonald

2 janvier 2015

Piqué des vers 13

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ALCORN (Stephen) - 4

Que la parole l’emporte
et l’essentiel est tu
Entre le natal et le jour
ce qui ne se fourvoie
parle un autre langage
L’absence du mur
est l’espace du corps

il reste la fraîcheur
du silence

Fernand Verhesen
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Stephen Alcorn

1 janvier 2015

Piqué des vers 12

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BURGER (Hendricus Jacobus) - 3

Vivre à grandes eaux,
à vagues de plus en pus hautes,
de moins en moins frangées
d’une écume qui finit en nuées,
s’enivrer de goémons et de sargasses,
puis débonder cœur et nasses.

Mourir à petites eaux,
à pulsations discrètes sur un rivage,
retour vers une lente plage
où toute volonté s’ensable
et se revêt de coquillages.

Jeanine Moulin
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice d’Hendricus Jacobus Burger (ou Bugers)

31 décembre 2014

Piqué des vers 11

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FRITH (William Powell) - 3

Tu me connais puisque je t’aime,
Tu sais les secrets de mes yeux
Et que ma voix n’est plus la même
Au bref instant de nos adieux.

Lorsque ma main serre la tienne,
Mettant le silence en danger,
Il n’est russe où je la retienne
Et tu pars sans m’interroger.

Du moins, ma pitoyable feinte,
Ton esprit l’eût percée à jour
Si langage, regard, étreinte,
Rien t’importait de mon amour.

Mais ton caprice est plus sincère
Qu’ennuie un si vil rudiment,
Au lieu que ton âme étrangère
Fait mon étude et mon tourment.

Ainsi ma soif de te connaître
Seule est punie en ces débats
Où je t’ouvre au fond de mon être
Un livre que tu ne lis pas.

Il n’est rien de toi que je sache,
Rien qu’ait trahi ton cœur fermé
Dans cette ombre pure où te cache
Le mystère de l’être aimé.

Alexis Curvers
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de William Powell Frith

30 décembre 2014

Piqué des vers 10

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ALLAN-FRASER (Patrick) - 1

Un jour où le soleil sera très clair,
Un jour où tu auras cru désarmer les ombres,
C’est ce jour-là précisément
Qu’Elle fera son premier signe.
Et tu resteras les doigts joints
Sur la vie encore délectable
Et ton sourire survivra
À l’espoir qui l’avait fait naître.
Elle n’aura pas soufflé mot,
Tu n’auras frôlé que Sa robe :
Un coup de nacre sur les doigts,
Une fatigue singulière,
Et l’annonce d’un lendemain
Dépourvu de toute mémoire.

Louis Dubrau
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Patrick Allan-Fraser

Avez-vous des dettes?

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:28

xyz 120

Comptes en souffrance, dette d’honneur ou symbolique, ce sont toutes là des dettes que vous retrouverez dans le numéro 120 de XYZ. La revue de la nouvelle lancé il y a quelques semaines. Préparé par Bertrand Bergeron et moi-même, ce numéro dont nous sommes très fiers vous attend chez votre libraire (si, si, même à Paris), dans les maisons de la presse ou en ligne. Ne le ratez pas!

29 décembre 2014

Piqué des vers 9

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

PURSER (Sarah)

Je n’ai pas dit

Je n’ai pas dit ce que tu dis,
Tu n’as pas dit ce que je dis.
Et, pourtant, nous avons souri,
Comme si on s’était compris.

Je ne sais pas ce que tu sais,
Tu ne sais pas ce que je sais.
Et nous savons bien cependant
Ce que chacun pense en dedans.

Je ne fais pas ce que tu fais,
Tu ne fais pas ce que je fais.
Mais ce que nous faisons à deux
Touche toujours au merveilleux.

Parfois j’ai soif quand tu as faim
Et, parfois, faim quand tu as soif.
Mais nous partageons, chaque soir,
Le même vin, le même pain.

Je ne lis pas ce que tu lis,
Tu ne lis pas ce que je lis.
Mais l’amour peut lire, à toute heure,
La même chose dans nos cœurs.

Maurice Carême
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice de Sarah Purser

28 décembre 2014

Piqué des vers 8

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 20:38

BARON (Elisa)

Ciels d’Ostende

Être seul sur le brise-lame
alors qu’au loin, le ciel s’affaisse,
se donne des airs d falaise où se décalquent des bateaux.

Être seul sur le brise-lame
quand le lointain change de robe,
quand les nuages se dérobent et la nuit sangle le rideau.

Être seul sur le brise-lame
où le soleil jamais ne sombre :
il est la lumière de l’ombre et le linceul du jour sur l’eau.

Pierre Coran
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)

*choix de la lectrice d’Elisa Baron

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